L'offre de la direction est-elle sérieuse ou bien est-ce un appel à revoir "la copie" de l'OTC ?
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SNCM: Un Euro symbolique
Le quotidien Corse-Matin révèle le 8 mars une proposition écrite surprenante de la direction de la SNCM au président de l'écutif de l'assemblée de Corse.
La direction de la Société Nationale Corse Méditerranée (SNCM) a provoqué jeudi un coup de théâtre en offrant à la Collectivité territoriale de Corse (CTC) de lui céder l'entreprise pour "un euro symbolique" pour faciliter la création d'une compagnie régionale.
Stratagème ou stratégie ?
En apparence, il n’existe que deux possibilités. Soit la direction de la SNCM prépare un retrait, précipité, de l’actionnaire principal VEOLIA, soit elle demande à l’Office des Transports de la Corse d’amender son rapport qui va définir le futur service maritime, entre la Corse et le continent français, pour une dizaine d’année, à partir de 2013 ou 2014. Ce rapport sera soumis au vote des élus de l’assemblée de Corse le 22 ou 23 Mars 2012.
La réaction des politiques
Les nationalistes voient dans cette proposition une occasion à saisir pour réaliser leur vieux projet, une "compagnie régionale". Le STC, syndicat nationaliste dit chiche, "prenons les bateaux pour un euro et faisons cette compagnie régionale". Michel Stefani, Elu territorial du Front de Gauche, interpelle l’Etat "nous demandons que le gouvernement intervienne pour que la CTC ne soit pas dépossédée des compétences qui sont les siennes pour définir la politique des transports de la Corse". Pour le Président de l’Office des Transports de la Corse, Paul Marie Bartoli, "le débat est difficile, il y a des enjeux considérables pour la Corse, les personnels, on ne peut pas traiter le problème de cette manière là ". Le Conseiller Exécutif estime qu’il s’agit "d’un mode de communication malsaine, car nous avons reçu la lettre en même temps que le quotidien local" (Voir l’entretien vidéo). Ce dernier point n’est pas éclairci. Il sous entendrait que la lettre a été envoyée au journal avant de parvenir au président du Conseil Exécutif. Le journal est imprimé le 07 Mars et la lettre est datée du 05. A ce jour, on ignore qui a organisé la "fuite". Une chose est sure, elle ouvre un débat dans le débat.
Stratégie
Un certain nombre d’observateurs pensent que la disparition de la SNCM a été programmée et que 2012 est "l’annus horribilis", l’aboutissement d’un long processus de démantèlement de la compagnie publique, puis privée. La dernière étape en date est l’annonce anticipée et résumée du contenu du futur service maritime Dans la session du 20 Mars de l’assemblée de Corse, le président du Conseil Exécutif parle du futur service : "plus de service complémentaire (les ferries en haute saison), plus d’aide sociale (la subvention actuelle sur Nice et Toulon) et pas d’extension de la Délégation de Service Publique au port de Toulon". En trois phrases, Paul Giacobbi déclenche un coup de tonnerre qui ébranle la SNCM, voir la mène au naufrage.
Le projet supprime la subvention d’un volume de plus de "quatre cents mille passagers".
Dans cette hypothèse, l’actuelle direction de la compagnie et son actionnaire principal prennent les devants. Dans un entretien à Corsica Sera, le président du Directoire de la SNCM, Marc Dufour dit "nous rendons les clefs" (Voir vidéo). Le responsable de la compagnie estime que l’on traite VEOLIA de "voleur" alors qu’il tient la SNCM "à bout de bras" ; dans ces conditions, on peut résumer la méthode ainsi : "Puisque vous nous critiquez et asséchez notre financement, prenez les bateaux et montrez nous que vous pouvez faire mieux, en matière de transport, comme sur le plan social". Pour Paul Giacobbi, "une collectivité ne peut accepter ce genre de plaisanterie que sous réserve d’un inventaire considérable" (Corse Matin du 9 Mars). L’Exécutif crie à la "provocation", si cela en est une, mais pourquoi faire ?
Stratagème
Si VEOLIA veut rester et garder la SNCM en ordre de bataille elle tente, peut être, de convaincre l’OTC de réviser sa copie. Un peu plus de subvention (combien ?), un service différent (comment ?) et le couple SNCM/VEOLIA pourrait rester. La lettre étant une façon de secouer les esprits sur le cataclysme qui pourrait arriver. La SNCM, c'est 2000 employés, dont près de 800 en Corse. A cela, il faut ajouter plus d’un millier d’emplois induits auprès de la centaine de sous traitants et partenaires de la compagnie dans l’île. Cette hypothèse repose-t-elle sur une autre stratégie ? L’Exécutif va-t-il se braquer et a-t-il les moyens, la volonté et la marge politique d’améliorer le service ?
Que veut et que peut VEOLIA ?
Dans le journal Corse-Matin du Vendredi 9 Mars, on peut lire "Elle (ndrl VEOLIA) aurait notifié le 13 Janvier dernier à la Compagnie Générale Maritime et Financière -CGMF- (qui porte les 25% de l’Etat dans la SNCM) sa décision de mettre en œuvre la clause de résolution du protocole de privatisation du 16 Mai 2006". Autrement dit, "VEOLIA veut restituer ses parts à l’Etat". Cet "abandon" non sourcé par le journal, est en contradiction avec les propos du Président du Conseil de Surveillance de la SNCM, tenu sur Corsica Sera le 24 Février à Paris. A une question sur un éventuel départ de VEOLIA, Gérard Couturier répond "pour l’instant, rien n’est prévu. VEOLIA TRANSDEV (66% de la SNCM) subsiste, en tout cas en tant qu’entreprise, il n’y a pas de changement". Nous avons écris à Monsieur Couturier pour lever le malentendu. Dès que nous connaitrons sa réponse, nous la publierons.
Désormais, il va falloir observer la période qui nous sépare des débats des 22 et 23 Mars, consacrés aux transports maritimes et aériens, les deux étant liés.