Le 4 février marque la journée mondiale contre le cancer. Alors que la maladie est la première cause de mortalité dans le monde, la Corse enregistre un taux de dépistage insuffisant.
Le cancer est la première cause de mortalité dans le monde. Pourtant, si la maladie est diagnostiquée à temps, elle se guérit dans 9 cas sur 10.
Car un dépistage précoce permet de diagnostiquer un cancer avant l'apparition des symptômes. Depuis 2003, des programmes nationaux de dépistage organisé sont mis en place sur le territoire national pour les cancers du sein, colorectal et du col de l'utérus.
Ces dépistages organisés consistent à inviter gratuitement la population dont la tranche d'âge est particulièrement visée par la maladie à réaliser un test de dépistage. À la différence d'un dépistage individuel, une seconde lecture est réalisée sur les examens. Une méthode qui permet, par exemple, de détecter entre 3 et 10 % de cancers du sein qui n'auraient pas été repérés avec une lecture unique.
En Corse, la participation à ce dépistage est jugée insuffisante par le centre régional de coordination du dépistage des cancers. Ainsi, elle n'est que de 10.8 % dans l'île en 2020 contre 30 % au niveau national pour le cancer du sein et de 30.9% contre près de 50 % au niveau national pour le cancer colorectal.
Le docteur Franck Le Duff, directeur du centre régional de coordination du dépistage des cancers en Corse, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella :
• La Corse enregistre un pourcentage de dépistage organisé inférieur à la moyenne nationale, comment expliquer un tel écart ?
Franck Le Duff : Il y a différentes explications en fonctions des types de cancer. Pour le cancer du sein, les femmes pratiquent plutôt un dépistage individuel, parce qu'elles ne sont pas informées de l'importance des dépistages organisés ou pour une question de facilité pour les radiologues. Certains ne voient pas l'intérêt d'une double lecture, allant même, parfois, jusqu'à la refuser.
Pour le cancer colorectal, il faut savoir que la pratique de la coloscopie est plus importante en Corse que dans n'importe quelle autre région. Et cela exclut les patients du dépistage par kit pendant cinq ans, ce qui explique en partie les chiffres. De plus, le dépistage par kit se fait au domicile en prélevant un petit échantillon de selle, et il y a plus de pudeur en Corse qu'ailleurs.
Pour le cancer du col de l'utérus, nous n'avons pas encore suffisamment de recul puisque la campagne a été lancée en février 2020. Mais en termes de dépistage individuel, nous sommes à 60 %, ce qui est une bonne base.
• En novembre dernier, la Ligue du cancer alertait sur les graves retards de dépistages dus à la crise du Covid19. Quelques mois plus tard, ce retard a-t-il été rattrapé ?
F.L.D. : Il y a eu une baisse générale de 5 à 6 %. Par exemple pour le cancer du sein, nous étions à 38 % de dépistage individuel l'année dernière et nous sommes à 30 % cette année. Même si nous n'avons pas rattrapé le retard lié à la crise du Covid19, nous pensions que les pertes, en termes de dépistage seraient plus importantes.
Néanmoins, dans certains cas, il y a pu avoir un an d'écart dans la réalisation du dépistage. Par conséquent certaines personnes ont été diagnostiquées d'une pathologie cancéreuse plus avancée.
• Avez-vous les mêmes inquiétudes pour 2021 ?
F.L.D. : Comme beaucoup de professionnels, je crains un nouveau confinement ou une série de phases d'isolement qui pourraient, une nouvelle fois, retarder les dépistages.
J'espère aussi que la vaccination va prendre. Car le cancer ne s'arrête pas.
Les numéros utiles :
- Dépistage du cancer du sein. Pour les femmes de 50 à 74 ans : 04.95.34.56.78
- Dépistage du cancer colorectal. Pour les hommes et les femmes de 50 à 74 ans : 04.95.73.10.03
- Dépistage du cancer du col de l'utérus. Pour les femmes de 25 à 65 ans : 04.95.73.45.50.
- Site internet : www.crcdc-corse.fr