Au lendemain de l’interpellation de huit militants de Corsica Libera, les réactions de colère et d’indignation se multiplient, côté nationalistes.
Depuis l’annonce de la vague d'interpellations de militants nationalistes survenue lundi 5 décembre dans le cadre d'un dossier relevant du parquet national antiterroriste, les réactions s’enchaînent.
Dans la soirée de lundi, un rassemblement de soutien s’est tenu à Bastia, à l'appel du parti indépendantiste Corsica Libera et de l'association de défense des "prisonniers politiques" corses Sulidarità.
Une situation "extrêmement problématique et grave"
Présente parmi les manifestants, la conseillère à l'Assemblée de Corse Josépha Giacometti-Piredda. Pour l'élue et porte-parole Corsica Libera, la situation est aujourd’hui "extrêmement problématique et grave". Josépha Giacometti-Piredda estime qu'il y a entre la Corse et Paris "un fossé qui se creuse encore un peu plus".
"Il y a entre la Corse et Paris un fossé qui se creuse encore un peu plus"
Josepha Giacometti-Piredda
"Les interpellations, les méthodes employées, n’augurent pas de bonnes choses et n’amènent pas les conditions pour un dialogue apaisé. Depuis plusieurs semaines déjà nous avons dit clairement que nous n’étions pas dans un processus historique mais dans un simple cycle de discussions", indique t-elle. Pour l'élue, la responsabilité de la situation incombe à l'Etat. "Aujourd’hui la volonté d’alimenter la tension se situe clairement du côté parisien. Nous semblons revenir depuis plusieurs semaines dans un cycle que nous connaissons trop."
Des interpellations "inadmissibles"
Même analyse du côté de Jean-Baptiste Arena, élu Core in Fronte à l'Assemblée de Corse. "Les interpellations sont inadmissibles. Depuis quelques années, on a tendu la main, et depuis le printemps on ne voit rien venir, rien n’avance sur les dossiers Alessandri et Ferrandi... Nous préférerions être dans nos chaumières avec nos familles plutôt qu'ici ce soir, surtout en période de fête", souligne t-il.
L'élu du parti indépendantiste affiche sa solidarité avec les autres nationalistes. "Nous sommes des compagnons de lutte depuis 50 ans, nous le serons encore demain, et un moment donné, nous devons répondre groupés à ce genre d’actions de Paris. On est là ce soir et on sera encore là demain", assure-t-il.
"L'appareil répressif s'attaque à des patriotes corses"
Sur les réseaux sociaux, le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) déplore que "l'appareil répressif vienne s'attaquer à des patriotes corses". La veille, dans un communiqué, le parti indiquait "attendre que l'Etat fasse sa part du chemin pour construire la paix et une solution politique. Le chemin inverse semble pour l'heure avoir été choisi".
Le PNC en appelle donc à "la libération, sans délai, de l'ensemble des militants placés en garde à vue".
"Il y a urgence à désamorcer une situation de tension"
De son côté, Femu a Corsica "exprime publiquement son refus d'une logique répressive et de méthodes incompatibles avec la nécessité de consolider la paix".
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le parti pointe la responsabilité de l'Etat. "Si certains, à Paris, attisent les braises et cherchent à relancer la logique de conflit, les Corses dans leur grande majorité et toutes opinions confondues refusent les tensions et les affrontements, indique la publication. Il faudrait être aveugle, ou inconscient, pour ne pas comprendre que cette situation porte en elle un risque important de dégradation politique et conduit à une spirale d'affrontement que la Corse ne connaît que trop et dont elle ne veut plus".
En guise de conclusion, Femu a Corsica s'interroge : "il y a urgence à désamorcer une situation de tension sans attendre un nouvel incident ou nouveau dérapage. Le gouvernement et l'État en ont tous les moyens. En ont-ils la volonté ?"
"Des méthodes inacceptables, d'un autre temps"
Le STC a également réagi par voie de communiqué. Le syndicat estime que "nous sommes aujourd'hui très loin des effets d'annonces d'il y a quelques mois suite à l'assassinat d'Yvan Colonna en prison où l'on nous promettait l'ouverture d'un véritable dialogue entre l'Etat et la Corse sans tabou".
Concernant plus particulièrement les interpellations, le syndicat dénonce "des méthodes inacceptables, d'un autre temps" et des "procédés indignes de la patrie des droits de l'homme". Le STC demande "la libération immédiate des personnes interpellées" et "l'arrêt de toutes les poursuites".
"On ne peut construire un climat d'apaisement en soufflant en permanence sur les braises", conclut le syndicat.