Une petite biscuiterie, située à Ajaccio, a été mise en demeure par le grand salon de thé parisien, Angelina. La célèbre enseigne lui reproche d'avoir pris le même nom qu'elle. Un coup dur pour la propriétaire insulaire qui souhaitait rendre hommage à sa grand-mère décédée, prénommée ainsi.
Angelina. Pour Emmanuelle Raschiero, c’était le prénom de sa grand-mère.
C’est pour lui rendre hommage, quelques mois après son décès, que la jeune femme avait décidé de baptiser son entreprise Angelina Biscuiterie.
Sauf que c’est aussi le nom d’un salon de thé parisien, une institution fondée en 1903. Et cela, la jeune femme l’ignorait.
"Dans l’histoire, j’ai perdu 200 euros, j’ai eu un gros coup de stress et j’ai dû changer le nom de mon entreprise", résume-t-elle aujourd’hui.
Tout commence en janvier dernier.
Emmanuelle Raschiero entreprend alors les démarches pour monter sa société de confection de biscuits corses artisanaux.
Création d’une auto-entreprise, formation en hygiène, la jeune femme veut être "dans les clous".
Marque déposée
Pour ce faire, elle dépose également sa marque à l’INPI, l'Institut national de la propriété industrielle.
Qu’elle nomme, donc, Angelina Biscuiterie, en référence à son histoire familiale. "Ma grand-mère faisait, en son temps, des biscuits qu’elle revendait à des boutiques : frappe, canistrelli… J’ai repris ses recettes", explique-t-elle.
Sur le site internet de l’INPI, Emmanuelle Raschiero constate que le nom qu’elle a choisi est "libre de droits". Elle s’acquitte donc des quelque 200 euros nécessaires à la formalité, et attend la publication au Bulletin officiel de la propriété industrielle (BOPI), qui doit intervenir dans les six semaines.
"Moi, auto-entrepreneur dans ma petite cuisine, je n’ai pas les épaules face à un mastodonte comme Angelina"
Emmanuelle Raschiero
Et là, c’est la douche froide.
"Je reçois un courrier d’un avocat représentant la maison Angelina Paris, qui m’explique que mon dépôt de nom porte préjudice à son client, relate la cheffe d’entreprise. Il est indiqué que je suis en tort et qu’il faut que je retire ce nom sous dix jours sous peine d’amende, voire de prison !"
La jeune femme, qui assure "ne pas connaître le salon de thé parisien", se retrouve alors désemparée. "Moi, auto-entrepreneur dans ma petite cuisine, je n’ai pas les épaules face à un mastodonte comme Angelina", soupire-t-elle.
C’est donc à regret qu’elle décide de renommer sa société.
"J’ai appelé l’INPI qui s’est déchargé de toute responsabilité. Je ne redéposerai pas de nom, tant pis si on me le vole."
Désormais, son entreprise s’appelle Lina Biscuiterie, en référence au surnom de sa grand-mère. "Psychologiquement c’est dur car j’aurais voulu garder son prénom en entier, c’est une déception", confie Emmanuelle Raschiero.
Conséquences : la jeune femme doit refaire son logo et ses étiquettes.
Dans l’attente, elle vend directement ses biscuits aux particuliers, via le réseau social Instagram et démarche les boutiques insulaires pour les commercialiser.
Contacté, le cabinet marseillais BBLM, représentant la maison Angelina dans ce dossier, n’a, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations.