Trafic de drogue entre la Corse et les Pays-Bas : « Je consomme de l’héroïne, de la cocaïne, du crack et du cannabis depuis 40 ans »

Six personnes soupçonnées de trafic de drogues entre la Corse et les Pays-Bas comparaissent devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio depuis le 14 février. Tous sont toxicomanes depuis plusieurs dizaines d’années.

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« Tout part de vous Monsieur », assène la présidente du tribunal correctionnel d’Ajaccio. Face à elle, à la barre, F. Fedi rétorque : « Oui, on me met à la tête à cause de mon passé ». 

Le quinquagénaire, grand, maigre, le teint gris et le visage émacié est toxicomane depuis l’âge de 16 ans et la mort de son frère. Déjà condamné trois fois pour trafic de stupéfiants, il est aujourd’hui soupçonné d’avoir organisé un trafic d’héroïne, de cocaïne et de cannabis entre les Pays-Bas et la Corse entre avril 2021 et janvier 2022. Un dossier dans lequel cinq autres prévenus sont mis en cause : N. Tristani, sa compagne, A. Chauliat, C. Liberti, JB. Schettini et D. Szewczyk.

Les cinq premiers se connaissent de près ou de loin. Une chose les réunit : la consommation de drogue. « Je consomme depuis au moins quarante ans de l’héroïne, de la cocaïne, du crack et du cannabis. Durant certaines périodes je me suis calmé, mais j’en prends quotidiennement, au moins un gramme par jour, depuis 2019 et le décès de mon épouse », explique C.Liberti. 

« C’est comme ça avec l’héroïne »

Dans la procédure, son domicile est considéré comme le premier point de deal du trafic présumé. Une qualification que le prévenu réfute. « Les gens venaient consommer chez moi parce qu’on était tranquille. On faisait des achats groupés sur Snapchat ou on appelait des gens qui nous livraient. On est des toxicos, on essaye de s’avantager dans l’achat des produits. » « C’est de la consommation entre malades, on fait de l’échange », complète F.Fedi. 

« Comment expliquez-vous les nombreux rendez-vous que vous avez avec de potentiels clients alors que vous êtes, à ce moment-là, sous bracelet électronique ? », l’interroge la présidente du tribunal. « J’étais en manque, j’avais besoin de produit, vous savez c’est comme ça avec l’héroïne. Et les gens que je voyais étaient dans le même état », répond le prévenu. 

Quant aux trois séjours qu’il effectue à Rotterdam en septembre, novembre et décembre 2021, F. Fedi explique qu’il s’agit « de moments pour souffler ». « Ça n’allait pas du tout dans ma vie, je suis parti prendre l’air pour consommer. Pour payer le voyage j’ai demandé autour de moi, à mes parents». Un de ses avocats, Me Alain Falzoi, précise que le quinquagénaire est toujours revenu de ses séjours sans aucun produit. « J’ai toujours tout consommé là-bas. Je prenais juste assez pour tenir pendant la journée de voyage pour rentrer », souligne le prévenu. 

Écoutes téléphoniques 

Occupant de l’appartement présenté comme le second point de deal de la procédure, A. Chauliat était absent en ce premier jour de procès. Dans une lettre adressée au tribunal, il déclare être menacé par un détenu incarcéré à Borgo. Ayant peur pour sa vie, il indique qu’il ne se rendra pas à Ajaccio et accepte d’être jugé en son absence. Aucun des prévenus ajacciens n’est détenu dans l’établissement pénitentiaire cité. 

Selon ses déclarations, D. Szewczyk a été placé chez lui par JB. Schettini, prévenu auprès duquel il aurait contracté une dette. Sa mission serait de surveiller le bon déroulement du trafic. Dans ses déclarations, il indique que F.Fedi est son fournisseur. « Je suis une victime. Il y a plein de chose que je ne savais pas, j’ai été neuf mois sur le continent à cette période », explique-t-il. Période durant laquelle, toujours selon les dires de A.Chauliat, D. Szewczyk aurait « conditionné et revendu » de l’héroïne de la cocaïne et du cannabis dans son appartement. Des accusations que nie D. Szewczyk qui affirme ne pas connaître JB. Schettini et inversement. 

Au fil des débats, essentiellement basés sur les écoutes des conversations téléphoniques de chaque prévenu, le trafic semble difficile à imaginer. Les quantités de drogue retrouvées dans les domiciles de quelques prévenus sont minimes, et lorsqu’il est question d’argent, les sommes évoquées ressemblent plus à des dettes entre consommateurs qu’à un trafic de drogue international. 

Le procès se poursuit ce mercredi avec les réquisitions et les plaidoiries des avocats de la défense. 

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