Journal de bord d'une confinée à Ajaccio : comme un jeu d’enfant…

Le confinement généralisé est entré en vigueur en Corse, comme partout en France, mardi 17 mars, à midi. Une de nos journalistes raconte ses journées de confinement. Aujourdhui, être parent, un fulltime job !

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Chapitre 9 : Comme un jeu d'enfant...


C’est fait. Ou du moins, eux l’ont fait : ils ont lancé un bébé ! J’ai reçu le cliché de la première échographie, la photo qui tombe, comme ça, sans prévenir, dans votre fil de discussion Messenger et annule tous les envois précédents (la polémique autour de la chloroquine, l’intervention de Brigitte et la barbe blanchie du premier ministre).
Oubliée l’actualité du coronavirus, eux ont fait un enfant ! Un petit garçon a qui ils pourront plus tard raconter, « on te parlait beaucoup quand tu étais encore dans le ventre de ta mère, parce qu’à ce moment là, papa et maman étaient confinés ». Bon, il ne s’agirait pas que le petit bonhomme (c’est un garçon !) soit déjà saoulé de ses parents, aussitôt né !

 



En ce moment, c’est plutôt le contraire.
Je veux dire, on sent bien que les parents sont saoulés, qu’ils subissent puissance mille le coronavirus. Trois fauves libérés dans un appartement, je peux vous dire que, deux étages au-dessus, je profite moi-même en direct de l’événement !
L’image en moins, certes, mais je n’ai pas de mal à imaginer : piste aux étoiles le long du (long) couloir, un peu trop d’élan donc ratés contre la porte d’entrée, rugissements de rigueur sur chaque longueur et les parents qui rivalisent avec le dompteur pour se faire entendre et canaliser l’énergie de leurs jeunes lions sur ce qui est autorisé.

Vraiment, la classe ! (non, pas celle qu’ils doivent leur faire en plus du reste). Je ne voudrais pas alimenter la théorie du complot mais, limite, on peut se demander si le coronavirus, ce n’est pas un coup des profs pour bien faire sentir aux parents ce que dresser des fauves entre quatre murs (d’école) signifie, ainsi que le rôle de l’autorité là-dedans.

A bout !

Faire la classe…
Certains géniteurs ont certainement dû se remettre à leurs bouquins ! J’ai, moi-même, bien senti l’idée du truc quand, suite à mon papier d’hier qu’elle avait visiblement lu, ma nièce de onze ans m’a envoyé une message en me demandant, « tatie, c’est quoi le temps ? ».
J’ai souri en réalisant ce que devait être le quotidien de ma belle sœur, confinée avec ses filles.

Encore que, les deux sont sorties de la période des « et pourquoi ? », enchaînés en rafale.
Chers parents, je comprends votre désarroi ! De ces mêmes parents, je reçois ensuite les œuvres… oui, certains en sont à colorier des mandalas pour se détendre. On devrait penser à ouvrir un service d’écoute pour parents en détresse.

 



J’ai entendu, ces derniers jours, le ministre de l’Education Nationale évoquer dans une interview cette année scolaire tellement particulière.
Plus rien ne distingue désormais la période de classe effective et les vacances, pourtant, celles de Pâque arrivent.

Je me suis demandée s'il réalisait que, désormais, pour les parents, les vraies vacances, ce serait que leurs enfants retournent à l’école !
A certains, il ne reste que l’humour noir, très noir ("et si je me prenais pour Dupont de Ligonnès ?"), pour se sauver de l’apoplexie, j’en ai des retours !

Vous sentez la dose de désarroi qu'il faut pour traquer le gastéropode ?

Sinon, je peux aussi vous parler de cette mère de famille qui regarde les cours diffusés par une télé pendants sa pause déjeuner et m’en envoie un extrait en vidéo avec ce commentaire : « c’est pas avec cette prof qu’ils vont réussir leur épreuve d’histoire au bac! »
La même qui, en soirée, me fait parvenir la photo d’un escargot parce que j’ai parlé d’un gastéropode bondissant dans mon papier du jour.
Vous sentez la dose de désarroi qu’il faut pour traquer le gastéropode ?
 

L'ère diplomatique est de mise, on dressera le bilan à la fin des cinq semaines suplémentaires annoncées (voire plus)


Et puis, au milieu de tout ça, il y a le message qui vient casser l’idée: « L’ado m’impressionne. Il travaille, range sa chambre, s’occupe de son linge, vide le lave-vaisselle et fait du bruit avec sa folle de mère le soir à 20h pour remercier les soignants ! On se le redira si ça dure, mais pour l’instant, il est top !! Deux sorties autorisées depuis lundi (NDLR : 16 mars): un tour à la boulangerie et un footing d’une demi-heure hier (NDRL : samedi dernier). Deux sorties, deux contrôles de son attestation… il en a déduit qu’il avait une tête de voyou !! ».
L’ado brun se prend pour « le blond » de Gad Elmaleh. Futurs parents, ne retenez que ce moment de félicité !

Back from Fac

Le retour des étudiants au foyer et pas mal non plus.
Quand on fait un semblant d’expérience de la liberté loin de la maison, se plier à la règle du « manger et dormir à l’heure » face aux deux figures d’autorités qui testent ce qui leur reste d’ascendant, se plier à cette règle, donc, n’est déjà pas simple sur une période de vacances.

Alors, imaginez dans le huis clos de ce confinement ! On frise le « sans commentaire »  (aussi bien sur le fond que sur la forme). L’ère diplomatique est de mise, on dressera le bilan à la fin des cinq semaines supplémentaires annoncées (voire plus) !

Maintenant, je rigole. Et vous savez pourquoi que je rigole ? Parce que le « défi » Facebook partagé de profil en profil depuis hier, consiste à afficher sa bobine petit (ou ado).
Comme pour mieux rappeler aux parents de maintenant qu’ils l’ont été un jour, « petits » (et ado), et que d’autres les ont supportés. Pas forcément, cependant, en période de confinement.
Je vais tout de même surveiller si ma mère participe à ce partage (77 ans et une page Facebook)  : elle a été petite pendant la guerre, elle.
 


Ce n’est cependant pas cette dernière phrase qui remet les idées en place.
Non, ce qui remet les idées en place, consiste à imaginer que certains parents voient, en ce moment même, partir leur enfant au front.

En ce moment même, les élèves infirmier(e)s, les élèves aide-soignant(e)s, sont mobilisés afin d’épauler les équipes expérimentées.
Bientôt, ce sera le cas de la fille d’une personne que je connais sur Ajaccio. Cette jeune fille a 19 ans.

Bon, que cet article ne vienne pas pour autant gâcher le plaisir de nos futurs parents.
Alors, chers tous (grands actifs du baby boom à venir), oubliez ce que vous venez de lire pour vous concentrer sur l’idée de la parentalité avant de la vivre.

Parce que, au bout de neuf mois, vous en aurez pris pour la vie, quelque soient les aléas de celle-ci !








 

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