Mercredi 15 février, le tribunal correctionnel d’Ajaccio a condamné six personnes à des peines comprises entre deux et huit ans de prison pour un trafic de stupéfiants entre la Corse et les Pays-Bas. Des condamnations quasiment identiques aux réquisitions.
« C’est tombé sec », commente un des avocats de la défense. Mercredi 15 février, après près de trois heures de délibéré, le tribunal correctionnel d’Ajaccio a condamné six personnes à des peines comprises entre deux et huit ans de prison pour un trafic de stupéfiants entre la Corse et les Pays-Bas.
Considéré « à la tête » du réseau, F. Fedi écope de la peine la plus lourde : huit ans. Les cinq autres ont été reconnus coupables de trafic de stupéfiants uniquement en Corse-du-Sud. Ainsi, JB. Schettini est condamné à six ans de prison, D. Szewczyk à quatre ans et révocation de son sursis probatoire de 11 mois avec mandat de dépôt, A. Chauliat à trois ans de prison avec mandat d’arrêt, C. Liberti à trois ans de prison dont un avec sursis et N. Tristani à deux ans de prison avec mandat d’arrêt.
« C’est une guerre de trafiquants »
Toutes les peines sont inférieures d’un an à celles demandées par le ministère public. Durant ses réquisitions, la procureure a insisté sur « le fléau » que représente la drogue « chez nous, en Corse » avec « des jeunes de plus en plus touchés ». Elle détaille une « logique économique » dans laquelle « c’est parce qu’il y a de l’offre qu’il y a de la demande ».
Durant plus d’une heure, elle s’évertue à détailler le fonctionnement « du réseau », où tout est si bien organisé que « les groupes deviennent interchangeables ». Pour le ministère public, contrairement à ce qu’affirment les six prévenus toxicomanes, les « achats groupés » n’existent pas. Les deux logements considérés comme des lieux de deal sont qualifiés de « plateformes », certains prévenus « doivent chercher des clients ».
Selon la procureure, « on n’est pas dans petit cercle de toxicomanes », comme le soutiennent les avocats de la défense, mais dans « une guerre de trafiquants ». Les six prévenus sont considérés comme « des dangers pour la société ». « Ils s’empoisonnent eux-mêmes et empoisonnent la jeunesse».
« Vous allez en faire un loup »
Des réquisitions que Me Philippe Gatti qualifie « d’outrancières », « dangereuses pour l’ordre public ». « Elles ne peuvent pas être entendues. La peine doit avoir un sens, et là, elle n’en a aucun. »
Dans leur plaidoirie, les quatre conseils déroulent leur vision du dossier. Celui « d’un procès de la misère », pour Me Alain Falzoi. « Qu’est-ce qu’on a ici ? Une poignée de toxicomanes qui consomment entre eux. Ce sont des malades, et ce mot n’a pas été prononcé une seule fois par le ministère public ». En s’adressant au tribunal il interroge : « C. Liberti s’injecte de l’héroïne par intraveineuse et il fume du crack. Vous imaginez les dégâts ? Et il participe à un réseau ? »
Me Raphaële Deconstanza décrit quant à elle « une montagne qui accouche d’une souris ». « Il n’y a aucune saisie, zéro billet. Il y a un voyage hors frontière qui conduit à l’interpellation d’un homme sans que rien ne soit retrouvé sur lui », détaille-t-elle. « Ce dossier, c’est la misère sociale, ramené le à ce qu’il est, et pas à ce qu’on imagine. »
« Tous ont des destins brisés », reprend Me Philippe Gatti qui veut « croire en une réinsertion ». « Si vous suivez les peines demandées pour mon client, vous allez en faire un loup. Vous allez éteindre toutes les lumières qui sont en train de s’allumer sur son chemin. »
Tous ont 10 jours pour faire appel de leur condamnation.