Les défaillances d'entreprises sont en augmentation en France. Près de 66 000 enregistrées pour l'année 2024. L'Occitanie est largement concernée avec une augmentation de 40% de ces situations. Mais après la fin d'une entreprise, un avenir reste possible. C'est le message que distille l'association 60.000 rebonds aux entrepreneurs qui ont connu l'échec.
Zohra Germain affiche un large sourire. À la tête d'une boutique de prêt-à-porter, elle semble être une entrepreneuse accomplie et dynamique. Pourtant cette commerçante a connu l'échec et les difficultés. Il y a 3 ans, elle menait 3 boutiques dans la périphérie de Toulouse et lancer en parallèle le magasin qu'elle dirige actuellement. Mais les difficultés ont gâché son rêve et son élan début 2024.
Reconstruire la confiance
"Après le Covid, la période a été très compliquée avec le PGE à rembourser. C'était lourd. Et puis j'ai connu des difficultés à recruter. Je me suis retrouvée seule à gérer ces 3 boutiques. J'ai dû liquider. C'est un choix que j'ai bien vécu au départ mais aujourd'hui j'accuse le coup. C'est comme un deuil que je n'aurais pas vécu sur le moment et qui commence à devenir plus impactant", confie Zohra Germain.
Elle raconte le regard des autres, souvent pesant, sur une situation d'échec. La perte de confiance en ses capacités à gérer une entreprise. "Dans le regard des autres on voit que si on a vécu une liquidation, on ne peut pas avoir un autre projet et se relancer dans l’entrepreneuriat. Ça c'est très difficile à vivre".
Cette commerçante convaincue d'être faite pour l'entrepreneuriat croise sur son chemin l'association 60.000 rebonds. Une association qui vient en aide aux chez d'entreprise pour les accompagner dans la vie d'après l'échec. "Depuis avril je suis suivie par un coach et une marraine. C'est un soutien moral, c'est du réseau, un soutien au niveau juridique aussi. Et ça permet surtout de reprendre confiance."
Parrain, marraine, coach en soutien
Zohra échange avec sa marraine Isabelle Jahier tous les 15 jours. Par téléphone, en visio ou bien directement au magasin. Elle est devenue un pilier de son activité à un moment où elle avait le sentiment de perdre pied. "C'est un rôle de feedback, de miroir, de conseils et surtout de mise en lien, de soutien. Au fur et à mesure des besoins, des difficultés et des réussites aussi le parrain ou la parraine sont là en support", précise Isabelle Jahier.
L'entrepreneur accompagné peut également recevoir l'aide d'experts bénévoles qui interviennent au sein de l'association au moment de la liquidation notamment. Mais le plus important reste de sortir de l'isolement et du sentiment d'échec.
L'échec reste une expérience
Ce sentiment d'échec contre lequel lutte Marie Beyssen. Elle aussi a dû cesser son activité en 2021 à cause du Covid. Elle a pu relever la tête grâce à l'association et intervient désormais en école de commerce pour apprendre aux étudiants à ne plus avoir peur de l'échec.
"Se tromper c'est un peu mal vu. Moi je veux leur montrer qu’au contraire. Trompe-toi c'est ainsi que tu vas apprendre. C'est ainsi que tu vas grandir. Partage-le pour que les autres aussi en prennent graine et apprennent à travers nos expériences respectives".
Au sein de l'association 60000 rebonds des partages d'expériences sont également possibles en ateliers collectifs ou individuels. Face au nombre croissant de liquidations d'entreprises, l’association lance un appel. Elle souhaite doubler le nombre d'accompagnements l'année prochaine. Pour cela, elle recherche des bénévoles des experts qui voudraient bien venir prêter main-forte à ces accompagnements. Au niveau national l'association a suivi plus d'un millier d'entrepreneurs cette année. Selon les chiffres de 60 000 rebonds, 95% d'entre eux rebondissent. À la tête d'une entreprise pour un tiers d'entre eux, dans le salariat pour les autres.
Propos recueillis par M.Bascoul et A.Khalaf.