Du jamais vu en Corse : les quatre candidats investis par le Rassemblement national sont qualifiés pour le second tour des élections législatives. Reste désormais à savoir si le parti d'extrême droite parviendra ou non à faire élire des députés sur l'île le 7 juillet prochain.
Un raz-de-marée bleu marine. Les candidats du Rassemblement national se qualifient tous au second tour des élections législatives en Corse. Dans chacune des quatre circonscriptions, les électeurs auront ainsi la possibilité de voter pour un candidat du parti d'extrême droite pour le second tour, le 7 juillet prochain. Une situation inédite sur l'île.
Les candidats Rassemblement national en tête en Corse-du-Sud
Dans la première circonscription de Corse-du-Sud, Ariane Quarena-Natali remporte la première place avec 31,20 % des suffrages, juste devant Laurent Marcangeli (30,70 %). En 2022, c'est le candidat Femu a Corsica Romain Colonna qui s'était qualifié face au député sortant Horizons.
Issue d'une famille gaulliste, Ariane Quarena-Natali est engagée au sein du RN depuis trois ans. C'est aux côtés du délégué territorial du parti François Filoni et de Nathaly Antona - décédée le 18 juin dernier d'une longue maladie, alors qu'elle venait d’être élue députée européenne - que cette retraitée a fait ses premiers pas en politique.
"Ils m’ont demandé d'aller plus loin et j'ai dit oui, raconte l'intéressée. Je l'ai fait pour mes enfants et petits-enfants. Je pourrais vivre tranquillement à la retraite en Corse, mais j'ai décidé de m’engager pour la jeunesse, parce que je trouve que la France part en vrille. Il faut vraiment faire quelque chose, et le RN correspond à mes idées."
François Filoni, délégué régional du Rassemblement national, arrive également en tête de ce premier tour dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, avec 35,10 % des suffrages. Il devance ainsi Paul-André Colombani, député sortant PNC, qui se qualifie également au second tour avec 26,45 % des voix exprimées. Valérie Bozzi, candidate divers droite qualifiée au second tour en 2022, termine, elle, en troisième position - sans réussir à se qualifier - avec 16,85 %.
Engagé en politique depuis les années 1980, François Filoni est de loin le plus connu des trois candidats du RN aux élections législatives en Corse. Ce dernier s’est présenté à plusieurs scrutins, sous différentes couleurs politiques, de sa première campagne pour les élections cantonales de 1984 avec le parti communiste jusqu’aux dernières législatives sous la bannière du RN en 2022, en passant par des candidatures aux municipales d'Ajaccio, notamment aux côtés du social-démocrate Simon Renucci en 2001 puis sur la liste de droite menée par Laurent Marcangeli en 2015.
Son engagement au sein du RN remonte aux années 2020. François Filoni s'était alors lancé dans la course aux municipales d'Ajaccio avec une liste sans étiquette, mais soutenue par la présidente du parti de l’époque, Marine Le Pen. Un an plus tard, il a été tête de liste aux élections territoriales "Les nôtres avant les autres", une démarche menée là encore avec l'appui du RN.
Aux dernières élections législatives, il a recueilli 14,77% des voix dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud. Ce score ne lui avait alors pas permis de se qualifier au second tour. De quoi voir dans ces nouvelles élections, peut-être, une revanche pour le candidat.
En Haute-Corse, un candidat aisément qualifié et une triangulaire
Dans la première circonscription de Haute-Corse, Jean-Michel Marchal fera face à Michel Castellani, le député sortant Femu a Corsica. Titulaire de 28,80 % des suffrages dans la circonscription - soit environ 2 points de moins que Michel Castellani, qui obtient 31,74 % -, il devance ainsi Julien Morganti (14,42 %), qui échoue à se qualifier au second tour.
Ancien ingénieur et chef de projet dans le secteur de l'énergie, Jean-Michel Marchal est installé sur l'île "depuis quelques années". Candidat pour la première fois aux élections législatives en Corse, ce retraité n'est néanmoins pas un nouveau venu du monde politique : en 2014, il avait déjà été élu dans les quartiers nord de Marseille aux municipales, là encore sur la liste du RN.
Enfin, la deuxième circonscription de Haute-Corse sera le théâtre, le 7 juillet prochain, d'une triangulaire. Face à François-Xavier Ceccoli, candidat divers droite en tête avec 34,05 % des voix, et Jean-Félix Acquaviva, le député sortant titulaire 28,63 % des suffrages, se trouvera donc Sylvie Jouart-Fernandez, candidate pour le Rassemblement national (25,42 %).
Commerçante à Ajaccio, cette dernière explique s'être engagée au sein du parti de Jordan Bardella car "le RN prend en compte la difficulté de la vie, le quotidien des personnes, il les entend, là où d'autres font semblant d'écouter. Cela m'a plu".
Des scores qui suivent les tendances nationales
Si ces scores sont une première en Corse, ils sont surtout dans la lignée de ceux enregistrés sur le partout sur le territoire national, ce dimanche 30 juin. Le Rassemblement national est arrivé largement en tête du premier tour d'élections législatives.
Avec plus de 34 % des suffrages, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen et leurs alliés - à savoir les députés LR soutenus par le RN - fait la course largement en tête, faisant mieux que le Nouveau Front populaire - qui réunit la gauche - avec autour de 28,1-29,1%, et surtout loin devant le camp d'Emmanuel Macron à 20,3-21,5%, selon des estimations Ipsos et Ifop.
Les Républicains qui n'ont pas fait alliance avec le RN s'établissent eux à 10%. Si les premières projections en sièges pour la future Assemblée nationale restent à cette heure à prendre avec précaution en l'attente du second tour, les estimations envisagent une forte majorité relative pour le RN et ses alliés, voire une majorité absolue - plus de 289 sièges sur 577 - à l'issue du deuxième tour dimanche prochain.