"L'Etat ne capitule pas, l'Etat ne recule pas"

Conférence de presse des ministres de l'Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christiane Taubira à Ajaccio jeudi.

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Les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christiane Taubira, ont appelé lors d'une conférence de presse commune conduite jeudi à Ajaccio, au lendemain de l'assassinat du président de la CCI, Jacques Nacer, à une mobilisation de l'ensemble des Corses contre la criminalité, dénonçant l'affairisme qui gangrène l'île.

La Corse concentre "environ 20% des règlements de comptes commis sur le territoire" français, "une proportion tout à fait exceptionnelle au regard de la population" (310.000 habitants), a souligné Manuel Valls, lors d'une conférence de presse, rappelant que 17 homicides ont été commis depuis janvier. "La Corse n'est pas un territoire à part. Les Corses ont droit à une action efficace de l'Etat", a-t-il ajouté, appelant à "faire refluer l'affairisme, à desserrer le carcan" qui pèse sur l'île. Il s'agit de "faire en sorte que la porosité entre criminalité et activités économiques que nous connaissons se dissolve", a renchéri Christiane Taubira, évoquant "la saisie d'avoirs criminels".

"Les Corses, comme nous et l'ensemble de nos compatriotes, sont choqués, scandalisés, indignés, devant l'étalage de cette chronique mortuaire", a insisté le ministre de l'Intérieur. "La Corse a déjà connu des périodes de tuerie, depuis longtemps. C'est ce qui alimente le sentiment d'impuissance, mais que nous ne pouvons accepter", a ajouté Manuel Valls, assurant de "la détermination" de tous les services. "La lutte contre la criminalité sera menée dans le cadre des règles de droit en vigueur, il n'y aura pas de législation spécifique en Corse", qui n'est pas "un territoire à part", a-t-il insisté.

"L'Etat ne capitule pas, l'Etat ne recule pas" en Corse, a renchéri la garde des Sceaux. "Nous mettons tout en oeuvre pour que chaque crime soit élucidé, au niveau le plus pertinent. Aucun crime n'est acceptable dans un État de droit", a-t-elle dit. "Nous devons améliorer le taux d'élucidation des affaires", a ajouté Christiane Taubira, précisant que ce taux, même s'il est "inférieur à la moyenne nationale", s'est "amélioré ces dernières années".

Les deux ministres ont lancé un appel à la "mobilisation de tous les Corses, meurtris, souvent désespérés". "Il y en a assez qu'une minorité accuse sans cesse l'Etat", "seul, l'Etat ne peut rien", a dans le même temps lâché M. Valls. "Pas de tabous, pas de mensonge, pas de secteur qui échapperait à l'action de l'Etat. Le sport, l'immobilier, le BTP, le tourisme, la nuit, le jeu, on ne désignerait pas cela au nom de je ne sais quel danger ? Mais de qui se fiche-t-on ?", a-t-il asséné, en réponse à une question sur le fait que des cibles seraient désignées par les autorités quand elles dénoncent l'affairisme dans certains secteurs d'activité comme le sport. "Au-delà de la stratégie policière et judiciaire, il faut aussi renforcer les moyens d'enquête dans un contexte de pressions exercées sur les témoins. Vous qui connaissez bien la Corse, on vous le dit tous les jours : On connaît les commanditaires, on sait, mais on ne parle pas", a-t-il insisté, tandis que Mme Taubira promettait de "protéger toutes celles et tous ceux qui peuvent concourir à la manifestation de la vérité".

Des mesures de sécurité rapprochée ont "déjà été prises" pour protéger certaines personnalités en Corse et d'autres demandes en ce sens recevront une réponse favorable, a ajouté le ministre de l'Intérieur. "Nous répondrons favorablement à toute demande de protection et nous-mêmes, par nos services, nous les sollicitons", a déclaré Manuel Valls lors d'une conférence de presse. Concernant l'éventuelle création d'un pôle anti-mafia en Corse, sur le modèle de ce qui existe en Italie, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a déclaré que "le gouvernement ne veut pas jouer à l'Etat +Rambo+", ajoutant que "tout ce qui est nécessaire sera fait et annoncé en temps utile".

Les deux ministres ont été dépêchés en urgence en Corse au lendemain de l'assassinat du président de la CCI de Corse-du-Sud, Jacques Nacer. Initialement prévue les 29 et 30 novembre - ils reviendront d'ailleurs d'ici la fin novembre - leur visite était très attendue depuis la mort de l'avocat ajaccien Antoine Sollacaro, tué par balles à Ajaccio le 16 octobre. Le 22 octobre, le gouvernement avait annoncé dix mesures pour lutter contre le crime organisé en Corse, assorties d'une circulaire pénale contre la délinquance financière.

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