Jean Marc Ayrault mobilise 4 ministères et insiste sur la lutte anti-blanchiment
Les mesures annoncées lundi par Jean-Marc Ayrault pour renforcer la lutte contre le crime organisé en Corse ont été accueillies avec un certain scepticisme dans l'île, où la classe politique les juge tardives et se dit "en attente de résultats". Pour le député UMP Camille Rocca Serra (Corse-du-Sud), "les événements récents justifient les moyens annoncés par le gouvernement", mais, prévient-il, il est "comme tous les Corses, en attente de résultats". Le représentant de
Des moyens pour la justice en Corse
De nombreux assassinats en Corse sont liés à des affaires financières mais le pôle économique et financier régional du tribunal de Bastia chargé de lutter contre cette forme de délinquance n'a plus les moyens de le faire, déplorent des magistrats en poste dans l'île. Ce pôle, spécialisé dans la lutte contre la délinquance financière, notamment dans les collectivités locales, avait été créé après l'assassinat, en 1998, du préfet de Corse Claude Erignac. Ce fut le premier créé en France. "Aujourd'hui, beaucoup d'assassinats en Corse sont liés à des affaires financières et je constate que les affaires n'avancent pas beaucoup", a déclaré vendredi l'avocat général au parquet général de la cour d'appel de Bastia Francis Battut, au micro de France Bleu Radio Corse Frequenza Mora. M. Battut a été le premier responsable du pôle économique et financier de Bastia qu'il a dirigé durant cinq ans. "De 1999 à 2004, les affaires sortaient", a indiqué M. Battut, précisant qu'une "quarantaine de dossiers étaient traités au début" du fonctionnement du pôle régional. Le pôle régional est spécialisé dans la lutte contre la délinquance financière, notamment le favoritisme dans les marchés publics, les prises illégales d'intérêt et autres malversations liées à l'activité des collectivités locales. M. Battut a souligné que ce pôle était composé au début d'un représentant du parquet, d'un juge d'instruction spécialisé dans les affaires financières et de trois assistants spécialisés alors qu'il n'y en a plus qu'un aujourd'hui. Membre de l'Union syndicale des magistrats, Jean Leandri, du tribunal de grande instance d'Ajaccio, a déploré sur la même antenne le "naufrage" de ce pôle, devenu "une coquille vide". Pour M. Battut, "il faut donner des moyens supplémentaires à la justice en Corse mais il faut aussi une volonté politique" pour lutter contre la délinquance financière et le crime organisé. (Source: AFP)