Un imam fiché S déjà privé deux fois de son agrément, qui intervenait dans les prisons de Borgo et d’Ajaccio, a obtenu une décision favorable de la cour administrative d'appel de Marseille.
L’affaire de l’imam fiché S continue. Déjà privé par deux fois de son agrément lui permettant d'intervenir dans les prisons corses, l'imam ajaccien Hamid Lamrani Elhouabi a obtenu, jeudi 18 juin, une décision favorable de la cour administrative d'appel de Marseille, qui a confirmé un jugement du tribunal administratif de Bastia d'octobre 2019.
Dans leur arrêt, les magistrats marseillais ont rejeté le recours du 17 décembre 2019 de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, estimant que la ministre de la Justice "n'est pas fondée à soutenir que c'est à tort que le tribunal administratif de Bastia a annulé la décision" de l'administration pénitentiaire du 4 mai 2018.
Fiché S depuis 2016
L’habilitation de l’aumônier intervenant dans les prisons de Borgo et d’Ajaccio, et fiché S depuis 2016, lui avait été retirée une première fois en février 2017. Après une première annulation de cette décision par le tribunal administratif de Bastia, l'administration pénitentiaire lui avait de nouveau enlevé son agrément une seconde fois, "sur la base de nouveaux éléments", en 2018.
Dans son recours contre le jugement du tribunal administratif de Bastia du 17 octobre 2019, la garde des Sceaux avait notamment mis en avant une réunion de février 2016 dans une école d'Ajaccio, lors de laquelle M. Lamrani aurait refusé de serrer la main "de plusieurs femmes". Sur ce point, la cour administrative de Marseille répond que l'imam aurait seulement refusé de serrer la main d’une institutrice, geste qu'il aurait ensuite "publiquement regretté".
La direction de la maison d'arrêt de Borgo redoutait des "troubles à l'ordre public" avec le retour de l'imam
La cour d'appel estime par ailleurs que la ministre "ne produit pas d’éléments permettant d'établir que (l'imam) aurait délibérément méconnu des directives de l'administration". À l'audience, le 8 juin, l'avocat du ministère de la Justice avait souligné que la direction de la maison d'arrêt de Borgo redoutait des "troubles à l'ordre public" avec le retour de l'imam. Des doutes sur la capacité de l’imam à "s'adapter en milieu carcéral" avaient également été émis.
Son avocat Me Sefen Guez Guez, qui met en avant une "dénonciation calomnieuse" par "les nationalistes corses" conduisant à son fichage S en 2016, a rappelé que son client n’avait jamais été sanctionné avant son premier retrait d’agrément. Et d’ajouter : "Le reste ne sont que des amalgames." À l'évocation de la tentative d'assassinat de deux gardiens de prison à Borgo par des détenus, en janvier 2018, il avait rappelé "que M. Lamrani n'exerçait plus depuis deux ans" dans la prison.