"La prison des Baumettes est en train de le détruire", Christophe Guazzelli en grève de la faim et de la soif depuis six jours, son avocate alerte sur son état de santé

Placé en détention provisoire dans l'affaire du double assassinat de l'aéroport Bastia-Poretta, et récemment condamné à 10 ans de prison pour trafic de stupéfiants, Christophe Guazzelli a entamé depuis maintenant six jours une grève de la soif et de la faim. Détenu aux Baumettes, à Marseille, il dénonce ses conditions d'incarcération, et un isolement imposé depuis quatre ans.

Un cri d'alerte. Pour Maître Christine D'Arrigo, il y a aujourd'hui urgence : son client, Christophe Guazzelli, serait selon elle dans un état de santé particulièrement préoccupant, et exigerait une hospitalisation immédiate, que l'administration de la maison d'arrêt des Baumettes, où l'homme est détenu, rechignerait encore à lui accorder.

Depuis maintenant six jours, le détenu, âgé de 30 ans, a ainsi entamé une grève de la faim et de la soif. "Le plus préoccupant étant la grève de la soif, qui ne doit normalement pas dépasser cinq jours. Depuis hier, Christophe Guazzelli est donc en danger de mort, son taux de glycémie a chuté", alerte son avocate.

"Depuis hier, Christophe Guazzelli est donc en danger de mort, son taux de glycémie a chuté'

"Je l'ai vu pour la dernière fois jeudi dernier, il était dans un état terrible, poursuit-elle. Déterminé, mais très affaibli physiquement." Placé en détention provisoire dans l'affaire du double assassinat de l'aéroport Bastia-Poretta, et récemment condamné à 10 ans de prison pour trafic de stupéfiants, Christophe Guazzelli est incarcéré depuis deux ans et demi aux Baumettes, à Marseille, dans des conditions qui frôleraient l'inhumanité, selon ses proches.

Quatre années d'isolement continu

"Mon client rentre dans sa quatrième année d'isolement. C'est un régime carcéral qui est extrêmement dur, qui doit normalement ne durer que quelques semaines, pour des personnes radicalisées, les terroristes, les gros profils, c’est-à-dire absolument pas son cas", souffle-t-elle.

"C'est insupportable l'isolement. C'est la prison dans la prison. J'ai des clients qui y ont été confrontés et qui menaçaient de se couper le doigt au bout de quelques semaines. Imaginez-vous, en mars 2020, quand on a été confiné un mois et demi, on n'en pouvait plus, les gens partaient en psychiatrie ou en dépression. Lui, il rentre dans sa quatrième année de confinement, de prison dans la prison."

"C'est insupportable l'isolement. C'est la prison dans la prison."

Un isolement d'autant plus injuste pour Me Christine D'Arrigo, que "d'autres personnes dans le même dossier [du double assassinat de Bastia-Poretta, ndlr], qui ont le même profil que lui, sont tous placés en détention normale depuis des années. Son frère Richard est en détention à Luynes pour la même affaire, sans être à l'isolement. Mais non, pour Christophe Guazzelli, c'est différent, et on se demande bien pourquoi."

Un régime carcéral particulier "incompréhensible"

Justement, les réponses apportées par l'administration pénitentiaire à ce sujet apparaissent incompréhensibles pour l'avocate. "La direction de l'administration a refusé toute demande de rendez-vous avec Christophe Guazzelli. En parallèle, la prison me dit votre client a commis plusieurs incidents en cinq ans de détention. Mais ces incidents, ce n'est rien du tout. On lui a trouvé du fil de pêche dans sa cellule, ce qui n'est pas autorisé. Mais c'était pour faire des colliers pour sa fille. On a trouvé des morceaux de viande, une fois un téléphone, comme à peu près 95% des détenus en France..."

Me Christine D'Arrigo insiste : de sa première journée de détention à aujourd'hui, "il n'y a pas eu de violences, il a toujours été extrêmement respectueux des surveillants, des autres détenus, et a de plus été en détention classique pendant deux ans et demi, ce qui est encore plus insupportable, parce qu'on sait que dans ce cadre il ne met pas le feu à la prison, loin de là. Qu'il a un très bon comportement, et on a voulu le rebasculer à l'isolement comme pour le casser, le détruire psychologiquement, et aujourd'hui on est en train d'y arriver. La prison des Baumettes est en passe de détruire Christophe Guazzelli."

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Placé en détention provisoire dans l'affaire du double assassinat de l'aéroport Bastia-Poretta, et récemment condamné à 10 ans de prison pour trafic de stupéfiants, Christophe Guazzelli a entamé une grève de la soif et de la faim. Détenu aux Baumettes, à Marseille, il dénonce ses conditions d'incarcération, et un isolement imposé depuis quatre ans. On écoute son avocate, Me Christine D'Arrigo, très inquiète quant à son état de santé. ©Axelle Bouschon / FTV

La crainte d'un drame imminent 

Le conseil de Christophe Guazzelli indique avoir effectué depuis le début "tous les recours possibles et imaginables" pour faire cesser ce régime d'isolement. "Nous sommes allés jusqu'au Conseil d'Etat pour le contester, rien n'y a fait. La famille de Christophe Guazzelli se pose vraiment des questions, savoir peut-être si l'administration pénitentiaire ne subit pas certaines pressions extérieures qui font qu'il bénéficie d'un régime carcéral tout à fait particulier. Même l'assassin d'Yvan Colonna n'était pas à l'isolement mais lui oui ? C'est complètement fou."

"Aujourd'hui c'est plutôt de la responsabilité de la direction d'avoir un principe de précaution et de ne pas attendre que Christophe Guazzelli tombe dans le coma ou pire"

L'avocate insiste : son client requiert aujourd'hui une prise en charge médicale plus poussée que celle que ne peuvent lui offrir les services de la maison d'arrêt des Baumettes. Au risque d'un drame imminent. "Qu'attend-on aujourd'hui ? L'année dernière il y a eu deux incidents graves à la maison centrale de Marseille - au moins dont on a entendu parler - : un détenu pris de nausées et de vomissements pour lequel on a mis des heures à faire venir les secours et qui en a succombé. On a aussi quelques mois plus tard un autre prisonnier qui a failli mourir dans sa cellule parce qu'il y avait mis le feu. Je crois qu'il faut faire attention quand un homme est en danger, il faut le soigner, il faut s'en occuper."

"Je sais que le service de soins des Baumettes fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, continue-t-elle, et je dirais qu'aujourd'hui que c'est plutôt de la responsabilité de la direction d'avoir un principe de précaution et de ne pas attendre que Christophe Guazzelli tombe dans le coma ou pire." Me Christine D'Arrigo conclut : "Hospitalisons-le dès ce week-end. Sauvons-le. Il ne mérite pas ça. Quoi qui lui soit reproché."

Contacté, l'administration pénitentiaire de Marseille ne nous a à cette heure pas répondu.

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