Ce mardi, le parquet de Bastia a requis un an de prison et 10.000 euros d'amende à l’encontre de Charles Pieri pour recel de bien obtenu à l'aide d'un abus de confiance. Le jugement a été mis en délibéré au 19 octobre prochain.
Mardi 21 septembre, le tribunal correctionnel de Bastia jugeait Charles Pieri et deux salariés de la société de location de voitures Hertz.
Un an de prison et 10.000 euros d’amende ont été requis à l’encontre du militant historique de Corsica Libera pour recel de bien obtenu à l'aide d'un abus de confiance.
La justice le soupçonne d’avoir bénéficié de conditions très avantageuses dans l’utilisation de voitures de location provenant de la SAS Filippi Auto, une agence franchisée Hertz située à l’aéroport de Bastia-Poretta. Selon la procureure de la République, "21 contrats de location au nom de Charles Pieri avaient été saisis entre mai 2017 et mai 2019 sans que les factures correspondantes ne soient établies et enregistrées dans la comptabilité".
Deux autres prévenus comparaissaient également dans ce procès : Antoine Giamarchi et Carine Giamarchi, tous deux en couple et employés de l’agence de location. Le parquet a requis 1 an de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende à l'encontre du mari, ainsi que 5.000 euros d’amende contre son épouse.
Non présent à l’audience, Charles Pieri était représenté par ses avocats, Mes Marc-Antoine Luca et Éric Barbolosi qui ont plaidé la relaxe.
Pour les conseils de l'ex-chef présumé du FLNC, l’accusation cherche par tous les moyens à faire comparaître leur client : "Le recel d’abus de confiance, c’est en fait ce qu’il reste de ce dossier, a indiqué Me Eric Barbolosi. C’est le prétexte pour lequel on est allé le chercher. En fait, on est allé le chercher sur une histoire d’abus de recel d’abus de bien social. Il se trouve que l’abus de bien social n’était pas caractérisé, donc on a essayé de caractériser un abus de confiance qui, en l’espèce, n’existe pas."
La procédure sur les armes abandonnée
Dans le cadre de cette même enquête, plusieurs armes à feu auraient été découvertes en juillet 2019 au domicile de Charles Pieri. Durant la perquisition, ce dernier s’était plaint d'un problème de santé. Il avait demandé à être examiné par un médecin et avait dû quitter son domicile. Afin de poursuivre leur perquisition, les forces de l'ordre avaient été obligées de faire appel à deux témoins, en l’occurrence deux militaires. Mais ces derniers avaient remis en cause le procès-verbal des policiers, refusant de le signer. Entachée d'irrégularités, la procédure relative aux armes découvertes avait donc été abandonnée.
Ce mardi à Bastia, le tribunal ne jugeait donc que le volet concernant les locations de voitures.
Pour la défense de Charles Pieri, la justice s’est servie de la personnalité de son client pour l’assigner en justice : "Il y a eu des affaires diverses et variées où à chaque fois on trouve un prétexte pour aller le chercher en se disant que, comme il craint pour sa vie et que comme il a été victime de tenatives d’assassinat, on a des chances de le trouver armé, explique Me Barbolosi. Dans le cadre de la poursuite sur la législation sur les armes, ça n’a pas marché parce que, manifestement, il y a eu des gosses erreurs de procédure commises par les enquêteurs dans les perquisitions, à tel point que les militaires de l’armée française qui ont assisté à la perquisition ont refusé de signer les procès-verbaux parce qu’il n’était pas conformes à ce à quoi ils avaient assisté."
Délibéré le 19 octobre
Pour Julien Pinelli, avocat de Carine Giamarchi, employée de l'agence Hertz, "ce dossier s'inscrit dans un contexte sans lequel il n’aurait jamais franchi la barre du tribunal correctionnel." Et d'ajouter : "Il était important de l’indiquer au tribunal qui le savait également. C’est avant tout sur le terrain du droit qu’il convenait de faire une démonstration aujourd’hui qui doit conduire, nous l’avons démontré, à la relaxe de ma cliente. Et ce non pas pour sanctionner en quelque sorte une procédure dont nous avons rappelé également les différentes carences, mais simplement parce qu’en l’espèce, le parquet n’a pas été en mesure de donner le périmètre exact d’un fait suscpetible d’être reproché à quelqu’un afin d’entrer en voie de condamnation."
Le jugement a été mis en délibéré au 19 octobre prochain, à 14 heures.