Législatives 2024. "Il faut voter Marcangeli, Colombani, Acquaviva et Castellani", l'appel de Gilles Simeoni après la percée du Rassemblement National

Alors que le Rassemblement National est arrivé en tête du premier tour des élections législatives en France, la Corse ne fait pas figure d'exception. Les candidats du parti de Jordan Bardella se sont qualifiés dans les quatre circonscriptions. Un "tremblement de terre" pour Gilles Simeoni, le président de l'exécutif Corse, qui a réagi sur le plateau de France 3 Corse.

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Les résultats du premier tour de ces élections législatives sont historiques en Corse. L'île n'a pas échappé à la vague bleu marine nationale. En effet, le Rassemblement National sera représenté au second tour dans les quatre circonscriptions de l’île. "Ce qui se passe ce soir en France est un véritable tremblement de terre", a annoncé Gilles Simeoni, le président de l'exécutif corse, invité sur le plateau de France 3 Corse.

4 candidats du Rassemblement National sont au second tour des législatives en Corse, deux d'entre eux sont arrivés en tête au premier tour. Est-ce que vous vivez cela comme un échec personnel ? 

C'est un moment politique, extrêmement douloureux, en Corse et en France, sans évoquer l'Europe. Ce qui se passe aujourd'hui en France est un tremblement de terre avec une vie politique qui explose et un raz-de-marée : celui du vote en faveur de l'extrême droite. La Corse a été emportée dans ce mouvement d'ensemble. 

Il n'y a plus d'exception politique en Corse ? 

On ne peut pas souligner les mérites de la démocratie lorsque l'on gagne et s'en affliger lorsque l'on perd. Je prends acte de ce vote, je respecte les électrices et électeurs qui se sont exprimés en faveur du Rassemblement National.

Cependant, la situation politique, écrite ce soir en France et en Corse, est radicalement nouvelle. Cela nous impose de repenser profondément l'action politique, y compris en tant que nationaliste mais aussi chez l'ensemble des progressistes, les responsables, les élus et les citoyens. Il y aura des choses à changer très profondément sur le court, sur le moyen et sur le long terme.

À notre échelle, Gilles Simeoni, le processus politique initié est-il fini ? 

Il est fini dans la forme que nous avons connue jusqu'à aujourd'hui puisqu'à l'évidence, la majorité parlementaire qui sortira des urnes dimanche prochain ne sera pas en état et n'aura probablement pas la volonté de poursuivre le processus sous cette forme-là. Il va falloir s'organiser, réagir et résister.

Avant de parler de la France, parlons de la Corse. Même si je respecte profondément les électeurs du RN, avec ce second tour, c'est une nouvelle élection qui commence. Il faut le dire très clairement : le parti du RN avec ses valeurs, sa vision de la société et son projet ou plutôt son non-projet qu'il a pour la Corse, est aux antipodes de ce que nous voulons faire. 

En clair, quelle doit être la position ? Il faut voter Marcangeli, Colombani, Acquaviva et Castellani ?

En ce qui me concerne, c'est une évidence. J'ai soutenu la position de la majorité territoriale qui a toujours été claire, quel que soit le cas de figure. C'est de dire lorsqu'il y a des nationalistes, nous ne présentons pas de candidats. Par exemple, lorsqu'il y avait Paul-André Colombani, il y avait deux candidats nationalistes, on a dit que l'on votera un candidat nationaliste au premier tour et le candidat nationaliste au 2ème tour. Donc bien sûr, il faut voter en faveur de Paul Andre Colombani.

Il y a un cas singulier qui est la première circonscription de Corse-du-Sud, je sais que Romain Colonna aura à s'exprimer puisqu'il s'est présenté et qu'il a réalisé un score où il a progressé aussi bien au niveau du pourcentage qu'en voix. Cette situation nous montre le monde nouveau dans lequel nous sommes entrés. Il n'y a pas que de la politique, il y a également une réflexion à avoir sur la situation en Corse et sur sa sociologie.

Vous dites qu'il y a une réflexion sociologique mais ces résultats sont ils le fruit d'une division entre nationalistes et de l'usure du pouvoir ?

Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu, mais la réalité de ce soir avec la victoire du RN au premier tour, ce n'est pas seulement à cause des divisions des nationalistes. C'est aussi des éléments très importants qui viennent d'ailleurs, de l'ensemble français, de l'évolution de notre société. Il faut l'écouter. Alors moi ce soir, oui, je pense qu'il faut voter Laurent Marcangeli, qui est pourtant notre adversaire politique, mais qui s'est battu pour l'autonomie.

Cependant, j'ai noté que Julien Morganti appelle tout le monde à voter au deuxième tour mais qu'il laisse la liberté de choix et refuse de choisir entre le candidat du RN et Michel Castellani. C'est sa responsabilité, c'est une responsabilité qui est très lourde. Il a dit que c'était une décision collective, à l'unanimité, je n'en suis pas sûr, y compris dans ses troupes. Sa décision politique, il devra l'assumer au second tour.

Et ensuite, j'ai entendu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, Jean-Christophe Angellini qui a été très clair sur le barrage au Rassemblement National mais qui n'a pas appelé clairement à voter Jean-Felix Acquaviva dans la deuxième circonscription de Haute-Corse. On sait aussi qu'au premier tour, un certain nombre d'élus et responsables du PNC qui ont voté et fait voter pour François-Xavier Ceccoli. C'est leur droit le plus absolu mais je crois que ce soir les choses sont claires dans la 2ème circonscription : il y aura à choisir au 2ème tour entre trois visions différentes. Moi celle que je soutiens très clairement c'est celle que porte Jean-Felix Acquaviva. Je pense que beaucoup d'électeurs pourront également faire ce choix.

Vous y croyez toujours dans la deuxième circonscription de Haute-Corse ? 

Il y a davantage de possibilités de progression pour Jean-Félix Acquaviva que pour François-Xavier Ceccoli. Il y a 2400 voix d'écart avec Jean-Felix Acquaviva. C'est un deuxième tour, c'est une nouvelle élection qui commence. Les Corses devront les déterminer puis il faudra tirer les leçons de qui s'est passé ce soir. En ce qui nous concerne, nous continuerons de nous battre pour les valeurs fondamentales auxquelles nous croyons pour la société corse. 

Mais vous auriez pu prendre une autre solution dans la deuxième circonscription de Haute-Corse : vous désister au profit de François-Xavier Ceccoli ? 

Non, il n'y a pas de raison de se désister. Jean-Félix Acquaviva est deuxième, il est en situation de gagner. Il se serait désisté s'il avait été troisième et s'il y avait eu un risque d'élection du RN. Là, il y a trois options, clairement différentes, antagonistes, il appartiendra aux électrices et aux électeurs de choisir. 

Comment vous voyez votre avenir politique, car aujourd'hui le nationalisme connaît une défaite, quelle est votre stratégie à l'avenir ?

À l'échelle de la France, le cataclysme qui arrive aujourd'hui, précipité par les résultats des élections européennes et par la dissolution, vient de loin. Depuis des décennies, on prévient "attention à l'extrême droite" et la Corse n'a pas fait figure d'exception.

Nous, qui avons été choisis par les Corses, nous sommes aussi responsables de cette situation. Il nous appartiendra de tirer les conséquences dans notre façon de gouverner, dans notre façon de nous adresser à eux, mais ce sera du moyen long terme. D'abord, deuxième tour des élections législatives : aux Corses de se déterminer.

Pour visionner la réaction de Gilles Simeoni, le président de l'exécutif face à la percée du Rassemblement National, voici la vidéo :

durée de la vidéo : 00h08mn34s
La réaction du président de l'exécutif à la percée du Rassemblement National "ce qui se passe ce soir en France est un véritable tremblement de terre" ©France 3 Corse Via Stella

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