Le groupe de spécialiste du conseil de l’Europe a indiqué ne pas renouveler le diplôme d’espace protégé de la réserve naturelle de Scandola. Une distinction obtenue en 1985. La faute à une surfréquentation touristique qui n'aurait pas été correctement prise en charge.
Trente-cinq ans après son obtention par le Conseil de l'Europe en 1985, la réserve de Scandola perd, cette année, son diplôme européen d'espace protégé.
En cause, une surfréquentation touristique du site - pouvant affecter sa biodiversité - qui n'a, selon les experts, pas été prise en charge avec les moyens et l'investissement adéquat.
Un rapport de l'institution européenne, publié le 30 mars dernier, détaille ainsi qu'en 2018, une expertise menée à la réserve naturelle Scandola avait conduit à la suspension du renouvellement de son label d'espace protégé, "en l'attente de son extension, et de la création d'un parc marin au plus tard au 31 janvier 2020".
Une décision détaillée dans un courrier communiqué à la Convention Berne de France - qui vise à assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages d’Europe et de leurs habitats, et à protéger les espèces migratrices menacées d’extinction - en mai 2019, resté sans réponse.
Manque de "progrès" et de communication
Une nouvelle visite d'expert en juillet 2019, poursuit le rapport, a conclu "qu'aucun progrès n'avait été réalisé, et que la situation, notamment l'augmentation de la pression touristique, empirait".D'où la décision, prise à l'unanimité, du groupe de spécialiste du Conseil de l'Europe de ne pas renouveler "le diplôme de la réserve naturelle de Scandola, face au manque considérable de progrès et aux tentatives minimales de communication avec le Secrétariat". Et ce, malgré "plusieurs avertissements issus par le groupe au cours des dernières années". La zone restera cependant surveillée, conclut le rapport.
Lire le rapport après visite de Scandola par des experts en juillet 2018
En juillet 2018, un expert effectue une visite sur place dans la perspective du renouvellement du Diplôme qui doit intervenir en 2020. Son rapport est défavorable.
Extrait page 13 : "La fréquentation incontrôlée de la Réserve par les visiteurs de tous bords et la forte pression sur le milieu sont inadmissibles et incompatibles (a) avec les objectifs de la création de la Réserve naturelle de Scandola et (b) avec les termes de référence du Diplôme européen."
"Les effets dommageables sur la nature du site, ses écosystèmes, les espèces de flore et de faune qui lui sont propres ont été mis en évidence dans plusieurs études ; certains des effets de la fréquentation par les embarcations ne sont pas encore connus ou mal connus."
"Il est indispensable de mettre en application au plus vite un règlement qui limite l’accès au site et qui permette de conserver les espèces de flore et de faune et les écosystèmes liés au site. A mon avis, c’est la seule et unique condition à poser pour le renouvellement du Diplôme."
Lire le rapport du Conseil de l'Europe en date du 30 mars 2020 (en anglais)
Un bureau du Comité permanent de la Convention de Berne a validé les 7 et 8 avril dernier les décision du groupe des spécialistes de mars sur de nombreux sites. Ce document sera présenté au prochain Comité permanent puis au Conseil des ministres. Lire Scandola en page 12.
"Aucune concession n'est faite et ne sera faite concernant la protection de la biodiversité"
Une nouvelle à laquelle le parc naturel régional de Corse a réagit, ce mardi 21 avril. Dans un communiqué, le président de l'Office de l'environnement Corse, François Sargentini, et le président du parc naturel régional de Corse, Jacques Costa, expliquent que "l’éventualité d'un non renouvellement du diplôme européen des aires protégées sur le secteur de Scandola" est due à "une erreur de communication avec le PNCR". Pour autant, rappellent-ils, "la perte temporaire d’un écolabel que le gestionnaire peut demander auprès d’instances internationales ne signifie pas que le décret de la Réserve naturelle soit abolie".
"Nos agents continueront de faire respecter la réglementation qui protège ce site emblématique, même en période de confinement", ajoutent-ils, précisant s'investir eux-même "largement" depuis plus d'un an "dans la concertation menée techniquement par les agents des deux structures en collaboration avec les services de l’Etat."
"Aucune concession n’est faite et ne sera faite concernant la protection de la biodiversité. Nous avons réussi à rétablir le dialogue avec tous les acteurs du site et initier la mise en place des politiques cohérentes et nouvelles. Nos équipes s’attèlent à ce vaste chantier qui ne peut pas être réglé en quelques semaines"
Le communiqué conclut enfin qu'"un courrier à destination du Secrétariat de la Convention de Berne est en cours de rédaction afin de l’informer de toutes les évolutions qui se sont produites dans la gestion de la Reserve de Scandola depuis un an et demi, ceci afin de rétablir le contact avec les instances du PRNC".
Qu'est-ce-que le diplôme européen d'espace protégé ?
Créé en 1965, le diplôme européen vise à déterminer les "piliers de la sauvegarde de la nature et du paysage" en Europe.Il est accordé par le comité des ministres du Conseil de l'Europe à des espaces naturels et semi-naturels ou à des paysages "ayant un intérêt européen exceptionnel pour la conservation de la diversité biologique, géologique ou paysagère, et faisant l’objet d’une gestion exemplaire", détaille un rapport émanant de l'institution.
"Le diplôme est attribué à des espaces protégés en raison de qualités remarquables du point de vue scientifque, culturel ou esthétique, à condition toutefois que ces espaces bénéficient d’un régime de protection adéquat".
Une décision prise "après une évaluation soigneuse du site concerné". Attribué dans un premier temps pour une durée de cinq ans, il peut par la suite être renouvellé, pour des périodes de dix ans.