Enseignant assassiné : “Il n’y a aucune éducation à l’image” à l'école

Le Bocognanais Philippe Antonetti, peintre, bédéiste, illustrateur, offre un regard éclairant sur la place du dessin et des caricatures en France, alors que l’actualité a été marquée par l’assassinat de Samuel Paty après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

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Alors que l’actualité récente a été tragiquement marquée par l’assassinat de l’enseignant d’histoire-géographie Samuel Paty, quelques jours après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, Philippe Antonetti offre son regard de dessinateur sur la liberté d’expression, les caricatures et la place du dessin dans l’éducation.

Peintre, bédéiste, illustrateur et dessinateur d’audience, le Bocognanais, dont la prochaine BD "Bonaparte Fora" sort le mois prochain, est un homme connu du paysage artistique corse. Dont les mots invitent à la réflexion. 

La liberté d'expression, il faut la gagner en permanence.

Philippe Antonetti

  • Quel est le rôle d’un dessinateur ? 
On est des guetteurs, on doit voir ce qui se passe dans la société, le restituer de la façon la plus élémentaire possible. On n’a pas les moyens de faire de la propagande en dessin, pour faire un bon dessin on est obligés de décrypter les choses. Un bon dessin fait réfléchir, et on n’essaie pas de conditionner des réflexes. La seule contrainte, c’est que le dessin soit bon. Un bon dessin, c’est provoquer, donc étymologiquement apporter une réponse. Le dessin, c’est l’adversaire du slogan, ça sert à titiller les consciences, pas à créer des réflexes. 
  • Le rôle des caricatures est-il encore plus important aujourd’hui ?
Il n’y a plus de place pour le dessin, qui est un repère de sédition et empêche de tourner en rond. Je ne sais pas, mais ce que je sais c’est qu’il est surveillé, battu en brèche et pas mal saboté. On n’est pas dans une société qui accepte la lucidité.
  • Le débat sur la liberté d’expression est d’actualité. Est-elle plus ou moins importante qu’il y a quelques années ?
Ce n’était pas mieux avant. La liberté d'expression, il faut la gagner en permanence. Les façons de lutter contre cette liberté d’expression sont de plus en plus pernicieux. Elle n’est pas acquise.
  • Doit-on davantage enseigner les différentes formes de dessin à l’école ?
Le monde de l’image doit se travailler, se retravailler. Et je ne comprends pas pourquoi la musique et le dessin sont les parents pauvres (de l’éducation), ils sont totalement délaissés. Plus on voit d’images, et moins on les comprend, il n’y a aucune éducation à l’image, à la caricature et aux autres choses, et ça me semblerait primordial d’enseigner ça.

Le dessin, ça touche à tout : la géométrie dans l’espace, l’écriture, l’expression. L’expression artistique nous met devant nos émotions et nos sentiments, et apprendre à ressentir ses émotions, ce n’est pas inintéressant.

Un livre de caricatures diffusé dans les lycées

Les treize régions de France ont annoncé la diffusion d'un livre de caricatures politiques et religieuses dans les lycées, à la suite de l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty.

"Nous allons demander à un collège d'historiens d'y remettre en perspective le droit à la caricature dans l'histoire politique de notre pays", a expliqué Renaud Muselier, président des régions de France, après avoir condamné cet "assassinat ignoble et lâche". "Par ce geste, dans le respect de nos compétences, nous voulons témoigner de nos engagements à défendre les valeurs de la République et le droit fondamental de chacun et chacune de nos concitoyens à vivre en paix et dans la liberté", a souligné Renaud Muselier, avant une minute de silence à la mémoire de l'enseignant Samuel Paty.
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