Vente de navire et « recentrage »: décryptage d'une réduction de voilure
Moby Lines vend son plus beau fleuron
La "Moby Lines" réduit sa voilure avec ses liaisons avec la Corse. Cette année cette compagnie n'assurera ses liaisons qu'à partir de juin et non non d'avril. La compagnie a également vendu l'un de ses plus gros ferry pour acquérir un navire plus petit.
La compagnie italienne Moby Lines a vendu une de ses plus belles unité, le Moby Freedom, à l’armateur finlandais Eckerö Linjen, en février dernier. Ce navire opérait, notamment, sur la ligne Bastia-Gènes.
Derrière cette vente, se profile un recentrage des compagnies sur leurs marchés de base. Cette information est connue à la veille de plusieurs rendez vous importants pour les transports, maritimes et aériens, Corse-continent français.
Le Moby Freedom vendu
Ce car ferry était un des plus moderne de la flotte. Il naviguait sur les lignes Gènes-Olbia-Civitavecchia. En été, il effectuait aussi des traversées entre Bastia et Gènes, en quinconce avec un autre navire de la compagnie. En 2011, la ligne avait vu passer 186 000 passagers. En 2012, la ligne sera toujours assurée, mais par un « navire plus petit », le Moby Fantasy nous confirme le représentant de Moby Lines en Corse.
Un « recentrage » Corse-Italie
Cette réduction de « voilure » est accentuée par une réduction de la saison, effectuée sur la Corse par la Moby Lines. En effet, la saison de cette compagnie démarrait, habituellement en Avril, pour se terminer en Septembre. Cette année 2012, voit un raccourcissement annoncé. Le début se fera en Juin. Cette réduction devrait profiter « mécaniquement » à la Corsica Ferries France (CFF) qui navigue, aussi entre Bastia et l’Italie.
…Italie-Sardaigne
Si le marché Corse-Italie semble se resserrer au profit de la Corsica Ferries France, qui est restée stable sur le marché Corse-Italie en 2011, le trafic se réduit sur certaines routes entre le continent italien et la Sardaigne pour 2012. Réduction de voilure sur la ligne Livourne-Golfo Arranci (Sardaigne).
Selon les observateurs du marché maritime, cela ressemble à un gentleman agreement entre les deux compagnies, qui se recentrent sur leur marché de base : Corse-continent français pour la CFF et Italie-Sardaigne pour la Moby Lines.
Bouleversements en Méditerranée
Archipel toscan…
Sur les lignes entre l’archipel toscan (île d’Elbe, Capraia, Giglio) et le continent italien, le marché se concentre entre quelques compagnies. La CFF revient sur la ligne Piombino-Portoferraio (Elbe), avec un NGV en été.
De son coté, la Moby Lines a racheté la compagnie publique TOREMAR, qui assurait le service public entre l’archipel et l’Italie.
Exit la TOREMAR, du coup la Moby se retrouve quasiment seule sur ces lignes.
…Sardaigne-Italie
Sur les lignes de Sardaigne, la régression du marché a été terrible, en 2011.
Rien que sur les trois ports du nord de l’île (Porto Torres, Olbia, Golfo Arranci), sans compter le port de Cagliari (sud), le trafic 2011 a chuté de plus de 1 millions trois cents mille passagers.
L’explication la plus répandue est la hausse du prix des carburants. Mais on peut constater une sur-offre des compagnies, depuis plusieurs années. Les coefficients de remplissage étaient mauvais.
Les choses pourraient changer avec le risque de liquidation judiciaire de la «SNCM sarde », la TIRRENIA. En effet, si l’autorité de la concurrence italienne « l’anti trust » rejette l’achat de la TIRRENIA, compagnie publique, par la Compagnie Italienne de Navigation (CIN), en réalité un groupement de trois compagnie privées qui opèrent déjà sur le même marché, la TIRRENIA risque la liquidation judiciaire. Ce drame social (1600 employés) sera une aubaine pour les compagnies restantes. Elles récupéreront la clientèle de la défunte TIRRENIA, sur un marché en forte régression. D’autant plus que les réservations semblent encore au plus bas.
Cette histoire ressemble à une aubaine, à tel point que des syndicats de la TIRRENIA posent la question : « n’a-t-on pas organisé le naufrage de notre compagnie pour sauver les armateurs privés ».
Corse-continent français
Tous ces événements sont à rapprocher du départ « anticipé » de la Moby Lines de la ligne Bastia-Toulon. Pour les observateurs, c’était déjà une manière pour chacune des compagnies de marquer son territoire.
Les taux d’occupation sur les lignes Corse-continent français sont très bas, depuis plusieurs années. La disparition, d’une compagnie, ferait remonter ces taux « mécaniquement ». Un bémol, le chômage risque lui aussi de remonter.
Les rendez vous corses
-Le jeudi 9 Mars, la commission du « développent et des transports » de l’assemblée de Corse, entend les syndicats des compagnies puis leurs dirigeants. A cette occasion, on pourrait connaître le contenu du rapport sur le « service public maritime » qui sera remis aux élus territoriaux, en ce début Mars. Il s’agit d’un document qui sera soumis au vote.
-Les 22 et 23 Mars, l’assemblée se prononcera sur ce rapport « maritime », les mesures qu’il contient pourraient représenter un véritable coup de tonnerre.
Au cours de cette même session, les élus devront se prononcer sur l’extension de d’une période provisoire du service public… aérien. Les deux étant liés, puisque le budget de l’aérien doit bénéficier d’une « rallonge » de 11 millions d’euros, au détriment du budget maritime.
-Le 28 Avril, les élus devraient étudier le contenu du service public aérien, sur les lignes de Paris. Encore un sujet particulièrement délicat.
Les cas corses et italiens sont-ils semblables, la réponse semble positive. Nous envisagions cette hypothèse dès l’été 2011, en étudiant le dossier sarde. Les échéances se rapprochent, les ressemblances se confirment.