C’est un objet unique qui sera mis en valeur à compter du 15 novembre au musée de l’Alta Rocca. Datée autour de 4.800 avant notre ère, la Venus de Campo Fiorello, découverte dans le Sartenais et aujourd’hui conservée au Cambridge Museum, a connu une histoire rocambolesque à tel point qu’elle a été copiée et vendue au British Museum.

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La Vénus de Campo Fiorello est un unique exemplaire de type déesse mère en Corse. Si cette petite Vénus datée autour de 4.800 avant notre ère fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle, c’est qu’elle est au cœur d’une histoire rocambolesque.  

C’est à Grossa, dans le Sartenais que tout commence. L’objet est découvert au XIXe siècle par un laboureur, un certain Monsieur Lanfranchi. “Cet objet, qui est quand même très particulier, attire son attention, explique Pascal Tramoni, archéologue chercheur associé à la Maison Méditerranéenne des sciences de l'homme à Aix-en-Provence. Il le prend et il le conserve. C’est un peu plus tard que la statuette est connue dans le village, petit à petit. Et puis ça attire l’attention de ce docteur anglais, un savant qui est paléontologue puis archéologue, qui s’appelle Charles Forsyth Major. 

Dans un article du Petit Bastiais, daté de 1905, l’existence de la statuette est attestée. L’auteur, un érudit local, nommé Paul Tomasi écrit : "une petite statuette en stéatite qui je le crois remonte à la fin du néolithique" 

Coup de théâtre 

Forsyth Major en fait l'acquisition pour 20 francs et va se montrer désormais très attaché à la statuette. ” En 1923, reprend Pascal Tramoni, presque un quart de siècle après la découverte de l’objet, il va se trouver chez sa fille en Bavière. Il est déjà âgé, et va décéder là-bas. Et là, on perd la trace de la statuette. On considère même qu’elle est perdue. 

Perdue ? Pas vraiment. La statuette a intégré les collections du British Museum, mais ne fait plus parler d'elle jusqu’à ce que Pascal Tramoni et son équipe s'y intéressent il y a quelques années.  

Les chercheurs consultent les archives et c'est alors un fantastique coup de théâtre. “On commence à sortir des archives qui nous disent qu’il y a une vente aux enchères en 1926, réalisée par le fils de Charles Forsyth Major, et on a les documents d’époque de la vente aux enchères, relate l’archéologue chercheur. Et là, surprise, sur ces documents deux statuettes sont mentionnées. Quand on regarde qui en fait l’achat, on se rend compte que l’une est achetée en 1926 par le Cambridge Museum et l’autre en 1927 par le British Museum. 

“Le geste est hésitant” 

Le catalogue de la vente organisée probablement par les héritiers de Forsyth Major prouve effectivement l'existence d'une première statue, et d'une deuxième statue par la mention "a ditto".  

En avril dernier, Pascal Tramoni part donc en Angleterre pour examiner les jumelles de pierre. La statuette du Cambridge Museum lui semble authentique, quant à celle du British Museum : “Elle semble un peu irrégulière. Il y a un doute parce qu’il y a des traces de reprises, il y a des petites anomalies qui montrent que le geste est hésitant pour obtenir l’objet. 

À partir du 15 novembre, les copies de ces deux Venus seront exposées au musée de l'Alta Rocca. D’autres Venus reste peut-être à découvrir aux abords de Campo Fiorello. En Sardaigne, 13 statuettes du même type ont été retrouvées sur le même site. 

Le reportage de Caroline Ferrer et Franck Rombaldi :

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Pascal Tramoni, Archéologue chercheur associé à la Maison Méditerranéenne des sciences de l'homme à Aix-en-Provence ©France Télévisions
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