Député sortant de la première circonscription de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Ferrara ne sera pas candidat à sa propre succession. Il l’a annoncé ce vendredi via un communiqué.
Depuis quelque temps, le doute planait sur la candidature de Jean-Jacques Ferrara aux prochaines Législatives. Vendredi 13 mai, le député sortant de la première circonscription de Corse-du-Sud l'a levé.
Dans un communiqué, il a annoncé qu’il ne se présenterait pas au scrutin législatif des 12 et 19 juin prochains.
Une décision qui tombe une semaine après que Laurent Marcangeli, aux côtés duquel il a longtemps fait cause commune, a officialisé sa candidature dans cette même circonscription. Ce qui a visiblement surpris le chirurgien maxillo-facial ajaccien qui avait été son suppléant en 2012 avant d’être lui-même élu au Palais Bourbon en juin 2017.
"Aujourd’hui, écrit Jean-Jacques Ferrara, passée la stupeur d’un revirement inattendu, et après avoir pris le temps nécessaire de la réflexion, j’estime que la configuration qui m’est imposée ne permet plus de porter un engagement politique conforme à mes valeurs et d’à nouveau solliciter honorablement les suffrages des citoyens de la 1ère circonscription de la Corse du Sud."
Chemins politiques séparés
En février dernier, dans Corse-Matin, Jean-Jacques Ferrara avait pourtant confié que le duo qu’il formait depuis des années avec Laurent Marcangeli avait "de beaux jours devant lui". Mais les élections présidentielles, l'affaiblissement de la droite et du centre et peut-être aussi les opportunités nationales du maire d'Ajaccio ont semble-t-il changé la donne. Et quelque peu séparé les chemins politiques des deux hommes liés par une forte amitié.
Pour l'élection présidentielle, le président de la fédération Les Républicains de Corse-du-Sud avait soutenu la candidate de son parti, Valérie Pécresse, alors que le maire d’Ajaccio - qui avait quitté LR en 2018 - s’était quant à lui rangé derrière Emmanuel Macron tout en rejoignant le nouveau parti Horizons d’Edouard Philippe.
Au soir du second tour, la question d'un éventuel ralliement du député Ferrara à Horizons pour les Législatives s'était également posée. Il n'en sera rien.
La semaine dernière, à notre micro, Laurent Marcangeli était revenu sur sa candidature et sur ses " relations anciennes" avec Jean-Jacques Ferrara.
Le maire d’Ajaccio avait notamment qualifié cette décision comme " la plus difficile à prendre de sa carrière politique". Et d’ajouter : "Parfois, les idées et la conception de l’action publique que nous défendons peuvent malheureusement prendre le pas sur les rapports humains et individuels. J’ai discuté avec Jean-Jacques Ferrara, je lui ai fait part de ma décision. Je pense que si je n’avais pas pris cette initiative aujourd’hui, peut-être que le député sortant n’aurait pas été en mesure de créer une dynamique positive en vue d’une réélection au soir du 19 juin."
"En Corse comme à Paris"
Dans son communiqué, Jean-Jacques Ferrara est revenu sur ses cinq années passées à l’Assemblée nationale. Un mandat au cours duquel il était le seul député non nationaliste de l’île.
Membre du groupe Les Républicains, il a notamment siégé au sein de la commission de la Défense nationale et des forces armées. Certains le lui ont d’ailleurs reproché, pointant un détachement par rapport au contexte insulaire. Lui s’en défend et répond : "Loin de rester cantonné aux questions de défense, j’ai pris part aux travaux parlementaires les plus structurants et à tous ceux concernant la Corse, et interrogé régulièrement le Gouvernement quant à ses intentions ou ses propositions relatives à notre île. Tout récemment, à la suite de l’assassinat dont a été victime Yvan Colonna à la prison d’Arles, j’ai participé aux auditions organisées en urgence par la commission des Lois pour tenter de faire la lumière sur le déroulement des événements."
Toujours au sujet de son bilan, Jean-Jacques Ferrara poursuit : "Agissant en bonne intelligence avec mes trois collègues députés de Haute-Corse et de la 2ème circonscription de la Corse du Sud, j’ai aussi travaillé tout au long de mon mandat avec des représentants de la majorité comme de l’opposition, en Corse comme à Paris, et consacré mon énergie à une meilleure prise en compte des intérêts de notre territoire et à la construction d’un avenir plus juste, plus sûr et plus heureux pour nos enfants."
Même s’il ne repart pas en campagne, le député sortant conclut son propos en disant qu’il reste "loyal à ses convictions et disponible pour mener avec d’autres bonnes volontés de justes combats, partout où ils seront nécessaires".
Il rappelle également qu’il restera "attentif et vigilant à l’évolution de la situation, et notamment des débats qui pourraient s’ouvrir s’agissant du statut de la Corse".