Pandémie de coronavirus et prison : quelle situation dans les établissements pénitentiaires de Corse? 

Parloirs supprimés, interventions extérieures suspendues, espaces confinés interdits : détenus et personnels pénitentiaires sont eux aussi concernés par le confinement.

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Le confinement concerne tout le monde, et à plus forte raison la population pénale, particulièrement exposée en raison de la promiscuité forcée en détention. 
Au 24 mars, on dénombrait près de 300 détenus confinés dans leur cellule et sept cas de contamination avérées dans les établissements pénitentiaires français. 

Un détenu de 72 ans est mort des suites de son infection au Covid-19 le 16 mars à la prison de Fresnes. C’est, pour l’heure, la seule victime identifiée du virus en détention.

En Corse, pour l’instant, aucun cas avéré de Covid-19 n’a été enregistré. Mais « chacun des trois établissements pénitentiaires de l’île dispose de zones de confinement » mises en place pour les besoins de la cause, indique la direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille. 
 

 

7 détenus confinés à Borgo 

Selon le délégué syndical FO Stéphane Canuti, sept détenus sont placés en confinement à la prison de Borgo. Il s’agirait de mesures de prévention : les prisonniers ne présentent pas de symptômes mais auraient pu avoir des contacts avec des cas suspects avant le début de la période de confinement. 
« Ces détenus sont confinés dans des cellules individuelles et seuls les personnels du service médical entrent en contact avec eux », précise Stéphane Canuti. 
 

Situation calme


Outre ces zones de confinement intra-muros, de nombreuses mesures ont été prises au niveau national pour éviter la propagation du virus Covid-19 en prison.
Dans tous les établissements pénitentiaires de France, les parloirs ont été supprimés, ce qui signifie que les famille et les proches des détenus ne peuvent plus leur rendre visite. 

Sur le Continent, l'annonce de cette mesure a suscité plusieurs mouvements de protestations dans les prisons.
En Corse, pour l’instant, la situation « est très calme », assurent plusieurs personnes ayant accès aux établissements pénitentiaires :
« Un gros effort de pédagogie a été fait par les directions pour expliquer la nécessité de prévenir la contagion, précise-t-on du côté de l’administration interrégionale. Les détenus en Corse semblent avoir très bien compris et accepté la situation »
 
 

Détenus inquiets

Une version confirmée par les représentants du personnel. « Les détenus eux-mêmes sont inquiets pour leur santé et celle de leurs proches, insiste Stéphane Canuti. Certains refusent même de sortir de cellule pendant la journée »

« Forcément, on se sent concernés, abonde un homme détenu à la maison d’arrêt de Borgo. Bien avant l’annonce du confinement, nous avons été nombreux à adopter les gestes barrière. On se salue de loin, quasiment plus personne ne se serre la main à l’intérieur de l’unité. Pour l’arrêt des parloirs, nous étions nous-même demandeurs : nous ne voulons pas contaminer nos proches ou risquer de faire entrer le virus dans la prison »

A Bastia et à Ajaccio, d’autres mesures préventives ont été mises en place. Ainsi, des machines à laver et des sèche-linge ont été installés dans chaque unité, pour éviter que les vêtements des détenus ne soient lavés à l’extérieur des prisons. 
Pareillement, toutes les interventions extérieures (cours scolaires, cours de sport, tec.) sont suspendues le temps du confinement et les espaces clos comme les gymnases et les bibliothèques sont interdits
Dans le même ordre d’idées, les évacuations médicales sont réservées aux urgences seulement, selon Stéphane Canuti. 

 
 

Promenades autorisées et téléphones en cellule

Tout mouvement n’est pourtant pas interdit à l’intérieur des murs des prisons. 
Les promenades, par exemple, sont maintenues et la télévision en cellule sera gratuite le temps que durera le confinement. 

Pour que les détenus puissent conserver un lien avec leurs proches, des téléphones ont été installés en cellule (selon une initiative lancée avant la pandémie).
Le 23 mars, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé que chaque détenu bénéficiera d’un crédit de 40€ par mois pour pouvoir téléphoner à sa famille (correspondant à onze heures de communication sur un poste fixe ou à cinq heures sur un téléphone portable). 
 
 

« Les détenus les plus démunis pourront quant à eux bénéficier d’une aide majorée de 40 euros par mois leur permettant notamment de cantiner [acheter de la nourriture et des produits de consommation autorisés en détention - ndlr], dans un contexte où les familles pourraient rencontrer des difficultés à effectuer des virements », a précisé la garde des Sceaux sur son compte Twitter.
 

 

Les surveillants pénitentiaires en première ligne

Les personnels de l’administration pénitentiaire se disent eux aussi très inquiets du risque de propagation du virus à l’intérieur des prisons de France. Au dernier bilan de la direction de l'administration pénitentiaire, il y avait 24 cas avérés parmi le personnel pénitentiaire français et 595 agents étaient placés en quatorzaine. 
La semaine dernière, Nicole belloubet a promis la distribution de 100.000 masques aux surveillants en contact avec les détenus.
Mais le manque d’équipements de protection sanitaire touche le pays tout entier. Il s’agira donc de distribuer les masques au compte goutte et les premiers seront réservés aux surveillants ayant été en contact avec des détenus positifs au Covid-19 ou susceptibles de l’être. 
 

Le matériel manque, et il arrive lentement - Stéphane Canuti, FO


La direction interrégionale de l’administration pénitentiaire assure que les personnels sont pourvus de gel hydroalcoolique et de savon, mais Stéphane Canuti, délégué FO et surveillant à la prison de Borgo assure « que le matériel manque et qu’il arrive lentement ».
« Nous avons un stock de masques qui date de de l’épidémie de H1N1 mais ils sont périmés, regrette le délégué syndical. Nous voudrions également plus de gants pour pouvoir en changer régulièrement »
Le représentant FO assure également qu’à la prison d’Ajaccio, « les détenus ont exigé et obtenu que les surveillants en contact avec eux portent des masques et des gants ». 
 


Les kits de tests manquent aussi cruellement en France, mais selon la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire, « des tests sont effectués sur les personnes détenues  sur demande des personnels soignants de l’unité sanitaire quand ils estiment que cela se justifie ». 
 

Libérer certains détenus pour endiguer la surpopulation carcérale

Remettre en liberté certains détenus pour limiter les contacts? L'idée a été très rapidement mise sur le tapis. Dès le 19 mars, un collectif de magistrats, avocats et chercheurs a publié une tribune dans Le Monde pour réclamer un dispositif permettant de réduire la pression carcérale. Un appel qui a visiblement eu un écho favorable auprès des autorités. 

Ce lundi, Nicole Belloubet a annoncé que certains détenus en fin de peine pourraient être libérés plus tôt pour éviter que la surpopulation carcérale ne favorise la circulation du virus
Cette mesure devrait concerner les détenus qui sont à deux mois de leur fin de peine et qui pourront terminer de purger leur détention en étant confinés à domicile.

« Ceux qui sont à six mois de leur fin de peine pourront voir cette peine transformée en travail d’intérêt général » a précisé la ministre à l’Assemblée nationale. 
Ces libérations ne pourront s’appliquer aux détenus condamnés pour des faits de nature terroristes, ni aux personnes coupables de violences conjugales. 

Les prisonniers corses dits politiques, dont plusieurs associations insulaires réclament la libération, ne pourront donc bénéficier de ces élargissements précoces. 
  

Et ailleurs dans le monde ? 

En Italie, la situation dans les prisons est électrique, les épisodes de violences graves se succèdent dans les établissements du pays, le plus touché d’Europe par l’épidémie de Covid 19.

La semaine dernière, l’Iran a libéré provisoirement 85 000 prisonniers condamnés à des peines de moins de cinq ans pour endiguer l’épidémie de Covid-19.


  
 
Les prisons de l'île en chiffres
Centre pénitentiaire de Borgo
214 places 231 détenus (dont 187 en maison d’arrêt et 44 en centre de détention)

Maison d’arrêt d’Ajaccio :
53 places, 45 détenus

Centre de détention de Casabianda 
194 places et 158 détenus. 

Le personnel pénitentiaire insulaire est constitué de 290 personnes. 
 
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