Procès d'Axel Bouchard : 26 ans de prison pour le meurtre de Savannah Torrenti

Dernier jour de procès au palais de justice d'Ajaccio. La peine requise par l'avocate générale était de 22 ans, ce qui avait suscité une forte déception chez la famille de la jeune fille qui avait 23 ans au moment de sa mort. 

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Verdict - Jour 4

L'avocate générale, en s'adressant aux jurés, avait prévenu:

Quelque soit la peine qu'ils décideraient d'infliger à Axel Bouchard, elle serait supérieure aux espoirs de la famille du jeune homme de 27 ans, et inférieure aux attentes de la famille de la jeune fille, qui était âgée de 23 ans en 2016, quand elle a perdu la vie.

Dans l'après midi, elle avait requis 22 ans de réclusion criminelle.
Accompagnés d'une peine supplémentaire de 10 ans de suivi social judiciaire. 

La cour d'assises a condamné Axel Bouchard à une peine d'emprisonnement de 26 ans. 

 
 
 

Procès - Jour 3

Cette fois, c'est leur tour.
Ils sont restés silencieux depuis le début du procès, mais cet après-midi, les parties civiles se sont exprimées.

Le père de Savannah a refusé d'être filmé, mais à la barre, il déclare :

J'ai appris dans cette cour qu'on m'a caché pas mal de choses… Chacun prendra ses responsabilités.

Juste avant lui, Mylène Jacquet, la mère de la jeune femme, a raconté que sa fille se confiait peu.
Elle n'aurait jamais imaginé qu'un tel drame puisse se produire. Au procès, elle a pris conscience de l'escalade. 

La dignité de la mère de Savannah...

Elle a entendu les témoignages des amies de sa fille. 

Je peux au fil du procès me rendre compte qu'il y'avait beaucoup de violences. Moi je n'ai pas su les voir. Y'a des choses que je n'ai pas su voir, que maintenant je connais, je sais voir. Et c'est ce que je voudrais faire comprendre à une majorité de personnes.

Elle a aussi assisté au témoignages des parents de l'assassin présumé de sa fille. 
Avec une dignité qui a fait l'admiration de l'assistance, alors que le drame de Savannah a bouleversé et scandalisé l'opinion publique.

 

Pascal Bouchard, le père d'Axel, très ému, a rendu hommage, au sortir de la salle d'audience, à Mylène Jacquet...

Pour lui, ce procès, c'est aussi l'occasion de réaliser que le pire a eu lieu…
Et de regarder cette réalité en face.

 

 

Procès - jour 2

Une fille super gentille qu’on ne pouvait qu’aimer, quelqu’un qui détestait les conflits, qui voulait toujours arrondir les angles... la grâce et du sucre mélangés...

Voilà comment, les amis de Savannah, qui se succèdent à la barre, la décrivent.

Tao Van Tuan raconte que la jeune femme avait peur de rencontrer Axel Bouchard ce soir-là. 
Puis elle décrit le moment où, agressif, il les a arrêtées dans la boîte de nuit, saisissant la jeune femme par le bras.

Amandine Delclaud, elle, se souvient du « regard sombre » de l’accusé ce soir là. Il ne la quittait pas des yeux, dit elle.

Il errait seul comme un prédateur qui cherchait Savannah.

 

 

Les témoignages poignants des proches de Savannah se succèdent

Et puis il y a Nicolas Maniacci
Le soir des faits, il allait raccompagner la jeune femme chez elle quand l’accusé s’en est violemment pris à eux. 

C’est par respect par Savannah, dit-il, qu'il ne l'a pas frappé. 
Quelques mois auparavant, Nicolas avait eu une relation avec Savannah, et elle lui avait confié qu’Axel Bouchard lui avait mis une claque.
Mais, dit il, à ce moment là elle ne risquait rien, et je ne savais pas que c’était aussi important.

Ensuite vient Alexandra Spinelli.
Elle n’était pas là ce soir là mais à la barre elle s’effondre en larmes.

Savannah c’était « comme une sœur » lance-t-elle à l’accusé.

Enfin vient le temps des regrets:

Quelques jours avant le drame, elle m’avait montré des bleus et m’avait confié qu’Axel la  frappait...  je devais prévenir son père. Mais je n’ai pas eu le temps.

 


En ce début d'après-midi, des hurlements résonnent dans la salle d'audience.
Ponctués par un silence écrasant. 
Seulement troublé par quelques sanglots étouffés...

La bande-son de l’appel passé au CODIS le 1er mai 2016 vient d’être diffusée ici.
Glaçant d’effroi toute l’assemblée.

On y entend, en fond, une voix hurler:

Axel tu me regardes ! Tu l’as tuée Axel ! Tu l’as tuée !

Cette voix, c’est celle d’Océane Bouchard, la sœur de l’accusé.

A la barre elle raconte son arrivée dans l’appartement ce matin-là.
Le choc, quand elle a vu Savannah Torrenti allongée nue sur le canapé. 
En larmes, elle peine à raconter : 
"C'était un inconnu qui faisait un truc de malade!"

Quand on lui demande de décrire l'état dans lequel se trouvait la victime, elle dit : 

Si je n’avais pas su que c’était elle je ne l'aurais pas reconnue.

Ce soir là, elle s’est jetée sur son frère pour le frapper...
Mais aujourd’hui encore elle l'affirme :

Je suis certaine qu’il ne voulait pas la tuer. Ce soir là ce n’était pas mon frère, c’était un inconnu qui faisait un truc de malade !

Les deux sœurs d’Axel Bouchard sont catégoriques : leur frère est jaloux, oui, mais pas violent.
Des déclarations qui tranchent avec celles des témoins de la partie civile, qui ont comparu le matin même. 
 

Procès – jour 1

Dans le box des accusés - qu’il quittera plus tard à la demande de son avocat pour s’installer sur une chaise face au jury – Axel Bouchard apparaît anxieux.

Cheveux bruns coupés courts, chemise bleu ciel, il a les traits tirés et les yeux cernés.
La plupart du temps, il fixe ses pieds et fuit les regards de ceux qui l’observent dans la salle.

Au premier rang, la famille de Savannah Torrenti.
La mère et le père de la jeune femme, son grand frère et sa petite sœur, sa tante et sa grand-mère.

De nombreuses personnes sont venues les soutenir dans cette épreuve.
Des amis, mais aussi des membres de l’association Savannah, créée par la mère de la jeune femme quelques mois après sa mort pour venir en aide aux victimes de violences.

Les membres de la famille d’Axel Bouchard ont quant à eux fait une brève apparition au tout début de l’audience.
Témoins dans cette affaire, ils seront auditionnés lundi et ne peuvent donc assister aux débats pour l’instant.

 

« Je ne me rappelle pas »

Depuis le début de l’enquête, les déclarations d’Axel Bouchard sont confuses.

Aux policiers lors de sa garde à vue, comme au juge d’instruction, il n’a livré que des souvenirs morcelés de cette nuit du 30 avril au 1er mai 2016.
A la barre, il maintient sa version et souvent, lorsque le président ou les avocats de la partie civile l’interrogent, il répond : « je ne me rappelle pas. »

Je ne suis pas capable de vous dire j’ai fait ça, ça, ça… (...) j’aimerais, moi aussi, pour comprendre.

Il raconte un début de soirée en compagnie de sa petite copine et d’amis à Ajaccio, la consommation de différents alcools et drogues - MDMA, cannabis - et l’arrivée au Sun à Porticcio où se trouvait Savannah qui l’aurait invité à boire un verre au comptoir avant de s’éclipser.

C’est en la voyant partir avec un autre homme qu’il se serait énervé et qu’il l’aurait rattrapée pour lui demander « une explication ».
Devant la boîte de nuit, une première altercation aurait alors éclaté avec le jeune homme qui l’accompagnait. 

Axel Bouchard se souvient ensuite qu’il aurait rejoint sa voiture avec Savannah pour discuter mais que cela aurait dégénéré. Il reconnaît l’avoir saisie à la gorge et étranglée pendant « 4 ou 5 secondes » puis lui avoir mis « des gifles » et un coup de poing qui l’aurait mise « K.O ».

Ensuite, dit-il, après avoir prévenu sa petite amie par téléphone, il aurait pris la route pour emmener Savannah à l’hôpital.
Sur le trajet, il affirme avoir eu deux accidents. 

Il aurait décidé d’emmener Savannah chez lui pour la nettoyer.

Il se rappelle l’avoir déshabillée puis lui avoir coupé les cheveux, « pour la faire chier ».  « Je voulais qu’elle souffre mais je ne voulais pas la tuer », assure-t-il, « j’aimais Savannah , je l’aimais vraiment beaucoup beaucoup. »

 

« Il n’y a qu’une personne qui sait ce qui s’est passé ce soir là » 

Que s’est-il passé ce soir là ? Les deux médecins légistes, entendus lundi après-midi, ne peuvent donner de chronologie précise. Mais ils sont catégoriques : la version de l’accusé ne tient pas.

Savannah Torrenti présentait de multiples hématomes et ecchymoses ainsi qu’un très important traumatisme crânien.
Le signe, selon les experts, qu’elle a reçu de violents coups de poing ou que sa tête a été frappée contre une surface dure.

Autre certitude, les accidents de voiture ne peuvent avoir provoqué ces lésions. Enfin, les médecins sont formels, la jeune femme est morte par strangulation.

Un étranglement qui a duré longtemps, insiste le docteur Alain Miras, car « il faut que ça dure plusieurs minutes pour qu’il y ait décès ».

Aux questions pressantes de maître Gatti, l’avocat de la défense, sur la chronologie précise et détaillée des faits, l’expert finit par répondre « il n’y a qu’une seule personne qui sait ce qui s’est passé ce soir là. » 

L’avocat commentera, « ou peut être pas. »

Les faits
1er mai 2016, à Ajaccio.
Suite à un appel reçu par le CODIS, les secours se rendent à la résidence Monte Mare, située avenue Maréchal Juin.
Une jeune femme y aurait été victime de violences.

Dans l’appartement d’Axel Bouchard, ils trouvent le corps de son ex petite-amie, Savannah Torrenti.
Inconsciente, elle est dénudée, le visage tuméfié.

Plusieurs personnes sont présentes dans l’appartement.
La petite amie d’Axel Bouchard, ses deux sœurs, ainsi que le compagnon de l’une d’entre elles.
C’est d’ailleurs ce dernier qui a appelé le CODIS.

Axel Bouchard, lui, prend la fuite dès l’arrivée des pompiers.

Malgré leurs efforts, les secouristes ne pourront réanimer la jeune femme.

Savannah Torrenti, 24 ans, est déclarée morte à 7h30.
Axel Bouchard se rendra au commissariat dans l’après-midi, accompagné de ses parents.
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