Lutte contre la mafia : à Milan, Crim’halt organise un séjour pour découvrir comment sont réutilisés les biens confisqués à la ‘Ndrangheta

Durant une semaine, l’association de lutte contre l’implantation de la mafia en France et en Europe, Crim’halt, a organisé un séjour à Milan afin de faire découvrir les biens immobiliers confisqués à des chefs mafieux. Biens qui ont, depuis lors, été transformés en restaurants sociaux ou habitations pour personnes défavorisées. Une série de reportages qui intervient à quelques jours de d'une session extraordinaire de l'Assemblée de Corse consacrée à la mafia.

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Attirés par l’argent, ou éloignés de leur région par des séjours obligatoires, de nombreux clans de ‘Ndrangheta, puissante organisation criminelle calabraise, se sont installés dans le nord de l’Italie.

C’est à Milan, capitale économique du pays, que l’association anti-mafia Crim’halt a organisé un séjour d’une semaine pour faire découvrir, notamment, des biens immobiliers confisqués à des chefs de clan. La villa de Francesco Valle, un chef de la ‘Ndrangheta ayant la Calabre en 1980, est considérée comme un des plus gros.

Salle de torture au sous-sol

Avec sa piscine, ses colonnes antiques, ses nombreux lieux de réception, le domaine affiche le goût prononcé de l’ancien maître des lieux pour le clinquant. Mais ici, dans les années 1980, les écuries sont souvent converties en planques pour les amis en cavales, et le restaurant-pizzeria est utilisé pour blanchir l’argent du clan. Dès que la famille Valle arrive à Vigevano, il s’ouvre un nombre incroyable de pizzerie. Et pour que toutes ces pizzerie fonctionnent, il aurait fallu que chaque habitant mange cinq à six pizze par jour”, explique une bénévole de l'association anti-mafia Libera.

Francesco Valle et sa famille étaient spécialisés dans l’exploitation de machines à sous et l’usure, des prêts financiers accordés à des taux très élevés à des commerçants en difficultés. Au sous-sol de la villa, une salle de torture pour les créanciers qui ne payaient pas leurs dettes. Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé des matériaux isolants sur tous les murs. Ça dénotait clairement une volonté de dissimuler tout ce qui s’y passait”, précise Elena Simati, une autre bénévole de l'association.

Transformation en bien commun

En 2010, la famille Valle est arrêtée et leur villa saisie. Confiée un temps à l’agence nationale des biens confisqués, la bâtisse est ensuite mise à disposition de la mairie de Vigevano. Nous avons immédiatement fait une demande, car nous avons trouvé des associations qui nous ont apporté leur soutien et qui nous ont aidés, Caritas et Libera. Et puis plus tard, d’autres structures nous ont rejoint. Cela nous a apporté le courage dont nous avions besoin pour affronter une telle aventure”, détaille Luca Dure, maire de Vigevano.

Le lieu est depuis devenu un bien commun. Il accueille des familles en difficultés, propose des formations sur le thème de la justice sociale, de la légalité à de nombreux jeunes et cela deviendra rapidement un lieu où l’on propose de la restauration et qui donnera un travail honnête et un apprentissage à tant d’autres”, complète Don Massimo Mapelli, membre de l’association Una Case Anche Per Te.

L’implication de ces biens dans la gestion de ces biens est un modèle que l’association Crim’halt voudrait faire partager en France. En Italie, 18.000 biens ont été versés au patrimoine des ministères et des collectivités locales.  

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