Après un an de redressement judiciaire, le couperet est tombé. L'entreprise Compobaie, installée dans le Tarn, va fermer ses portes. 86 salariés vont perdre leur emploi, le 13 décembre prochain. Mais jusqu'au bout, ils sont là pour livrer les clients.
À Marssac-sur-Tarn, une usine vit ses derniers jours. Les derniers coups de perceuse et de marteau résonnent dans l'atelier. Les ouvriers comptent travailler jusqu'au bout pour livrer les produits et menuiseries fabriqués et les assembler avant d'être livrés sur les chantiers en cours. Une solidarité des salariés, soulignée par la directrice générale de Compobaie Solutions. "Un état d'esprit qui fait chaud au cœur dans la période que l'on vit. On pourrait comprendre que certains soient en colère et jettent l'éponge", dit Séverine Anglade. Le 13 décembre prochain, l'entreprise va fermer. Quatre-vingt-six salariés vont perdre leur emploi.
"Je ne pensais pas qu'on allait en arriver là"
Dans l'atelier, Yohann Cantoro enchaîne les montées d'escabeau et derniers ajustements. "Cette entreprise, je m'y sentais bien. J'ai toujours fait comme si c'était ma propre entreprise. Franchement, ça me touche." Il fait partie des 86 employés qui vont être licenciés à la suite de la liquidation judiciaire. "On a eu des déboires, mais personnellement, je ne pensais pas qu'on allait en arriver là. Il y a des acheteurs qui nous ont laissé tomber au dernier moment", dit-il, un brin amer.
Là, c'est fermeture et licenciement pour tout le monde. Il y en a qui ont plus de 30 ans de boutique.
Laurent Jorrion, délégué syndical CGT
Des déboires, des difficultés, il y en a eu. "Covid, guerre en Ukraine et la hausse des matières premières et le marché du logement qui s'est complètement écrasé... On a eu un enchainement d'éléments contraires, estime Séverine Anglade.
La directrice générale de l'entreprise se demande aujourd'hui si ce n'était pas une erreur de reprendre la société en l'état en 2020. Avec son passif. Quatre ans plus tard, la liquidation judiciaire a été prononcée. "L'histoire de Compobaie va s'éteindre" après 35 ans d'existence.
Une dernière chance ?
Séverine Anglade se désole de voir un savoir-faire se perdre. Compobaie s'était spécialisée dans la création du bloc baie en béton pour fenêtres et volets roulants. Est-il encore possible de sauver l'entreprise ? Le délégué syndical CGT, Laurent Jorrion évoque la piste d'une SCOP, une société coopérative de reproduction. "Pour une reprise par les employés".
Des renseignements vont être pris pour voir si cela est possible. Se donner une dernière chance. Monter sa propre entreprise, faire autre chose... Yohann Cantoro, lui, entend se donner du temps pour réfléchir à la suite après 24 ans passés dans l'entreprise.
(Propos recueillis par Léo Paichard et Jean-Vincent Fournis)