Amour et sexualité au temps du Covid : "nouvelle lune de miel" ou "quotidien morose" et "baisse de libido"

Lourde en conséquences sanitaires, politiques ou encore économiques, la pandémie de Covid-19 a également eu des répercussions sur la vie amoureuse et la sexualité des individus, en couple comme célibataires.

Gestes barrières, fermetures des bars, restaurants, musées, théâtres et autres lieux de rencontres festifs et traditionnels, pour séduire et pour profiter de moments à deux depuis mars 2020 et le début de la crise sanitaire, il a fallu réinventer les codes.

Pour certains, les mesures restrictives de déplacement ont été l’occasion de faire le point sur leur situation. Pour d’autres, elles ont été la source de disputes voire de séparation. France 3 Corse Via Stella a lancé, vendredi 12 février, un appel à témoins pour comprendre comment la pandémie de Covid-19 a pu, ou non, affecter votre quotidien amoureux.

Un temps pour "se retrouver à deux"

Il y a ceux pour qui la crise sanitaire et les restrictions de déplacement qui en ont découlé ont été salutaires pour leur vie amoureuse.

C’est le cas de Cristina, 51 ans. Mariée depuis 25 ans, et en télétravail comme son compagnon depuis le mois d’avril, cette dernière se souvient du quotidien "d’avant-covid", durant lequel le couple ne se voyait que de passage, et avait tendance à privilégier les sorties chacun avec son groupe d’amis qu’à deux. Le confinement et les couvre-feux qui ont suivi leur ont finalement permis de "se retrouver".

"En mars, quand le premier confinement a été décrété, on s’est assis tous les deux et on a inscrit sur un calendrier des idées de choses qu’on pourrait faire chaque semaine pour égayer un peu notre quotidien. Le lundi, à défaut d’aller au restaurant, un dîner aux chandelles, le mercredi matin, un jogging ensemble en bord de mer, et le samedi, faute d’aller au cinéma, un bon film sous le plaid avec du pop-corn maison."

Résultat, des mois plus tard "notre couple ne s’est jamais aussi bien porté. J’ai l’impression de revivre notre lune de miel. Dans la vie quotidienne…Et sous la couette aussi, maintenant que nous avons plus de temps à nous consacrer."

Cristina et son époux restent cependant l’exception plutôt que la norme parmi les personnes que nous avons pu interroger.

Une proximité de tout instant qui finit par lasser

En couple, plusieurs internautes décrivent ainsi un quotidien rendu plus compliqué. Pour certains, c’est la proximité permanente avec leur conjoint qui finit par peser.

Annie, qui vit dans la région bastiaise avec son mari, raconte ainsi "se lasser" de ce dernier. "J’ai honte de le dire, mais ma seule joie ou presque, c’est quand il sort acheter le pain le matin, parce qu’il est contraint de s’habiller. Le reste du temps, il reste en vieux jogging tâché, et je me dis : « J’ai épousé ce type-là moi ? ». La flamme des premiers jours, elle a bien disparu."

Je me dis : « J’ai épousé ce type-là moi ? ». La flamme des premiers jours, elle a bien disparu.

Un autre internaute déplore une vie à deux devenue "morose" : "Les jeux de société et les plateaux-repas devant la télévision, c’est bien, mais mois après mois, ça commence à devenir lourd. Parfois j’ai l’impression de ne plus rien avoir à lui dire". Et côté vie sexuelle, c’est le calme plat. "Je n’ai plus de désir, plus de libido. Le fait d’être toujours ensemble me donne le sex-drive d’une limace."

La difficile équation du couple et de la distance

Pour d’autres, c’est à l’inverse la distance qui pose problème. "Je vis en Corse, elle vit en Alsace. On ne s’est vus que six fois dans la dernière année", soupire Sébastien, 36 ans. "C’est presque impossible de voir l’autre personne qui vit plus loin, acquiesce une internaute. Une histoire qui tourne en rond, à cause du Covid !"

Même constat pour un autre internaute âgé de 24 ans. En couple avec son compagnon rencontré "avant la fermeture des bars", "le Covid nous empêche de nous voir régulièrement, partager des choses, se connaître… Nous ne pouvons pas profiter de la vie, c’est une vraie prison psychologique."

Le Covid nous empêche de nous voir régulièrement, partager des choses, se connaître… Nous ne pouvons pas profiter de la vie, c’est une vraie prison psychologique.

Renée, 72 ans, vit elle aussi loin de son compagnon. "200km de distance, c’est déjà loin habituellement, mais depuis le début de la pandémie, c’est le bout du monde ! Nous sommes tout les deux personnes à risque, donc nos contacts sont très limités. On s’écrit beaucoup, on se passe des coups de fils, mais ce n’est pas la même chose."

Cette grand-mère chérit pour autant "sa chance" de ne pas être seule dans cette période : "Je me dis que j’ai au moins quelqu’un à qui je peux parler, que j’aurai des bras à retrouver une fois que tout sera fini, et ça m’aide à trouver le temps un peu moins long."

Le célibat et la solitude

Pour les célibataires, la situation est encore toute autre. Nombreux sont ceux qui nous ont témoigné leur lassitude. "J’ai toujours apprécié être la nana seule et indépendante de mon groupe de copines, maintenant, je me mords les doigts. Je n’aurai jamais pensé que le fait de me coucher et me lever seule, et n’avoir personne à qui parler de mes journées, enfermée dans mon petit appartement, me pèserait autant", souffle Ghjulia, la trentaine. "Je traîne sur les applications de rencontre sans succès. Je fais des rêves érotiques en permanence à défaut de les réaliser en vrai."

"La solitude est horrible, glisse une autre internaute. Ne pas sortir en ville, en boîte ou au restaurant, ne pas être libre de ses déplacements est extrêmement difficile. D’un naturel très joyeux et social, je suis pour la première fois de ma vie, très très seule. Les soirées chez les amis ne suffisent plus, les amis ne font pas la vie amoureuse."

Je traîne sur les applications de rencontre sans succès. Je fais des rêves érotiques en permanence à défaut de les réaliser en vrai.

Antoine, 31 ans, souffre lui tant de son célibat depuis le début de la crise qu’il assure "avoir coupé le contact" avec tous ses amis en couple, "pour ne pas avoir à être confronté à ça. La crise sanitaire m’a permis de me rendre compte à quel point j’étais seul, et à quel point je ne le vis pas bien du tout."

Le jeune homme, sans emploi après un licenciement survenu en mars dernier en raison de la crise sanitaire, indique avoir tenté de rencontrer "quelques personnes dans la rue" au cours des derniers mois. "J’ai eu l’impression d’être accueilli comme un pestiféré. Avec le virus, les gens préjugent que vous êtes malade. C’est normal, quand on ne vous connaît pas, on ne sait pas quelles sont vos habitudes, votre hygiène, si vous respectez les gestes barrières. Mais du coup, je n’ai pas réussi à socialiser, encore moins à séduire qui que ce soit."

Avec le virus, les gens préjugent que vous êtes malade. [...] Je n’ai pas réussi à socialiser, encore moins à séduire qui que ce soit.

 

Paul, célibataire lui aussi, mais seulement depuis quelques mois, assure à l'inverse se sentir "soulagé, et un peu reconnaissant du Covid". En couple depuis 8 ans avec son ex-fiancée à l’annonce du premier confinement, il raconte s’être "retrouvés cloîtrés tous les deux dans [leur] petit appartement ajaccien pour la première fois depuis le début".

"Je me suis rendu compte qu’on n’avait finalement pas grand-chose à se dire, et encore moins de points communs. On ne fonctionnait en tant que couple qu’entouré de nos amis, et je me suis dit que ce n’était pas sain. La séparation a été difficile, mais m’a complètement libéré."

Depuis, le jeune homme de 28 ans raconte avoir eu plusieurs conquêtes sans lendemain. "Rien de très sérieux, mais c’était ce qu’il me fallait pour passer à autre chose. Mon mariage devait avoir lieu ce printemps, mais aujourd’hui, je suis soulagé de passer la Saint-Valentin seul plutôt que mal accompagné."

Les histoires passées remises au goût du jour

Pour combler leur solitude, certains ont choisi de reprendre contact avec d’anciennes aventures. "J’ai revu mon ex, admet un internaute, et ça ne serait sans doute jamais arrivé en temps normal."

Même chose pour Pascal, qui a repris le contact après plusieurs années avec son ex-femme. "On se sentait tous les deux seuls, on habite pas loin l’un de l’autre, c’était pratique et on avait besoin de passer du bon temps, alors on a plongé. Bien sûr ça n’a pas tenu, on s’était séparés pour une raison."

Applications de rencontre et pandémie

D’autres ont préféré s’orienter vers des applications et sites de rencontre, "seul moyen de rencontrer quelqu’un par ces temps", soupire un internaute. Tinder, Grindr, Happn, Facebook Rencontre, Meetic, les choix ne manquent pas.

Les succès, par contre, ne sont pas toujours au rendez-vous : "J’ai tenté le date en période de pandémie, et c’était catastrophique. Avec les bars et restaurants fermés, notre seule solution, c’était d’aller se promener le long de l’Aldilonda", se souvient cette jeune bastiaise.

"C’était les deux heures de promenade les plus longues de ma vie. On marchait donc pas vraiment le temps de se regarder, il refusait de porter son masque correctement, et sans un peu d’alcool, j’étais coincée et je ne trouvais rien à dire. Bref, on n’a pas recommencé l’expérience."

On n’osait pas vraiment s’embrasser, de peur de se refiler la maladie, ça cassait tout le naturel, et au final, toute l’envie aussi.

Un autre internaute indique avoir fait plusieurs rencontres "purement à but sexuel" qui se sont avérées décevantes. "On n’osait pas vraiment s’embrasser, de peur de se refiler la maladie, ça cassait tout le naturel, et au final, toute l’envie aussi."

Un problème pour lequel plusieurs internautes indiquent avoir trouvé une solution : six personnes soulignent ainsi demander à leur partenaire un test PCR ou antigénique négatif avant toute rencontre.

Reste tout de même quelques belles histoires : en déplacement pour le travail en Corse, une jeune internaute explique "avoir rencontré [son] mec sur Tinder. On est sortis ensemble et… je ne suis plus partie depuis !"

Enfin, si Stéphanie, 23 ans, n’a de son côté pas trouvé l’amour, elle raconte avoir pu, grâce aux applications de rencontre, se faire de nouveaux amis. "J’ai rencontré des gens que je n’aurai jamais connu en temps normal", se réjouit-elle.

Daniel aussi : "Des gens formidables, qui, comme moi, se sentaient seuls et avaient besoin de parler à quelqu'un." L'Ajaccien n'a maintenant qu'une hâte "pouvoir enfin les rencontrer en vrai, et sans masque, quand tout sera enfin terminé."

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