La mise hors-service des Tracker, qui ne seront pas remplacés cet été, inquiète les sapeurs-pompiers, obligés de lutter contre les incendies avec des moyens réduits.
Une allure, un bruit et des couleurs. Les Tracker rouge et blanc qui sillonnaient le ciel corse et combattaient le feu grâce à leur important réservoir de 3 300 litres d’eau et de retardant, ne voleront plus cet été.
La raison est double. Vétusté et dangerosité. Ces appareils datent des années 1950 et ont traversé les époques, de la guerre du Vietnam à la lutte contre les narcotrafiquants. En Corse, ils venaient appuyer le travail des pompiers dans la lutte contre les incendies, au profit notamment de leur particularité : intervention sur les feux et surveillance.
Seulement, les Tracker, qui seraient à l’origine d’un accident mortel près de Nîmes, en 2019, ne sont plus aux normes et vont disparaître.
En 2006, un rapport du Sénat préconisait déjà la suppression de ces avions pour 2008, alors qu’un second rapport, en 2012, avait fixé leur retrait à l’horizon 2020.
"Ils seront remplacés à moyen terme par des Dash, qui sont des appareils plus rapides, mais c’est à moyen terme. Cette saison, il n’y aura pas de Dash stationné en Corse", explique Pierre Battistini, sapeur-pompier du syndicat des travailleurs corses (STC) à Ajaccio.
"Vouloir remplacer les Tracker par des Dash, c'est utopique" - Jean-Jacques Casanova, ancien patron du service incendie de la Haute-Corse.
Le remplacement des Tracker par des Dash, justement, est une source d’interrogation. Les seconds, s’ils sont plus rapides et peuvent transporter jusqu’à dix tonnes de produit retardant, sont plus imposants. Et moins adaptés au relief corse. "Qu’on explique que les Tracker ne sont plus suffisamment modernes, on peut l’entendre, explique Jean-Jacques Casanova, ancien patron du service incendie de la Haute-Corse. Mais vouloir les remplacer par les Dash, c’est utopique. Les pilotes et la sécurité civile le savent."
Une partie de la doctrine de lutte contre les feux de forêts disparaît également avec l’abandon des Trackers : le fameux GAAR, acronyme de guet aérien armé. Une mission dévolue aux Tracker et qui consistait, les jours de vent, à faire tourner les avions dans le ciel et à les faire intervenir sur les feux naissants, avec un pilonnage qui permettait de contenir la propagation.
Une mission que ni les Dash, ni les Canadairs ne pourront assurer.
Si les services de l’état présenteront le dispositif national de lutte contre les incendies le 19 juin, les informations de France 3 Corse Via Stella laissent à penser que les sapeurs-pompiers lutteront avec des moyens réduits cet été.
Deux Canadairs, un avion de reconnaissance Beechcraft et un hélicoptère bombardier d’eau seront disponibles, alors qu’une flotte aérienne de Dash, basée à Nîmes (entre 50 minutes et une heure de trajet pour rejoindre le lieu de l’incendie en Corse), pourra compléter le dispositif si nécessaire.