Pari réussi pour la famille nationaliste : cinq ans après leur première élection, Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani retrouvent leur siège au Palais Bourbon. Des députés qui accusent néanmoins chacun une baisse de leur nombre de voix, dans un scrutin marqué par un fort taux d'abstention.

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Tout tremble, mais rien ne bouge. Ou presque.

À l'issue d'une soirée électorale animée, ce dimanche 19 juin, les trois députés nationalistes confirment pour un second mandat. En lice dans la première circonscription de Corse-du-Sud, Romain Colonna, candidat Femu a Corsica, s'incline lui face à Laurent Marcangeli, mais en obtenant un score historique pour le territoire, avec 3,5 points d'écart seulement.

Soulagement pour les militants et élus nationalistes qui se sont empressés de saluer cette victoire, à l'instar de Gilles Simeoni. Le président du Conseil exécutif y voit là l'envoi d'"un message fort à la veille du processus de négociation qui doit s'ouvrir avec l'État, pour déboucher sur une solution politique globale".

Parti cette fois divisé plutôt que sous la bannière de l'alliance Pè a Corsica, et ne bénéficiant plus de l'attrait de la nouveauté - après cinq ans passés sur les bancs du Palais Bourbon -, le camp nationaliste a réussi à se maintenir, balayant les critiques et les oiseaux de mauvais augure que certains voyaient survoler l'élection.

Victoires sans triomphe

Mais ce score reste à mettre en perspective. Dans la première circonscription de Haute-Corse, avec 63,01 % des suffrages, Michel Castellani est le député insulaire le plus confortablement élu. Avec 5.669 voix de plus que son adversaire Julien Morganti, il s'impose sans difficulté.

Mais si l'élu Femu a Corsica augmente son précédent score d'un peu plus de deux points (60,81 % alors), il perd quelque 2500 voix : 13.724 électeurs pour ce scrutin, contre 16.279 en 2017 (-2.555 voix). 

Même constat pour Paul-André Colombani, dans la seconde circonscription de Corse-du-Sud : avec 57,61 % des suffrages réunis, le député sortant progresse de deux points (55,22 % au second tour en 2017), mais l'emporte avec 1.891 voix de moins.

Dans la seconde circonscription de Haute-Corse, pour Jean-Félix Acquaviva, le constat est encore plus nuancé : élu sur le fil avec 50,23 % des suffrages (contre 63,05 % en 2017), soit 156 petites voix seulement de plus que son concurrent François-Xavier Ceccoli, l'ancien secrétaire national de Femu a Corsica chute rudement en cinq ans, laissant sur le bas côté 4.525 électeurs (16.777 voix récoltées pour ce scrutin contre 21.302 pour le précédent). Décevant, pour celui qui misait un temps sur ses chances de passer dès le premier tour, et qui analyse là des manœuvres et des forces politiques "diverses qui n'avaient pour seul projet que de faire chuter Jean-Félix Acquaviva et Gilles Simeoni".

Les députés sortants perdent 8.971 voix en cinq ans

Trois victoires donc, mais trois victoires sans grand triomphe. Au total, le nombre de voix récoltées par les trois députés a chuté d'environ 16,5 % en cinq ans, passant de 54.218 voix en 2017, à 45.247 voix en 2022. Soit 8.971 voix de moins, quand le nombre d'inscrits a pourtant bien augmenté : +10.041 potentiels votants en Corse, l'île passant de 233.488 électeurs inscrits en 2017 à 243.529 en 2022.

Compter les voix obtenues par Romain Colonna -11.195 au second tour -, dans la première circonscription de Corse-du-Sud renverse ce calcul à l'avantage de la famille nationaliste, faisant grossir le total à 56.442 votes, soit 2.224 de plus en cinq ans. Une progression qui reste néanmoins là encore en deçà des scores espérés. 

Divisions nationalistes

Comment expliquer, alors, ce recul de voix pour les trois parlementaires sortants ? Première piste d'éclaircissement : les divisions déjà mentionnées parmi les nationalistes, qui ont conduit à la présentation, dans trois des quatre circonscriptions, de plusieurs candidats issus de la mouvance mais de partis différents.

Soutenus par Corsica Libera dans les première et deuxième circonscriptions de Haute-Corse, Petru-Antone Tomasi et Lionel Mortini, qui n'ont pas franchi le seuil du premier tour, n'ont pas appelé à voter pour le candidat Femu a Corsica de leur territoire respectif.

Si des transferts de voix ont bien été recensés malgré tout - Jean-Félix Acquaviva l'emporte d'une (très) courte tête à Belgodère, commune dont Lionel Mortini est le maire, avec 4 voix d'avance -, la position a forcément été inconfortable aux candidats toujours en lice, bien loin du front uni de Pè a Corsica.

Dans la première circonscription du Pumonte, le candidat nationaliste Jean-Paul Carrolaggi, arrêté aux portes du second tour avec 12,69 % des suffrages, avait quant à lui indiqué son intention de glisser un bulletin Romain Colonna ce dimanche, sans toutefois donner de consigne de vote à ses électeurs.

Seule exception, Paul-André Colombani. Le candidat du PNC était l'unique représentant de la mouvance nationaliste dans sa circonscription, la seconde de Corse-du-Sud. Il a donc bénéficié d'un large soutien de la famille, dont celui du parti majoritaire, Femu a Corsica.

Une élection sur fond d'abstention record

Deuxième explication pointée, l'abstention. En Corse comme à l'échelle nationale, son ombre n'a cessé de planer au-dessus du scrutin. À l'exception de la première circonscription de Corse-du-Sud, où elle recule de près de 7 points par rapport aux élections de 2017, elle progresse de façon conséquente dans l'ensemble de l'île.

Si le nombre d'inscrits a augmenté dans chaque circonscription, ils sont ainsi 4.493 électeurs de moins à avoir fait le déplacement, cinq ans après, dans la seconde circonscription du Pumonte, et 761 de moins dans la seconde du Cismonte.

Le record du nombre d'abstentionnistes appartient à la première circonscription de Haute-Corse, avec une augmentation de 11 points (61,61 % d'abstention). Bastia et ses alentours représentent le territoire où les électeurs ont le moins voté, en pourcentage comme en nombre (- 5.317 votants). 

Désintérêt pour la chose politique ou désaveu des candidats présentés, en Corse comme à l'échelle nationale, l'abstention s'impose presque comme la vraie gagnante du scrutin. Au risque de soulever des questions de la représentativité réelle des élus, titulaires du vote d'une partie de plus en plus minoritaire de la population.

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