Le FC Barcelone et l'identité catalane étudiés au musée de Levie

Le musée de l'Alta Rocca proposait hier, samedi 20 mai, une conférence avec un historien de l'Université de Catalogne, consacrée à l'histoire politique, sociale et identitaire du Barça. Fondé en 1899, le club s'est très vite imposé un bastion anti-franquiste et un étendard de l’identité catalane face au pouvoir central espagnol.

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Més que un club, Plus qu'un club : la devise, prononcée pour la première fois le 17 janvier 1968 dans un discours en castillan de l'alors président du FC Barcelone, Narcis de Carreras, n'a jamais perdu sa popularité au sein du club comme parmi ses supporters.

Aujourd'hui écrit en larges lettres dans les tribunes du Camp Nou, le slogan renvoie à l'histoire socio-politique du Barça. Bien au-delà de la simple dimension sportive, le FC Barcelone s'est construit autour de la défense de la langue et la culture catalane, devenant le porte-voix des revendications autonomistes en Catalogne.

Plus encore, rappelle l'historien Josep Maria Solé i Sabaté, professeur de l'Université de Catalogne et ancien directeur du musée d'histoire de la Catalogne, le club fut également un symbole de résistance central face au pouvoir franquiste (1939-1975).

L'universitaire a tenu, ce samedi 20 mai, une conférence à ce sujet au Musée de l'Alta Rocca, à Levie. Un événement organisé notamment dans le cadre de l'année - non-officielle, mais encouragée par la conseillère exécutive en charge de la Culture et du Patrimoine Antonia Luciani - "de la Catalogne", indique Kewin Peche-Quilichini, le directeur du musée.

Durant une heure, l'universitaire est ainsi revenu sur la construction politique et identitaire autour du désormais célèbre club de football. Ceci en évoquant à plusieurs reprises son rival historique, le Real Madrid, qui aurait à l'inverse, selon Josep Maria Solé i Sabaté, servi de vitrine du pouvoir du général Francisco Franco.

Un club à forte identité

L'histoire du FC Barcelone débute en 1899, date à laquelle un groupe de joueurs étrangers établis à Barcelone, mené par le Suisse Hans Gamper, décide de fonder leur propre club de football, à défaut d'en trouver un où ils pourraient s'inscrire. 

Rapidement, le Barça s'impose comme l'étendart des revendications autonomistes de la Catalogne. Le choix immédiat du catalan, plutôt que le castillan, comme langue officielle du club, en est des exemples les plus marquants.

Interrogé en 2015, à l'occasion du tournage d'un reportage consacré au club pour le magazine Méditérranéo, l'alors vice-président du FC Barcelone, Charles Villarrubi, l'affirme : Le Barça a "toujours été étroitement impliqué dans la vie sociale, économique et politique du pays. On y retrouve toute l'histoire politique et sociale de la Catalogne : tout ce que l'on a connu durant le 20e siècle, les périodes de dictature comme celle de la démocratie. Et c'est la même chose pour l'évolution et le maintien de la culture et de la langue catalane. Le club a souvent symbolisé le seul endroit où l'appartenance à la Catalogne pouvait s'exprimer."

Un bastion de résistance, dans une période noire de l'Espagne, marquée par la succession des dictatures fascistes de Miguel Primo de Revira (1923-1930), puis de Franscico Franco (1939-1977), durant lesquelles les cultures régionales sont réprimées, et l'usage de ces langues, à défaut de l'espagnol, officiellement interdit.

"Finalement, ce stade n'était jamais que le reflet de tous ceux qui revendiquaient leur liberté d'expression."

Le 6 août 1936, en pleine guerre civile (1936-1939), les troupes franquistes fusillent le président du FC Barcelone, Josep Sunyol i Garriga, auquel est reproché son engagement auprès des Républicains. Malgré cela, et à la suite, tout au long du régime franquiste, le stade demeure le seul endroit public où la foule pouvait encore s'exprimer en catalan et revendiquer son opposition à la dictature. Un militantisme devenu ailleurs trop dangereux.

"Bien sûr, il y avait des policiers infiltrés" dans le stade les jours de matchs, indique Charles Villarrubi. "Mais comment voulez-vous contrôler un stade de 120.000 places ? Pendant les dernières années du franquisme, les étudiants, les universitaires, les syndicats, utilisaient les jours de match pour faire connaître leurs revendications. Ils distribuaient des tracts, et essayaient de montrer leur banderole en direct, pendant les rencontres qui étaient souvent télévisées, en réclamant le changement de régime et la fin de la dictature. Finalement, ce stade n'était jamais que le reflet de tous ceux qui revendiquaient leur liberté d'expression."

Au cours des années 1960, la Catalogne connaît un essor économique très important. Une dynamique positive, qui attire près de 2 millions d'Espagnol, venus de partout dans le pays. Cette nouvelle population qui s'identifie rapidement à la Catalogne, et par delà au Barça. À la déception, sans doute, du général Franco, qui voyait dans cet afflux de main d'oeuvre castillane la dillution progressive des revendications nationalistes catalanes. 

Il faut dire que le stade, estime Charles Villarrubi, "est un lieu d'intégration pour ceux qui viennent d'ailleurs. Tous ceux qui viennent de l'étranger pour s'installer en Catalogne, qu'ils soient d'Afrique du Nord, d'Amérique du Sud, ou même d'Asie, une des premières choses qu'ils trouvent pour s'y sentir chez eux, c'est de devenir supporter du Barça. Et ils se rendent au stade pour se sentir des notres. Ce sont des éléments essentiels de l'intégration à la Catalogne, auxquels nous ne renoncerons jamais : le Football Club de Barcelone, et la langue catalane."

Pour revoir le reportage Méditerranéo consacré au FC Barcelone, tourné en juin 2015, par François Tortos et Guillaume Leonetti, et monté par Vanessa Culioli :

durée de la vidéo : 00h06mn15s
Méditerranéo FC Barcelone ©François Tortos, Guillaume Leonetti, Vanessa Culioli / FTV

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