Ex-délégué médical, Olivier Josué brigue la députation aux prochaines élections législatives. Candidat Lutte Ouvrière, il entend être le porte-voix des "travailleurs et des opprimés".
À 72 ans, Olivier Josué candidate pour la quatrième fois aux élections législatives dans la première circonscription de Haute-Corse, sous la bannière de Lutte Ouvrière. En 2017, il avait obtenu 0,41% des suffrages exprimés au premier tour. Mais Olivier Josué reste malgré tout bien motivé à porter haut la voix des travailleurs, et les appeler à se soulever contre un système qu'il estime régit "par les capitalistes".
Qu’est ce qui a motivé votre candidature ?
Lutte Ouvrière présente des candidats dans toutes les circonscriptions. Il n'y a pas de raisons qu'on ne se présente pas sur l'île. On entend défendre le programme de Nathalie Arthaud durant les élections présidentielles : un programme de lutte.
Nous on pense qu'il faut absolument qu'il n'y ait pas de revenus en dessous de 2000 euros. Monsieur Castex avait estimé qu'en dessous de 2000 euros on était en difficulté, puisqu'il avait donné la prime à partir ce ne niveau-là. Monsieur Castex avait raison, il nous faut au minimum 2000 euros quand on travaille ou quand on est à la retraite, parce qu'en dessous on commence à avoir des difficultés. Le nombre de retraités qui ont 800 ou 900 euros, ils le savent.
Il faut aussi que les salaires soient indexés sur les prix. C'est à dire les prix augmentent, les salaires et le pensions doivent augmenter automatiquement dans la même proportion.
Troisième point, il faut qu'on puisse voir les comptes des milliardaires, des capitalistes. Les salariés, le monde du travail doit réclamer des comptes aux riches qui sont en train de diriger la société, mais la diriger dans le mur. On nous dit souvent que les petites entreprises ne peuvent pas augmenter le salaire de leurs employés. Et bien, on regarde ! Si elles ne peuvent pas, on ne va pas les étrangler, si elles sont utiles à la société. On va aller voir leurs donneurs d'ordre. Un petit entrepreneur dans le bâtiment, qui est son donneur d'ordre ? Bouygues ? Le milliardaire ? Et bien on va lui demander lui de payer les salariés. Il y a beaucoup de petits entrepreneurs qui sont complètement sous la dépendance des capitalistes, et c'est à ceux qu'il faut demander des comptes.
Est ce que c'est les élections qui nous donneront ça ? Pas du tout, ce sont les luttes. Ce n'est pas en votant Olivier Josué qu'on aura ça, mais Olivier Josué dit qu'il faudra se battre pour avoir ça. 2000 euros, indexer sur les salaires, regarder les comptes des milliardaires.
Ce sont donc les mesures que vous entendez mettre en place en priorité si vous êtes élu député ?
Pas du tout ! Moi, mettre en place tout cela, non pas du tout. Si je suis élu, je dirai toutes nos revendications à l'Assemblée, bien sûr. Je continuerai à dire la même chose. Mais ce n'est pas moi qui pourra mettre cela en place, ce sont les travailleurs.
Vous avez le sentiment que le message est entendu et compris par les électeurs ?
Bien sûr, dans la rue, quand on dit cela, qu'est ce qu'on nous répond ? "C'est utopique, ça n'arrivera jamais, on ne se bat plus..." Et bien non, c'est faux. Parce qu'on sera obligés de le faire. Ce n'est pas nos idées qui sont utopiques.
Ce qui est utopique, c'est croire que le capitalisme va s'améliorer. Ensuite, de penser que ce sont les élections qui vont changer cela. Qu'est ce qui a changé depuis des décennies, avec les changements de présidents, de Premier ministre ? Les travailleurs savent que rien n'a changé. Mais ils ne croient pas dans leur force aujourd'hui.
Nous, on veut essayer de leur redonner le moral en leur disant : c'est vous qui vous occupez de toute la société, si demain les travailleurs, les salariés, s'arrêtent de travailler, plus rien ne fonctionnera. C'est vous les plus forts. Vous n'y croyez pas aujourd'hui, mais on sera obligés de se battre. Autrement, le capitalisme nous pousse à la misère, et en ce moment même à la guerre.
Un cycle de discussions devrait s'amorcer fin juin entre le Gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers un statut d'autonomie. Quelle sera votre stratégie si vous êtes élu ?
Autonomie renforcée, ça veut dire quoi exactement ? Celui qui peut aujourd'hui me dire ce qu'implique précisément ce projet, je l'attends. C'est tellement flou, on met tout et n'importe quoi là dedans.
Très souvent, ils prennent l'exemple de la Polynésie. Cela fait près de 50 ans qu'ils l'ont là bas. Et des gens couchent toujours dans la rue, et il y a de la misère, des gens qui font la manche. Qu'est ce que ça a changé pour les pauvres ? Cela a peut-être changé pour certains politiciens qui ont eu des places, qui ont pris du gallon, d'accord, ils ont peut-être plus de pouvoir, mais pour la population ? Il ne faut pas que les travailleurs se fassent rouler dans la farine, qu'elle soit de blé ou de châtaigne.
Et si toute la population choisissait l'indépendance, la seule question à poser, c'est sous la direction de qui ? De la bourgeoisie qui le fera en fonction de ses seuls intérêts ou des travailleurs qui le feront dans l'intérêt de toute la population ?
Nous, au sein de Lutte Ouvrière, nous sommes pour l'autonomie renforcée des salaires, des travailleurs. Aujourd'hui, le monde du travail n'est pas autonome. Il est complètement sous la dépendance des grands capitalistes. Les retraités dépendent de leur retraite minable. Cette autonomie des travailleurs, nous pensons qu'il faut qu'ils luttent pour ça.
Oui, l'indépendance face aux riches, l'indépendance face à la bourgeoisie. On est pour cette autonomie et indépendance là, c'est à dire une indépendance sociale, de classe.
Si vous êtes élu, quelle sera la stratégie adoptée à l'Assemblée nationale ?
Ce que je dis ici, je le redirais à l'Assemblée nationale si je suis élu. J'essaierai d'être le porte-voix des travailleurs, des opprimés et des pauvres. Si par hasard, grand hasard, il y avait une loi favorable aux travailleurs, je la voterai évidemment. Mais je n'y crois pas beaucoup.
Par contre tous les mauvais coups qui se prépareront là haut contre les travailleurs, je les dénoncerai à l'Assemblée. Et j'encouragerai les travailleurs, les ouvriers, les employés, à se défendre. Et j'invite tous ceux qui m'écoutent, me lisent, de me rejoindre, me contacter. Car il faut que toutes les personnes, tous ceux qui ont envie que cela change, il faut créer ensemble des groupes, des réseaux de résistance à la bourgeoisie.