Après avoir vu Pierre Alessandri et Alain Ferrandi jeudi à Poissy, une délégation de trois députés insulaires s’est rendue ce vendredi matin à la centrale d'Arles pour s’entretenir avec Yvan Colonna. L'objectif est le même : sensibiliser sur la question de la levée du statut de DPS des trois détenus corses.
Poissy hier, Arles aujourd’hui pour rencontrer cette fois Yvan Colonna.
Les visites aux prisonniers du "commando Erignac" se poursuivent pour la délégation de parlementaires, plus restreinte ce vendredi matin. Présents la veille à Poissy, les autres députés de différents groupes politiques et le sénateur corse Paulu Santu Parigi ne pouvaient l’être aujourd'hui dans le sud de la France en raison "d'empêchement".
Devant les portes de l’établissement carcéral des Bouches-du-Rhône, seuls les trois députés nationalistes du groupe "Libertés et territoires" patientent dans le mistral. Paul-André Colombani, Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ont fait le voyage depuis Paris pour s’entretenir avec Yvan Colonna, incarcéré depuis juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac.
Comme la veille à Poissy avec Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, la discussion aura duré plus d'une heure, là aussi sans la présence des médias à l'intérieur de la prison.
"Serein et apaisé"
Au sortir de leur entretien avec le Cargésien de 61 ans, les parlementaires corses disent l'avoir trouvé "lucide, vif et décidé".
"Il était très très heureux de nous voir, d’échanger de manière détaillée avec nous et d’avoir des nouvelles informations, souligne Jean-Félix Acquaviva, député de la deuxième circonscription de Haute-Corse. Comme les autres (détenus), il semble bien cintré, debout. Il nous a évidemment parlé de la situation politique et générale de l’île au-delà de son cas personnel."
"On a rencontré un homme serein et apaisé mais soucieux parce qu’il est complètement coupé de sa famille et n’a pas eu de visite depuis plusieurs années, fait remarquer Paul-André Colombani, député de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud. Il n’a plus vu son fils d’une dizaine d’années depuis 27 mois et sa mère depuis une quinzaine d’années. Nous avons pu constater, même si on s'en doutait déjà, qu’on ne comprend plus aujourd’hui pour quelles raisons on maintient ce statut DPS. Il n’y a aucune trace de trouble à l’ordre public dans son comportement en prison."
Démarche similaire
Pour les parlementaires insulaires, l'objectif de cette visite est toujours le même : sensibiliser l'opinion sur la question du rapprochement dans une prison corse des trois détenus du "commando Erignac". Et aussi convaincre le gouvernement de lever leur statut de DPS (Détenu particulièrement signalé), principal obstacle à leur transfèrement dans l'île.
Condamné à trois reprises à la réclusion criminelle à perpétuité puis définitivement en 2012 par la cour de cassation, Yvan Colonna a effectué plus de 18 années en détention. À l'instar de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, il peut lui aussi prétendre à un aménagement de peine.
"Nous sommes ici pour que s’applique le droit, rien d’autre, rappelle Michel Castellani, député de la première circonscription de Haute-Corse. Dans une démocratie, le droit doit s’appliquer. C’est un dossier qui a évolué avec l’implication directement ou indirectement de tous les groupes de l’Assemblée nationale qui tirent tous dans le même sens. Les élus ont un rôle à jouer, ils l’ont joué. Maintenant, le droit doit s’appliquer. La situation est très simple et très claire."
Question sensible
Initié par les députés nationalistes depuis leur arrivée à l'Assemblée nationale en juin 2017, ce plan d'action en faveur du rapprochement des prisonniers du "commando Erignac" a su trouver un écho national parmi les différents groupes parlementaires du Palais Bourbon. Ce qui n'est en revanche pas le cas du côté du gouvernement. Inflexible, il n'a jusqu'à présent jamais levé le statut de DPS d'aucun des trois détenus.
La donne changera-t-elle après ces deux visites d'élus corses et continentaux en centrale ? À trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, rien n'est moins sûr tant la question demeure sensible.
"On sait qu'il reste encore un bout de chemin à faire, reconnaît le député Colombani. La période des présidentielles est aussi une période capitale où le sujet doit être porté et où l’on doit sensibiliser l’ensemble des candidats encore une fois. Pour nous, il n’est pas question de lâcher prise."