Un policier de l'Office Central de Lutte Contre la Criminalité Organisée, Vincent Duszynski, et José Menconi, figure du banditisme insulaire, comparaîtront en avril devant le tribunal correctionnel de Marseille pour destruction de document. Placé en garde à vue, José Menconi avait passé un coup de téléphone à sa compagne pour lui demander de "faire le ménage" avant une perquisition.
Les 8, 9, 10 avril prochains, Jose Menconi comparait pour destruction et recel de document ou objet concernant un crime ou un délit. Vincent Duszynski, commandant de police comparait ces mêmes délits ainsi que pour destruction de document et violation du secret professionnel.
En septembre 2020, les enquêteurs de la Brigade de Répression du Banditisme ont placé sur écoute téléphonique José Menconi, figure du banditisme, ancien braqueur devenu agent immobilier dans le luxe à Saint Tropez.
"Écoute bien...tu vas arriver à la maison...Tu l'appelles, tu lui dis qu'il vient chercher le 4X4 noir dans la nuit...dans la chambre il y a un gilet...Tu le jettes ! Il y a aussi 2 à 3000 euros, tu les gardes pas sur toi... Demain ils vont perquisitionner."
Au téléphone, José Menconi s'adresse à sa compagne, il lui demande de "faire le ménage" chez lui dans une villa de Saint Tropez avant une perquisition.
Problème : José Menconi se trouve alors en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Ajaccio. Il est soupçonné d'avoir fourni une aide logistique au gang du Petit Bar lors de la tentative d'assassinat ayant visé Guy Orsoni en septembre 2018.
Les précisions dans notre reportage ci-dessous :
Comment l'ancien braqueur a-t-il pu bénéficier de cette faveur ? Menconi aurait proposé un deal au policier :
S’il peut appeler sa compagne et par conséquent minimiser, voir écarter, son implication dans cette affaire, en échange, il propose aux enquêteurs de les informer sur la personne qui aurait permis à des membres du Petit Bar d'échapper à un vaste coup de filet, le 28 septembre 2020. Dans le but d'obtenir ces renseignements capitaux, les policiers ont autorisé José Menconi à passer son coup de téléphone. Ce type de pratique, qui consiste à "dealer" une information importante contre un arrangement, n'est pas rare dans la police.
Alertée par la PJ de Versailles, la juge d'instruction - qui n'était pas au courant de cet arrangement - a alors décidé d'ouvrir une enquête. Elle donnera donc lieu au procès qui se tiendra au printemps prochain.
Pour sa défense, Vincent Duszynski, le commandant de police mis en cause, a indiqué avoir prévenu sa hiérarchie avant de laisser José Menconi téléphoner à sa compagne.
Contacté, l'avocat de José Menconi n'a pas souhaité s'exprimer.
Cette affaire concernant des fuites policières - dont auraient bénéficié certains membres du gang du Petit Bar pour échapper à la Police - avait provoqué des remous au sein de la police de Corse.
La juge d'instruction avait décidé de dessaisir la police judiciaire. Plusieurs fonctionnaires avaient été mutés. Les investigations avaient ensuite été confiées à la Gendarmerie de Corse.