Michel Moulin : "la spécificité du foot corse, c'est l'amour du maillot"

Il est l'invité surprise du duel annoncé entre Noël le Graët et Frédéric Thiriez. Michel Moulin, acteur discret mais très actif du football français, compte bien faire entendre sa voix à l'occasion de l'élection du prochain président de la Fédération Française de football, le 13 mars. 

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"Même si je ne suis pas élu, qu'on les prenne, mes idées ! Il faut des changements. Si on continue comme ça, on va à la catastrophe. Il faut prendre les meilleures idées de toute le monde, pour surmonter la période difficile qu'on est en train de vivre. Evidemment, il n'y a pas vraiment de suspense. Monsieur Le Graët est largement favori. Mais j'espère qu'il aura l'intelligence d'écouter ce que ses adversaires ont à dire..."

Des choses à dire sur l'état du football français, Michel Moulin en a beaucoup. Le créateur du site Paruvendu et du journal sportif 10 Sport n'est peut-être la le visage le plus connu du milieu, mais il a eu le temps d'apprendre à le connaître. De l'intérieur. 

Michel Moulin a été président de club amateur, dirigeant de club professionnel. Il a fréquenté les vestiaires du Red Star, d'Istres, d'Alfortville ou du Mans. Mais c'est en devenant conseiller sportif des actionnaires du Paris Saint-Germain, en 2008, pour quelques mois, qu'il s'est vraiment fait connaître des amateurs de ballon rond. 
"Ma force c'est une connaissance parfaite des territoires", a martelé l'entrepreneur durant toute la campagne. 

Entretien

Cette connaissance du territoire, en quoi elle pourrait faire la différence lors de l'élection ? 
La FFF est déconnectée des réalités du football amateur. Et pourtant, les vrais enjeux sont là. Il y a de moins en moins de bénévoles, de moins en moins de licenciés, les moyens manquent. Il faut que, à Paris, on se rende compte qu'il y a une vraie rupture, et qu'il faut emprunter une nouvelle voie. Le Graët est entouré de gens qui ne sont pas au niveau. Ils ne connaissent pas le foot. Ils ne l'aiment même pas. 

Mais c'est un refrain récurrent, non, la casssure entre le monde professionnel et le monde amateur ?  
C'est de pire en pire. Les clubs en ont marre. On n'est pas à l'abri d'un mouvement des gilets jaunes des clubs de foot. Ils sont exangues financièrement, ils sont épuisés, bénévoles, et jour après jour il reçoivent des mails remplis de "y a qu'à", "faut qu'on"... Ils n'ont aucune reconnaissance. Ils devraient tous voter, pour l'élection du président de la FFF. si c'était le cas, croyez-moi, j'aurais de grandes chances de passer. Parce que moi, je les connais !

Il faut revoir les salaires à la baisse.

Que faire ? 
Les écouter, et les aider. Le football d'aujourd'hui vit au-dessus de ses moyens. Moi président, je revois les salaires immédiatement à la baisse. Il y a des salaires, à la Fédé, qui dépassent 25, 30.000 euros ! Ils ont 300 employés, pas 3.000 ! Dans n'importe quelle entreprise privée de cette taille, ils gagneraient 6.000 euros. Pas plus. Et là, ça peut monter jusqu'à 40.000 euros ! Par an, avec les charges, ils coûtent 600.000 euros...
C'est catastrophique, le message que ça envoie aux petits 

Le président sortant, Noël Le Graët, a déclaré en septembre dernier : "le racisme dans le foot n'existe pas, ou peu". Quelle est votre position ? 
On ne peut pas dire ça. Bien sûr qu'il y a du racisme. Et dans tous les sports. Il y a plein de racismes différents, et ça vient d'un déficit de formation, d'encadrement. Mon fils, il joue dans les petites catégories, et dans son équipe il côtoie des enfants de toutes les origines. Et ça se passe très bien. C'est après, en grandissant, que ça dégénère. Il faut prendre le temps d'expliquer, d'éduquer. 

Y a t'il une spécificité du football corse, comme on l'entend souvent ? 
L'amour du maillot. Sur le continent, beaucoup de clubs meurent, parce qu'on rapproche les villages, on créé de grandes métropoles et on réunit tout le monde sous le même maillot. Et les plus petits sont avalés. En Corse, c'est bien plus rare. Et puis y a un état d'esprit qui rappelle la grinta argentine. A ce titre pour moi le Sporting Club de Bastia est l'un des premiers clubs de France. Il y a une authenticité, une identité qui sent sur le terrain et en dehors.

Pour certains, cette spécificité est moins positive...
Ce sont des gens qui ne se déplacent pas sur l'île. Ils dirigent de Paris, et ils viennent en Corse pour les élections. Ou en vacances. Donc ils jugent sans connaître. 

Un courrier a été adressé par le collectif du 5 mai, qui demande qu'on ne joue plus lors de cette date, aux trois candidats. Vous êtes le seul à aller clairement dans son sens.
Je défends la cause de ce collectif depuis dix ans. En France, on ne sait pas reconnaître le passé. On oublie trop facilement. Il faut respecter ce drame, celles et ceux qui ont perdu la vie parce qu'ils aimaient le football, les blessés, leurs proches... 

Enfin, faites-vous partie de ceux qui pensent que la squadra corsa devrait disputer des matchs internationaux, comme la demande en revient régulièrement ?
Non. Je pense que les Corses sont Français. Et il existe une équipe de France. Et après quoi ? Une équipe de Bretagne, une équipe du Nord... On fait exploser les pays, avec ce genre de décisions. Mais je comprends les demandes de la squadra corsa. On laisse jouer les DOM-TOM, pourquoi pas eux ?  C'est très simple. On fait jouer les DOM-TOM tout simplement parce qu'on veut leur faire plaisir. Et les DOM-TOM voteront certainement pour l'équipe en place. Moi je ne fonctionne pas comme ça. Je ne fais pas de politique. Je ne dis pas forcément aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. Tout ce qui m'importe, c'est le football. 

Le troisième candidat à l'élection, Frédéric Thiriez, n'a pas souhaité donner signe à notre demande d'interview. 

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