"Un tremblement de terre", "une situation historique", "pas une surprise" : les réactions des élus en Corse à la percée du Rassemblement National

Ce dimanche 30 juin, le Rassemblement National est arrivé en tête du premier tour des élections législatives. La Corse ne fait pas figure d’exception : les candidats du parti de Jordan Bardella se sont qualifiés au second tour dans les quatre circonscriptions. Une première dans l’île. Pour l’ensemble des forces politiques en présence, ce résultat n’est cependant pas "forcément une surprise".

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Au soir du premier tour des élections législatives, la Corse n’aura pas échappé à la vague bleu marine nationale. En effet, le Rassemblement National sera représenté au second tour dans les quatre circonscriptions de l’île.

Un résultat qui ne surprend pas vraiment la plupart des candidats en lice. À commencer par Valérie Bozzi, arrivée troisième dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud. "Le président de la République a pris un risque en demandant la dissolution de l’Assemblée nationale après les Européennes, analyse la candidate divers droite battue par le député sortant Paul-André Colombani et le représentant du RN François Filoni. On savait qu’il y avait une poussée du Rassemblement national, elle se confirme aujourd’hui. Il faudra voir quelle majorité il aura à l’issue du second tour mais, effectivement, le risque s’est confirmé."

Pour autant, la maire de Grosseto-Prugna ne s’attendait pas à un tel résultat : "Je pensais que sur une élection législative on revenait quand même à un vote local. Visiblement, non. L’étiquette l’a emporté dans ces élections-là. Tant au niveau local que national, la poussée est forte."

De son côté, François-Xavier Ceccoli - qui affrontera au second tour le député sortant Jean-Félix Acquaviva et la candidate RN Sylvie Jouart – appelle au respect des électeurs du parti de Jordan Bardella : "On voit bien que le RN représente, je crois aujourd’hui, 11 000 électeurs dans ma circonscription. Il faut respecter aussi ces électeurs-là comme tous autres les électeurs. Après, vous dire ce que chacun fera au second tout, je ne peux pas parler en leur nom mais moi je respecte encore une fois ce que le peuple décide."

On n’a pas voté pour des personnes mais pour une affiche, pour une marque.

Marc-Antoine Leroy, candidat communiste dans la première circonscription de Corse-du-Sud

Hormis le délégué national François Filoni, les candidats du RN en Corse sont très peu connus de la scène politique insulaire. Pour le communiste Marc-Antoine Leroy, quatrième de ce premier tour dans la première circonscription de Corse-du-Sud, ces derniers ont bénéficié de la vague bleu marine qui a déferlé au niveau national.

"Je crois qu’ils profitent de la stratégie Bardella premier ministre. On n’a pas voté pour des personnes mais pour une affiche, pour une marque. Je pense que depuis 7 ans de Macronie on a une politique antisociale très violente. On a eu beaucoup de déni de démocratie. Les gens avec qui on a pu discuter nous disent que le 49/3 a fait beaucoup de mal. La démocratie représentative a pris un coup avec tout ça", estime le candidat du nouveau front populaire.

Sur les racines de ce vote, Marc-Antoine Leroy analyse : "Vous savez, on l’entend tous cet argument : « on ne les a pas essayés donc on va tenter ». Je m’en désole et je ne blâme pas les électeurs qui se tournent vers le RN. Il faudra aussi que ce parti soit mis contre ses contradictions. On se rend compte aussi que certains, notamment la majorité présidentielle, ont préféré diaboliser la gauche et taper dessus plutôt que de prendre leurs responsabilités en tapant aussi sur une extrême droite qui est aux portes de Matignon aujourd’hui."

"Situation historique"

Côté nationalistes, on tente d’examiner les raisons de la percée du RN, notamment dans le rural, et à Porto-Vecchio où seulement 332 voix séparent le député sortant Paul-André Colombani de François Filoni. "Il y a une élection qui a eu lieu il y a trois semaines, il y a une poussée de l’extrême droite dans toute l’Europe et elle est arrivée jusque dans notre circonscription, indique le candidat du PNC. Ce n’est pas une surprise, on s’y attendait. C’est une circonscription où on est fragile dans le sixième canton d’Ajaccio. Il va donc falloir aller travailler très rapidement sur le terrain pour essayer de remonter ce retard."

Dans la deuxième circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva aura lui aussi fort à faire, puisqu’il devra batailler dimanche prochain avec son challenger de 2022 François-Xavier Ceccoli ainsi qu’avec la candidate RN Sylvie Jouart-Fernandez dans une triangulaire inédite depuis 2012.

"On a un vote massif pour le Rassemblement national dans l’ensemble des circonscriptions, ça se manifeste par une triangulaire dans la deuxième de Haute-Corse. Évidemment que cela crée une situation historique que l’on doit analyser. Il y a un vote de colère dans la ruralité que l’on a analysé dans certains villages, mais il y a aussi un changement sociologique et culturel qui va au-delà des élections. On voit bien avec les résidences secondaires que des gens qui sont là depuis très peu de temps votent massivement pour le RN."

Invité sur notre plateau, Gilles Simeoni évoque quant à lui "un moment politique extrêmement douloureux. En Corse, bien sûr, à l’échelle de la France sans évoquer l'Europe".

"Tremblement de terre"

Pour le président de l’Exécutif, "ce qui se passe ce soir en France est un véritable tremblement de terre avec une vie politique qui explose, avec un raz-de-marée en faveur de l'extrême droite et du Rassemblement national ; et la Corse a été emportée dans ce mouvement d'ensemble. On ne peut pas souligner les mérites de la démocratie lorsqu'on gagne et s'en infliger lorsqu'on perd. […] Ceci étant, la situation politique qui s’écrit ce soir en France et en Corse est relativement nouvelle et nous impose de repenser profondément l'action politique, y compris en tant que nationaliste, mais l'ensemble des progressistes, les responsables, les élus et les citoyens. Et donc il y aura aussi des choses à changer très profondément sur le court, sur le moyen et sur le long terme."

Grand vainqueur de cette soirée, François Filoni, lui, ne cache pas sa satisfaction. "Je pense que nous avons aujourd’hui le résultat de ce que nous avons fait auprès des gens. Nous sommes allés sur tous les domaines. Quand j’entends Monsieur Castellani dire que le RN n’a rien fait, je rappelle que le 8 juillet prochain allait venir la proposition de loi qui allait faire qu’en Corse, on allait baisser de vingt centimes le prix de l’essence. Ça c’est du concret ! C’est passé en commission au niveau de l’Assemblée nationale. Qu’on n’arrête les caricatures ! S’ils (la majorité territoriale, ndlr)) sont les champions du monde, qu’ont-ils fait de 2015 à 2024 ? Rien. Dans aucun domaine. Nous, notre seule ennemie, c’est la misère et l’injustice. Voilà comment je définis notre programme."

Un programme qui au niveau national et régional a visiblement conquis une large majorité des électeurs qui se sont rendus aux urnes. Reste à savoir si cette tendance se confirmera dimanche prochain. En Corse, les tractations d’entre-deux-tours et les éventuels reports de voix pourraient avoir une incidence sur le résultat final.

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