"C'est 40 ans de lutte qui triomphent ce soir", se réjouit Anne-Marie Mattei. Comme elle, des centaines de partisans de Pè a Corsica ont célébré dimanche soir, devant la mairie de Bastia, le triomphe de la coalition nationaliste aux élections territoriales en Corse.
18h45, les premiers résultats sont encore provisoires mais les partisans de la coalition nationaliste ne veulent plus attendre. Ils font sortir de la mairie les deux leaders nationalistes en les portant en triomphe sur leurs épaules agitant les drapeaux corses et entonnant des chants de victoire.
A l'unisson de leurs sympathisants, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni chantent et brandissent le drapeau corse.
Sur la place de la mairie, un chapiteau pouvant contenir un millier de personnes accueille la liesse.
"C'est beaucoup de joie, l'aboutissement d'une lutte de 40 ans pour la reconnaissance des droits du peuple corse", se félicite Anto Stagnara, chef d'entreprise trentenaire. "J'éprouve une joie intense", abonde Anne-Marie Matteï, une secrétaire de 52 ans.
"Avec eux", dit-elle en parlant des deux leaders de Pè a Corsica, "nous allons enfin pouvoir devenir la première île de Méditerranée". "On attend ce moment depuis tellement longtemps, depuis que l'on est enfant, depuis les événements d'Aléria (l'occupation d'un domaine viticole en 1975 avait marqué la renaissance du mouvement nationaliste corse, ndlr). On a l'impression de vivre enfin, de voir reconnaître notre île, notre identité, notre culture, nos richesses", s'enthousiasme-t-elle.
Pour Louis Martinetti, cheminot de 65 ans, cette victoire est "une marche vers l'émancipation". Tout en se disant indépendantiste, il répète que la question "n'était pas le sujet de l'élection" et que les Corses ont voté pour "un véritable statut d'autonomie".
Les priorités des nationalistes corses
Sur les trois priorités mises en avant par Jean-Guy Talamoni dans les négociations qu'il compte bien ouvrir avec Paris, --co-officialité de la langue corse, statut de résident et amnistie des prisonniers--, M. Martinetti voit la troisième comme la plus pressante. "Politiquement et affectivement, c'est celle qui compte le plus pour moi"."On espère vraiment que ce score sera pris en compte par Paris", veut espérer Anto Stagnara pour que "soit reconnu notre peuple".
"Cette île a été enracinée dans la violence pendant très longtemps et aujourd'hui il était temps de construire une autre Corse sortie du clanisme et du clientélisme. Aujourd'hui c'est une vraie démarche collective au service exclusif des intérêts du peuple corse", tranche-t-il.
Dehors, des tirs de célébration résonnent dans la nuit.