La cofondatrice de l’association humanitaire SOS Méditerranée est en Corse afin, notamment, d’y constituer un réseau de bénévoles. Un déplacement ponctué de prise de position d’organisations d’extrême droite. Sophie Beau répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
La cofondatrice de l’association humanitaire SOS Méditerranée aurait dû animer, ce dimanche 22 septembre, une conférence au parc Galea. Un rendez-vous annulé par les organisateurs à la suite de tweets, notamment, de partis d’extrême droite.
Une réunion s’est néanmoins tenue à Corte dans le but de créer une antenne locale de l’association dans l’île. À l’issue de cette rencontre, Sophie Beau a répondu aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Vous êtes la cofondatrice de SOS Méditerranée, cet après-midi vous deviez donner une conférence au parc Galea. Elle a été annulée à la suite de tweets notamment d’organisation d’extrême droite. Quelle est votre réaction ?
Je suis venue en Corse pour de nombreuses rencontres qui ont lieu. Nous nous focalisons vraiment sur ces aspects-là, qui sont très constructifs. Nous sommes en train de constituer un réseau de bénévoles et ça avance très bien. Il y aussi d’autres rencontres prévues, donc je ne focalise pas sur cette annulation et je pense qu’on en a beaucoup trop parlé.
Vous avez rencontré des bénévoles depuis quelques jours pour créer une antenne de SOS Méditerranée en Corse. En quoi ça consiste ? Que va-t-il se passer ?
Une antenne de bénévoles est en fait un réseau de personnes, bénévoles, et qui travaillent sur cette mission du témoignage qui est la troisième mission de SOS Méditerranée. Les deux premières sont, évidemment, sauver des vies et protéger les rescapés jusqu’à leur débarquement dans un lieu sûr.
Cette action de témoignage est actuellement menée dans 21 antennes en France et ça fait longtemps que des citoyens corses nous contactent pour signaler leur envie de participer à cette dynamique bénévole. Donc ils vont aussi se joindre à cet élan et à cette mobilisation citoyenne qui est assez exceptionnelle et qui nous permet de témoigner de ce qu’il se passe en Méditerranée centrale, là où il y a eu 30.000 morts qui sont dénombrés par les agences des nations unies depuis 2014.
Ce sont de très nombreux morts, mais aussi une action de solidarité pour pouvoir tendre la main à ces personnes qui se noient. C’est l’essentiel et c’est ce qu’il se passe encore aujourd’hui sur notre bateau de sauvetage l’Ocean Viking.
Pas d’antenne physique donc en Corse. Est-ce que des migrants vont débarquer dans l’île ?
Pas du tout. Là aussi, je crois qu’il y a énormément de fake news qui circulent avec des propos totalement extravagants et qui visent certainement à entretenir un climat de peur et de polémique qui n’est pas du tout le style de notre association. C’est une association humanitaire, maritime, extrêmement sérieuse, dont le mandat principal est de sauver des vies.
Sauver des vies cela se fait dans le cadre du droit maritime international qui est extrêmement clair. Il prévoit un devoir d’assistance à toute personne en danger de mort. Un capitaine a l’obligation de porter secours. Il prévoit aussi que les États côtiers désignent des ports sûrs les plus proches pour permettre à ces personnes de débarquer dans un lieu sûr. Cela se fait en Italie à l’initiative exclusive des autorités maritimes. Ce n’est jamais SOS Méditerranée qui décide d’aller débarquer en Italie, par exemple.
Le gouvernement Barnier a été dévoilé samedi, est-ce que la barre à droite vous inquiète ?
Ça ne change absolument rien à notre mission qui est une mission humanitaire. Encore une fois, il s’agit de sauver des vies dans le cadre du droit international. Donc, non, cela n’a aucun impact sur notre mission. Nous continuerons et nous continuons à porter secours à ces milliers de personnes qui sont en danger.
Jusqu’à aujourd’hui, SOS Méditerranée a pu secourir 40.915 personnes qui, si nous ne leur avions pas tendu la main, seraient mortes en mer. C’est ce qui est important. Chaque vie compte et le droit à la vie est un des premiers droits fondamentaux des droits humains qui nous importe de respecter.
L'entretien réalisé par Maia Graziani et Capucine Laulanet :