Comme l’ensemble du territoire national, la Corse est confrontée à une pénurie de médicaments. Certains pharmaciens se disent épuisés par la situation. C’est le cas de Paule Duchaud-Lucchini à Ajaccio.
« On est en train de péter les plombs. On ne sait plus à quel saint se vouer », lance Paule Duchaud-Lucchini, pharmacienne à Ajaccio.
Comme sur l’ensemble du territoire national, la Corse fait face à une pénurie de médicaments. « Il nous manque ceux dont nous avons le plus besoin pour faire face à la triple épidémie de Covid, grippe et bronchiolite », continue-t-elle.
Ainsi, son officine ne dispose plus d’aérosols et est en très forte tension concernant certains antibiotiques et corticoïdes sous forme orale ou inhalation. Mais ce qui manque surtout, ce sont les formes pédiatriques de certains médicaments. « Il y a une pénurie de matières premières, de principes actifs, mais aussi de conditionnement. Il n’y a plus de gélules, plus de flacons. Il y aura des reconditionnements de forme adulte en forme enfant », détaille la pharmacienne.
Une situation épuisante pour cette professionnelle et son équipe qui ont été forcées de changer leur organisation. « Tous les matins, quelqu’un est bloqué sur l’ordinateur pour faire des demandes aux trois grossistes avec lesquels nous travaillons. On fait ça deux fois par jour… De temps en temps, on arrive à avoir deux ou trois unités de certains médicaments », soupire-t-elle.
12 appels d’urgence en une nuit
La situation est telle que lors de sa dernière nuit de garde, entre le 29 et le 30 décembre, Paule Duchaud-Lucchini a reçu 12 appels d’urgence. « SOS médecins a appelé à 3 heures du matin par exemple. Nous avons réussi à honorer toutes les ordonnances, mais c’est épuisant. Nous sommes épuisés », commente-t-elle.
Afin de gérer au mieux, la pharmacienne est en contact quotidien avec les praticiens de SOS médecins. « On s’entend très bien, et on a leur numéro personnel. On fait le point sur les stocks, surtout au niveau des antibiotiques », précise la pharmacienne.
« Manque d’anticipation »
Le 28 décembre dernier, pour tenter de coordonner cette pénurie de médicaments, l’agence nationale de sécurité du médicament, la direction générale de la santé et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France se sont mis d’accord sur une réunion hebdomadaire. Elle servira notamment à faire le point sur les stocks, les médicaments produits et les problèmes rencontrés au quotidien.
Deux autres mesures ont également été prises suite à une réunion avec le ministère de la Santé : les 200 pharmacies de France qui préparent de l’Amoxicilline pourront le délivrer à d’autres pharmacies d’officine ; une meilleure répartition des médicaments grâce à une livraison uniquement par les grossistes répartiteurs. « Tous les stocks sont réquisitionnés pour les hôpitaux, on ne peut plus passer de commande aux laboratoires. On ne peut demander qu’aux grossistes et tout est contingenté », commente Paule Duchaud-Lucchini.
La pharmacienne alerte sur un ras-le-bol des professionnels de santé et insiste sur leur épuisement. « On aurait aimé que ce soit mieux géré. On a déjà connu ça avec le Covid, on attendait plus d’anticipation », souligne-t-elle. La pénurie de médicaments pourrait durer jusqu’au mois de mars.