Législatives 2022 : comment Ipsos calcule les premières estimations en Corse

Dimanche soir, pour le premier tour de l’élection législative, France 3 Corse ViaStella bénéficiera de nouveau des estimations de son partenaire Ipsos-Sopra Steria. Directeur général d’Ipsos Public Affairs, Jean-François Doridot explique la méthode utilisée par l’institut de sondage afin de calculer les premiers résultats partiels du scrutin, dévoilés ce dimanche dès 20 heures.

France 3 Corse ViaStella : Depuis les Législatives de 2017, Ipsos-Sopra Steria fournit à France 3 Corse les premières estimations des résultats à 20 heures. Ce sera une nouvelle fois le cas ce dimanche à l'occasion de la soirée spéciale élections...

Jean-François Doridot : Oui. On s’occupe de figer et de donner les résultats. Ce dimanche, pour France 3 Corse, nous ne faisons pas un sondage mais une estimation. On se base sur un échantillon de bureaux de vote dans les quatre circonscriptions de l’île. On en a donc choisi une trentaine par circonscription. Lorsqu’on fait un sondage, on se base sur un échantillon de personnes en appliquant ce qu’on appelle la méthode des quotas. C’est-à-dire qu’on essaie d’avoir quelque chose qui soit le plus représentatif en termes d’hommes, de femmes, de profession, de géographie… Là, c’est un peu pareil, sauf qu’on le fait sur un échantillon de bureaux de vote. On a essayé de disperser ces bureaux géographiquement afin qu’il y en ait dans toutes les communes en fonction de leur poids démographique dans la circonscription.

Sur quelles élections vous basez-vous pour réaliser votre estimation ?

Dans ces différents bureaux de vote sélectionnés, on a regardé le résultat du premier tour des Législatives 2017 et celui des Territoriales 2021 dans l’île. A partir de là, on essaie de construire dans chaque circonscription un échantillon qui respecte le poids des communes et qui soit le plus proche possible du résultat des communes de 2017 et 2021.

Comment récupérez-vous les premières informations du bureau de vote ?

Nous disposons d’un correspondant dans chaque bureau de vote sélectionné. Cette personne va nous contacter à différentes étapes de la soirée : il va nous appeler juste après 18 heures, quand le président du bureau aura donné le nombre de votants dans son bureau. Cela va nous permettre de calculer l’abstention. Ensuite, il va nous rappeler dès que les 200 premiers bulletins auront été dépouillés. Cela va nous permettre d’avoir un résultat partiel du bureau de vote. Cela dépend de la participation mais aussi du nombre de tables de dépouillement qu’il y a par bureau de vote. C’est une opération qui va se passer entre 18h35 et 19h pour les bureaux les plus tardifs. Ensuite, notre correspondant va nous rappeler une dernière fois pour nous donner le résultat définitif du bureau.

Ensuite, vous donnez le premier résultat partiel à 20 heures…

À 20 heures, on considère que l’on donne une estimation. Ce n’est pas du sondage mais ce n’est pas non plus du comptage. On n’additionne pas le résultat des 30 bureaux de vote pour donner le résultat de la circonscription. Pas du tout. En fait, c’est un système statistique qui va essayer de comparer bureau de vote par bureau de vote le résultat de dimanche par rapport à celui des Territoriales de l’an passé. À partir de là, on essaie de faire des équations par candidat. Exemple : on peut se dire que le candidat nationaliste dans cette circonscription représente en gros 80% du vote de Gilles Simeoni, plus 10% du vote d’une autre liste nationaliste aux dernières Territoriales. Le système repose donc sur de la comparaison par rapport aux élections passées, bureau de vote par bureau de vote. Ensuite, il projette cela sur l’ensemble de la circonscription en se disant que ce résultat-là est le plus probable.

L’estimation donnée à 20 heures est-elle fiable ?

Oui, mais il y a une petite limite. C’est un tout petit peu moins fiable en Corse qu’ailleurs. Je m’explique : le système repose sur la comparaison avec des élections passées. En Corse, il y a un phénomène plus fort que sur le Continent de personnalisation du vote et notamment de personnalisation géographique du vote. Le fait que tel candidat soit originaire de telle ville, de telle vallée ou de tel village fait que d’une élection à l‘autre, on peut par exemple voter massivement nationaliste à un scrutin, puis pour un candidat de droite ou de gauche à celui d’après ; le candidat choisi par l'électeur peut certes moins correspondre à ses idées mais il peut être du même coin ou du même village que lui. L’électeur se dit qu’il pourrait peut-être mieux défendre ses opinions, ainsi que les intérêts du village ou de la ville. Ça, c’est beaucoup plus marqué en Corse qu’ailleurs sur le Continent.

"Avec l’expérience que l’on a des Législatives de 2017 et des Territoriales de 2021, cela devrait nous permettre d’avoir des résultats déjà très précis ce dimanche à 20 heures."

Jean-François Doridot

Avez-vous constaté d’autres différences ?

Quand on a commencé à estimer en Corse, pour les Législatives de 2017, on craignait un peu, selon certains clichés, que l’on mette du temps à dépouiller. Or, l’un des particularismes de la Corse, c’est que le dépouillement est souvent beaucoup plus rapide que sur le Continent. Je n’ai aucune preuve mais je pense que cela est dû au fait que cela intéresse davantage, même si ce n’est pas pour autant qu’il y a une participation plus élevée dans l’île. Je pense qu’au moment du dépouillement, il y a plus de tables de dépouillement. En effet, la rapidité dépend du nombre de ces tables et il y en a plus en Corse que sur le Continent car il y a plus de gens qui s’intéressent et veulent voir les résultats sur place. C’est donc une question d’intérêt.

Après 20 heures, comment se poursuit votre travail ?

Il s’arrête au moment où on a le résultat définitif de la trentaine de bureaux de vote de la circonscription. Si nous étions sur une circonscription classique du continent avec 25, 26 ou 27 bureaux, ce résultat ne pourrait plus beaucoup évoluer. Là, en Corse, il y a des endroits que l’on commence à identifier. On sait que si on n’a pas tel bureau de vote car on sait que ça vote plus qu’ailleurs, cela va un peu perturber le système. C’est donc pour cela que je dis que le système fonctionne en Corse mais un tout petit peu moins bien que sur le Continent. Néanmoins,  à l’arrivée, avec l’expérience que l’on a des Législatives de 2017 et des Territoriales de 2021, cela devrait nous permettre d’avoir des résultats déjà très précis ce dimanche à 20 heures.

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