Federici condamné à 30 ans dont 20 de sûreté

L'avocat général, Marc Gouton avait requis la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.

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Procès en appel d'Ange Toussaint Federici

Il débute le 8 octobre à Draguignan. En 2010, cette figure du milieu insulaire, a été reconnu coupable de l'assassinat en 2006 à Marseille de trois hommes du milieu marseillais dont Farid Berrama. Condamné à 28 ans de réclusion, Ange Toussaint Federici a toujours nié.

La Cour d'Assises du Var à Draguignan a reconnu Ange Toussaint Federici coupable d'avoir participé à la tuerie du "Bar des Marroniers" de Marseille lors de laquelle trois hommes avaient été abattus. Les jurés l'ont condamné en appel à 30 ans de prison dont 20 ans de sûreté.Une peine plus sévère qu'en première instance.

Le procès en appel d'Ange Toussaint Federici a repris lundi après-midi, la défense ayant renoncé à demander son renvoi, avec les plaidoiries de la partie civile. S'adressant aux jurés, parlant de "témoins achetés menacés sous pression, vous ne pouvez pas croire les Boughanemi comme les Canazzi " a lancé la partie civile. Me Thierry Ospital puis Me Michel Roubaud martèleront: "Pour acquitter, il faut un doute raisonnable, mais comment peut-il y avoir un doute ? On a des éléments de preuve ADN, du sang d'Ange Toussaint Federici ! Et on vous dit, j'ai eu peur, j'étais dans le bar, je suis parti ! Mais tout est un tissu de mensonges !" Puis, l'avocat général, Marc Gouton,

s'est lancé dans un réquisitoire fleuve de plus de 3h30 pour finir par réclamer la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre d'Ange Toussaint Federici.

Auparavant, la défense de Federici avait un temps émis le souhait d'entendre quatre protagonistes avant d'y renoncer. "La défense souhaite que les débats continuent en l'état", a déclaré Me Edouard Martial, l'un des avocats de l'accusé. Appelé à prendre la parole, Ange Toussaint Federici  a nié toute implication dans l'affaire de subornation présumée. "C'est Mike Tyson qui me tombe dessus. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'imagine même pas, on m'a pollué mon dossier, je ne comprends pas", a-t-il dit. "Moi, Jacques Mariani (membre du banditisme corse placé en garde à vue dans l'affaire de subornation mais pas mis en examen, ndlr), c'est pas mon ami. Je préfère prendre perpète que de demander des choses à Mariani, je n'ai rien à voir avec lui. S'il a voulu me faire du bien, il m'a tué, s'il a voulu me faire du mal, il a gagné", a ajouté Federici. Quand à Jean Quilichini, interpellé remettant de l'argent à la famille de Karim Boughanemi, "j'en ai entendu parler mais je ne le connais pas". La défense d'Ange Toussaint Federici  s'exprimera demain avant que les jurés ne se retirent pour délibérer.

Les plaidoiries, le délibéré à suivre en direct, minute par minute, sur notre fil TWITTER

Témoin surprise contre trace ADN

"ATF", 52 ans, qui avait été interpellé à Paris en janvier 2007, a toujours nié sa participation à cette tuerie. Il assure qu'il se trouvait dans l'établissement pour un rendez-vous avec un mystérieux interlocuteur et que, pris dans la fusillade, il avait reçu une balle dans le genou. Mais, pour l'accusation, son appartenance au commando ne fait aucun doute. Parmi les éléments à charge, une trace de son ADN retrouvée sur un manchon de fusil à pompe et sa prise en charge, sous un faux nom et un faux motif (chute de moto, puis morsure de chien) dans une clinique discrète de Marseille, la nuit des faits.

Les huit à dix tueurs qui avaient fait irruption, lourdement armés et encagoulés, le 4 avril 2006 vers 21H00 aux Marronniers, seraient venus régler un conflit entre bandes criminelles rivales, touchant au contrôle des machines à sous autour de l'étang de Berre.
Ce secteur était contrôlé par le caïd Farid Berrahma, avant qu'un séjour en prison ne lui fasse perdre la place au profit de rivaux corses. Quand il est abattu ce soir-là, à l'âge de 39 ans, il vient d'être libéré et tente de reprendre la main, sur fond de règlements de comptes. Deux de ses lieutenants sont aussi tués, tandis qu'un troisième est touché à un pied. Le premier procès, en novembre 2010 devant les assises des Bouches-du-Rhône, n'avait guère permis de faire avancer les débats, deux témoins revenant sur leurs déclarations initiales au bénéfice de la défense.

Un témoin surprise

Depuis, deux suppléments d'information ont été ordonnés en raison de deux nouveaux témoignages. Le premier s'est avéré fantaisiste. Le second, qui avait conduit à un renvoi du procès initialement prévu en avril, émane d'un Corse originaire de Propriano, se présentant comme la connaissance que Federici devait rencontrer dans
ce café du 13e arrondissement. Ce témoin surprise sera cité par la défense, selon un des avocats d'ATF, Me Dominique Mattei, qui plaidera de nouveau l'acquittement.

"Dans cette affaire, on s'est heurté à plusieurs reprises à ces tentatives de manipulation qui démontrent une puissance d'organisation incontestable", relève le conseil de la famille Berrahma, Me Michel Roubaud, évoquant "une espèce de continuité de délinquance" chez Federici, s'exerçant même derrière les barreaux. Autre variante, l'audition de deux témoins-clés, venus en aide à l'accusé la nuit des faits, Paul Bastiani en liberté sous contrôle judiciaire et Toussaint Acquaviva, détenu, et devrait être extrait de sa cellule pour l'occasion. Soupçonnés d'avoir racketté des discothèques aixoises, ces deux hommes ont été interpellés en février lors d'un coup de filet qui a visé des proches de Federici.

La décomposition des clans criminels en Corse

En toile de fond de l'audience, figure la décomposition des clans criminels en Corse. Le 7 août, l'assassinat de Maurice Costa, l'un des derniers patrons présumés de la bande de la "Brise de mer", a fini de décimer cette organisation bastiaise qui s'était illustrée dans les années 1980 et 90 lors d'une centaine d'attaques à main armée. Dans ce contexte, le groupe des "bergers de Venzolasca", un village de montagne de Haute-Corse, dont Federici est présenté comme le chef de file, apparaît comme l'un des plus puissants clans de l'île. Le frère d'Ange Toussaint Federici, Jean-François, a été mis en examen dans l'affaire du Concorde --un cercle de jeux parisiens, dont le procès aura lieu en mai-juin 2013 à Marseille--, ainsi que dans l'enquête sur le double assassinat des cousins Antoine et Jean-Baptiste Mattei, commis en Haute-Corse en février 2011.

Une trentaine de témoins et une quinzaine d'experts sont attendus à ce procès qui sera placé sous haute surveillance, comme en première instance. Le procès a débuté le  lundi 8 octobre  à Draguignan. Verdict attendu le 17 octobre.

Des témoins fébriles

Au troisième jour du procès en appel d'Ange Toussaint Federici, la Cour d'Assises du Var est revenue sur la fusillade du "Bar des marronier" lors de laquelle trois hommes appartenant au bandistisme marseillais furent abattus en 2006. Les temoins de la scène ont été interrogés. Comme au premier procès,  ils ont déclaré que l'accusé était dans le bar avant les coups de feu. Des récits contradictoires avec ceux qu'ils avaient tenus durant l'enquête.

François Canazzi, l'ami témoin

Deux témoins surprises ont provoqué un rebondissement lors de la quatrième journée du procès en appel d'Ange Toussaint Federici. L'un des proches des trois hommes assassinés au "Bar des marroniers" en 2006 à Marseille a déclaré le 11 octobre  que l'accusé n'avait rien à voir avec cette fusillade. Un autre témoin, François Canazzi, assure également que son  ami Ange Toussaint Federici est étranger à cette affaire. Mais il a attendu six  ans avant de se manifester.

Le procès suspendu jusqu'à lundi

Sept personnes ont été placées en garde à vue à Marseille et en région parisienne, soupçonnées de subornation de témoin.

A l'aéroport de Marignane, des policiers de la PJ, ont surpris deux Corses, dont un connu des services de police, en train de remettre de l'argent à la compagne d'un témoin du procès. Selon une source judiciaire, plus de 50.000 euros auraient été remis, en deux fois, avec un premier versement antérieur. Le procès a été ajourné jusqu'à lundi.

Une enquête préliminaire a été diligentée pour subornation de témoin par le parquet de Marseille, qui va ouvrir une information judiciaire dimanche après le déferrement des personnes gardées à vue dans cette affaire. Six personnes ont été placées en garde à vue à la brigade criminelle de la PJ de Marseille, dont quatre interpellées vendredi matin à l'aéroport de Marignane, une cinquième près d'Aix-en-Provence, qui aurait servi d'intermédiaire et le témoin en question, Karim Boughanemi, 35 ans.

Le septième gardé à vue est le fils d'une figure du banditisme corse, Jacques Mariani, qui purge actuellement à la maison d'arrêt de Saint-Maur (Indre) une peine de 15 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat d'un nationaliste corse. Extrait vendredi soir de sa cellule, il a été placé en garde à vue pendant 48 heures dans les locaux de l'Office central de la lutte contre la criminalité organisée à Nanterre, où il doit être entendu dans le cadre de la subornation de témoin présumé. Jacques Mariani, condamné par ailleurs en février dernier à sept ans de prison dans une affaire d'extorsion de fonds visant des boîtes de nuit d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), doit être présenté samedi ou dimanche à un juge d'instruction de Marseille, qui n'a pas encore été désigné.

Le témoin, Karim Boughanemi, actuellement en détention pour meurtre dans la même prison que Jacques Mariani, était un proche du caïd Farid Berrahma, tué avec deux de ses lieutenants au bar des Marronniers à Marseille le 4 avril 2006. Il avait demandé à être extrait de cellule pour venir témoigner au procès en appel d'Ange-Toussaint Federici, rejugé pour un triple homicide dans un bar de Marseille en 2006. A l'audience jeudi, Karim Boughanemi, avait dit à la barre, en se tournant vers l'accusé: "C'est peut-être un innocent qui est en prison."

En première instance en 2010, Ange-Toussaint Federici avait été condamné à 28 ans de réclusion criminelle. Ce berger du village de Venzolasca (Haute-Corse), au casier de braqueur multirécidiviste, est considéré comme le chef d'un des clans criminels les plus puissants en Corse, ses deux frères étant en fuite.

Ce coup de théâtre intervient alors que 14 procureurs des parquets de Corse, Marseille et Paris, dont le procureur général de Paris, se réunissaient en cette fin de semaine à Ajaccio sur les dossiers de grand banditisme, avant la venue prochaine sur l'île du ministre de l'Intérieur Manuel Valls et de la garde des Sceaux Christine Taubira. Il survient aussi alors qu'une enquête judiciaire, visant des faits de racket dans la région aixoise, est en cours sur le clan Federici, dont des membres écroués depuis février ont également été extraits de cellule pour témoigner au procès.

Subornation de témoin, six mises en examens

Six personnes déférées dimanche dans l'affaire de subornation de témoin présumée ont été mises en examen et écrouées.

Dimanche, six personnes ont été mises en examen et écrouées pour subornation de témoin présumée ayant provoqué, vendredi, l'ajournement du procès. Le témoin que l'on soupçonne d'avoir été acheté, Karim Boughanemi, 36 ans, a été mis en examen et écroué pour "faux témoignage aggravé et association de malfaiteurs", a-t-on appris auprès de son avocat, Me Hakim Ikhlef. Actuellement détenu pour meurtre, Boughanemi était un proche du caïd Farid Berrahma, tué avec deux lieutenants au bar des Marronniers à Marseille le 4 avril 2006. Il avait demandé à être extrait de cellule pour venir témoigner, jeudi, en faveur d'Ange Toussaint Federici, un ancien berger corse au casier de braqueur, jugé en appel à Draguignan après avoir été condamné en première instance, fin 2010, à 28 ans de réclusion criminelle pour ce triple assassinat. La compagne de Boughanemi, Mira Tes, 34 ans, et son cousin, Mourad Boughanmi, un chômeur de 35 ans jamais incarcéré, ont été mis en examen et écroués pour "complicité de faux témoignage aggravé, complicité de subornation de témoin et association de malfaiteurs", selon leurs avocats, Me Ikhlef et Me Denis Fayolle.

Vendredi, tous les deux avaient été surpris par la police à l'aéroport de Marignane, en train de se faire remettre de l'argent par deux hommes qui ont été mis en examen des mêmes chefs et écroués, selon une source proche de l'enquête. Il s'agit de Jean Quilichini, un entrepreneur dans l'immobilier de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) déjà condamné pour des faits mineurs, et d'Antonio Degortes, un artisan inconnu des services de police. Enfin, Walid Sassi, un Aixois de 29 ans suspecté d'avoir servi d'"intermédiaire" dans cette affaire, a été mis en examen des mêmes chefs de complicité et d'association de malfaiteurs, et écroué, selon son avocat, Me Jean-Louis Keita.

"Mon client est un ami de Jacques Mariani (également placé en garde à vue à Nanterre, de vendredi soir à dimanche midi, dans ce dossier de subornation, NDLR), qu'il a connu en détention à la prison d'Aix-Luynes, où il se trouvait pour une affaire de stupéfiants", a affirmé Me Keita. Fils d'une figure disparue du banditisme corse, Mariani, qui purge à la maison d'arrêt de Saint-Maur une peine de 15 ans de réclusion criminelle pour assassinat, n'a cependant ni été en examen ni entendu comme témoin assisté au terme de sa garde à vue, selon son avocat, Me David Métaxas, ce qui entretient le flou sur le rôle qu'il a pu jouer dans l'affaire.

L'un des avocats de Federici, Me Dominique Mattei, a dit dimanche à l'AFP qu'en fonction des pièces communiquées, il pourrait demander le renvoi du procès lundi. Selon l'avocat de la famille Berrahma, Me Michel Roubaud, cette affaire ne change rien et l'audience devrait se poursuivre.

En mars 2008, lors du procès de l'assassinat d'un nationaliste corse devant les assises des Bouches-du-Rhône, trois hommes, dont un proche de deux accusés, avaient été interpellés pour avoir approché deux jurés. La défense avait réclamé un renvoi du procès mais il s'était poursuivi.

La rocambolesque affaire de subornation de témoin

Mêlant deux figures ennemies du banditisme corse, le procès en appel d'Ange-Toussaint Federici, a finalement repris.

Contre toute attente, la défense a renoncé à demander son renvoi après avoir estimé, dans un premier temps, que les procès-verbaux de l'enquête sur la subornation, remis lundi matin à la cour, désignaient l'accusé comme son possible instigateur, "ou tout au moins ses proches". Ce qui nécessitait, aux yeux des avocats de Federici, d'entendre certains protagonistes de la manoeuvre présumée, dont Jacques Mariani, fils d'une figure décédée de la bande bastiaise de la Brise de mer, en Corse. Mais, tout bien réfléchi, ils ont souhaité "que les débats continuent en l'état".

Et Federici, condamné en première instance à 28 ans de réclusion pour la tuerie du bar des Marronniers, d'assurer de son incompréhension depuis vendredi, quand des proches d'un témoin venu l'innocenter à la barre ont été surpris par la police en train de se faire remettre de l'argent (130.000 euros au total) par deux hommes originaires de Corse, comme lui. "C'est Mike Tyson qui me tombe dessus. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'imagine même pas, on m'a pollué mon dossier", a-t-il dit, ajoutant: "Moi, M. Mariani, c'est pas mon ami." "Je préfère prendre perpète que de demander des choses à Mariani, je n'ai rien à voir avec lui. S'il a voulu me faire du bien, il m'a tué, s'il a voulu me faire du mal, il a gagné", a poursuivi l'accusé, considéré comme le chef d'un des clans criminels les plus puissants en Corse.

Alors comment Mariani, présenté comme son rival, s'est-il retrouvé dans cet imbroglio ? Selon une source judiciaire, des écoutes téléphoniques révèlent qu'il a été contacté par Jean Quilichini, un entrepreneur en BTP de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) qui serait un proche de Jean-François Federici, un frère d'Ange-Toussaint actuellement en fuite. Mariani serait alors intervenu auprès du témoin en question, Karim Boughanemi, détenu comme lui dans la centrale de Saint-Maur (Indre). En juin, ce proche du caïd Farid Berrahma, tué avec deux de ses lieutenants le 4 avril 2006, avait demandé spontanément à venir témoigner en faveur de Federici. Jeudi à la barre, Boughanemi lançait, en se tournant vers le box, que "c'est peut-être un innocent qui se trouve en prison". Et le lendemain, sa compagne et un cousin étaient interpellés en flagrant délit à l'aéroport de Marignane, avec Quilichini et des liasses de billets. Depuis, Boughanemi a reconnu avoir voulu gagner de l'argent, sans que cela ait influencé son témoignage. Mariani, lui, a contesté les faits, mais selon la même source, les écoutes suggèrent une volonté de faire front commun avec Federici contre la justice, avec l'idée que les comptes se règlent à l'extérieur de la prison, et non dans les prétoires.

Arrêté en janvier 2007, l'accusé clame son innocence en disant être venu au bar des Marronniers pour y voir un ami, qui s'est également manifesté jeudi au procès, pour la première fois depuis la fusillade, dont l'accusé se dit une victime et non l'un des auteurs. "Un Tartuffe de service", a ironisé lundi Me Michel Roubaud, avocat de la famille Berrahma, dénonçant des "témoins approchés" et "des pressions", qu'on a "coutume de retrouver dans les procès du grand banditisme corse". Le verdict est attendu mardi.

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