Témoignages. "Une occasion comme ça, c'est une fois dans une vie", ces Corses qui porteront la flamme Olympique et Paralympique

Publié le Écrit par Axelle Bouschon

Francesca est médecin, Thomas est professeur d'EPS, Karine est arbitre de triathlon... Tous trois Corses, ils ont un point commun : ils ont été sélectionnés parmi les 11.000 porteurs de la Flamme, dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces privilégiés témoignent.

Francesca Ferrandi, 30 ans, médecin généraliste

Qui vous a nominée ?

Francesca Ferrandi : On en discutait avec mon compagnon qui adore le sport, et qui est passionné des JO. Il a finalement décidé de me faire la surprise de me nominer, en faisant mon dossier de candidature à l'été dernier, le dernier jour avant la clôture.

Quand il me l’a dit, j’ai trouvé ça super et plutôt amusant. Et puis, début décembre, j’ai appris que j’étais sélectionnée.

Quelle a été votre réaction ?

Quand j'ai appris qu'il avait déposé ma candidature, j’étais convaincue qu’il n’y avait aucune chance qu’elle passe, tellement il y aurait de dossiers présentés. Je me disais, "jamais de la vie on va me retenir", et j’ai un peu laissé courir, je n’y pensais plus.

Alors quand j’ai reçu le courriel, c’était une vraie surprise. Nous étions tous les deux en vacances à l’étranger, et je vois le message. Quand je lui ai dit, il n’y croyait pas non plus. On se disait, "non, c’est pas possible". 

Qu’est-ce que ça représente pour vous de porter la flamme ?

Au-delà de la surprise, je suis extrêmement honorée. Déjà, parce que je pense que c’est très rare de pouvoir vivre les Jeux Olympiques dans sa ville, son village, de pouvoir porter la flamme, et je ne pense pas que l’occasion se représentera deux fois !

D'autant plus que je fais partie des premiers à avoir été sélectionnés parmi tous les porteurs de flamme.

Votre dossier de candidature est notamment axé sur votre profession, médecin…

La médecine a toujours été pour moi une passion, quelque chose qui m’anime profondément. C’était mon rêve.

Le dépassement de soi, le fait de voir toujours plus loin, l’ambition d’obtenir ce que l’on souhaite, ce sont des valeurs qui sont au centre des Jeux Olympiques, et je les retrouve dans mon métier, qui implique une certaine volonté et beaucoup d’investissement.

"Le dépassement de soi, le fait de voir toujours plus loin, l’ambition d’obtenir ce que l’on souhaite, ce sont des valeurs qui sont au centre des Jeux Olympiques, et je les retrouve dans mon métier"

Votre présentation parle aussi de votre attachement à la Corse et notamment à l’Extrême-Sud, dont vous êtes originaire.

Professionnellement, je suis très impliquée sur le territoire. On essaie de faire naître une permanence de soin via la maison médicale de garde, on se déplace à domicile auprès des personnes âgées, on essaie vraiment de voir tous les âges et de soigner tout le monde. Je pense que c’est essentiel, et le soin, c’est un don de soi.

Après, je suis aussi très attachée à faire en sorte de montrer la région autrement que par le tourisme. Alors, ces Jeux Olympiques, c’est aussi l’occasion de la faire rayonner autrement, par le sport, par ses paysages et sa nature et par la solidarité qu’on y trouve.

Savez-vous comment cela va se dérouler ?

Pour l’instant non, on ne m’en a pas trop parlé. J’attends d’avoir des informations. Après, c’est sûr que ça me ferait très plaisir si je pouvais le faire dans mon village [Bavella, qui se trouve sur le parcours de la flamme, ndlr]… Mais je n’ai pas encore d’informations arrêtées, ni sur le parcours, ni sur la distance.

Thomas Barthes, 24 ans, professeur d'EPS

Qui vous a nominé ?

Thomas Barthes : C'est ma mère qui a rédigé et envoyé mon CV et une lettre de motivation vers le mois de mars ou d'avril. Elle a mis en avant mon parcours sportif : j'ai été président de l'association sportive U Casa à l'Université de Corte, j'ai été sélectionneur et entraîneur pour différentes équipes de basket...

La première étape correspondait à un tirage au sort, et j'ai rapidement eu la confirmation que je faisais partie des sélectionnés pour cette vague, mais il restait encore beaucoup de candidatures, donc rien n'était assuré. Et puis, le 15 janvier, on m'a enfin annoncé que je serai parmi les relayeurs.

Quelle a été votre réaction ?

J'étais vraiment très étonné, parce qu'au moment où le message est arrivé, j'étais en plein cours avec mes élèves, je n'y croyais pas vraiment. Ce qui est fou, c'est que la veille, j'avais fait un rêve où je portais justement la flamme Olympique, et le lendemain, j'en ai eu la confirmation.

 

"La flamme fait partie de l'histoire des Jeux, et a toujours existé depuis leur création. Des célébrités l'ont porté, et je suis ravi de le faire à mon tour."

Qu'est-ce que ça représente pour vous de porter la flamme ?

La flamme fait partie de l'histoire des Jeux, et a toujours existé depuis leur création. Des célébrités l'ont porté, et je suis ravi de le faire à mon tour. C'est une occasion qui arrive une fois dans une vie. 

Le sport, c'est quelque chose de central pour moi depuis que je suis tout petit. Je faisais du judo dès l'âge de 3 ou 4 ans, j'ai commencé le basket à l'adolescence...

Et puis c'est aussi une revanche pour moi. Je repense à l’enfant que j'étais qui rencontrait beaucoup de difficultés, à qui on disait qu'il n'allait jamais réussir dans la vie, ni le bac ni les études. Et maintenant, j'ai un bac +3, je suis professeur contractuel et animateur pour enfant, je suis entraîneur de basket dans un club reconnu, et bientôt, je vais pouvoir participer au relais de la flamme Olympique. C'est une belle réussite.

Mais je tiens à préciser que ce n'est pas uniquement ma flamme, mais c'est aussi celle de l'équipe U15F départemental du Cavigal, et bien évidemment celle de tous mes anciens clubs.

Savez-vous déjà comment cela va se dérouler ?

Je sais que je vais faire 200 mètres, et que ce sera à Bastia. Mais après, les horaires, le départ et l'arrivée, je n'ai pas encore eu de précisions. Nous aurons les réponses à la mi-avril.

Karine Grimaldi, 51 ans, arbitre de triathlon

Comment s'est passée votre candidature ?

Karine Grimaldi : J'ai directement été contactée par un mail du comité Paris 2024 dans le cadre du Relais de la flamme Paralympique, qui me proposait de postuler. On me demandait initialement de répondre juste avec mon nom, mon prénom, et de parler de mon handicap.

Je me suis dit, "tiens, pourquoi pas", et j'ai répondu un peu comme ça, sans trop me poser de questions. Et puis j'ai reçu un nouveau message qui me demandait cette fois de développer mon parcours. Alors j'ai dit que j'ai 51 ans, que je vis en Corse, que j'ai toujours été très impliquée dans le sport, et qu'en 1992, quand j'avais 18 ans, j'ai eu un accident directement en rapport avec le sport, au stade de Furiani, qui m'avait rendu tétraplégique. J'ai raconté que j'y avais perdu ma sœur cadette.

J'ai écrit que le sport m'avait permis de ne pas sombrer et d'au contraire relever ce défi de la vie, et que c'est même au travers du sport - le tennis de table, précisément - que j'ai eu la chance de rencontrer celui qui est aujourd'hui mon mari.

J'ai expliqué qu'aujourd'hui, nous pratiquons toujours du sport ensemble, que nous sommes même tous les deux devenus arbitres de triathlons, et que nous nous déplaçons un peu partout en Corse depuis des années pour encadrer des événements sportifs.

Quand avez-vous appris que vous étiez sélectionnée ?

J'ai d'abord reçu un premier mail qui me disait que j'étais présélectionnée, et qui m'a fait continuer d'y croire. Et puis, début décembre, j'ai enfin eu ce fameux message qui m'annonçait que je serais porteuse de la flamme Paralympique.

On me demandait au passage de désigner un binôme, et j'ai bien sûr demandé que ce soit mon mari, qui partage déjà tout cela avec moi.

"Même si je n'ai pas reçu de médailles dans ma vie ou gagné de compétition, c'est la récompense de tous ces défis, c'est une reconnaissance de mon parcours."

Quelle a été votre réaction ?

J'étais comme sur un nuage. Je les ai même appelés pour vérifier si ce n'était pas un gag, et ils m'ont assuré que non, non, j'avais bien été choisie, et qu'ils étaient contents de m'avoir. La personne du comité de Paris 2024 m'a indiqué que sur les 6000 mails qu'ils avaient envoyés comme celui que j'ai reçu, seules 6 candidatures, dont la mienne, avaient été sélectionnées.

Elle m'a expliqué que mon histoire les avait beaucoup touchés. Et pour moi, c'est extraordinaire, parce que je me dis que c'est un coup de chance d'avoir reçu ce mail, puis d'avoir été sélectionnée. Parce que même si je n'ai pas reçu de médailles dans ma vie ou gagné de compétition, c'est la récompense de tous ces défis, c'est une reconnaissance de mon parcours. Et savoir que mon histoire a pu les émouvoir et que c'est ce qui explique ma sélection, ça m'émeut d'autant plus.

Comment vos proches ont-ils réagi ?

J'ai dû garder le secret jusqu'à Noël pour la famille, et jusqu'au 15 janvier pour l'annoncer sur les réseaux sociaux. Tout le monde était vraiment content pour moi. Ma mère et mes beaux-parents étaient très fiers, c'était incroyable.

Après, je pense que mes proches comme moi, on ne se rend pas encore bien compte de ce que ça représente. Je pense que ça viendra le jour de l'événement, quand il y aura toute l'effervescence, et que l'on va se retrouver pour quelques instants au centre de toutes les attentions. C'est fou, quand on y réfléchit. 

Savez-vous comment cela va se dérouler ?

Le relais de la flamme Paralympique ne passe pas par la Corse, alors le comité m'a demandé de leur indiquer l'endroit qui m'arrangerait le plus. J'ai demandé à faire mon passage à Nice, parce que c'est là que mon mari a fait un Ironman, et que c'est donc un endroit qui représente quelque chose pour nous.

Mais je ne suis pas encore sûre que je serai bien là-bas. Ce sera peut-être à Montpellier ou Marseille. J'attends d'avoir plus d'informations.

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