Vaccin contre la grippe : en Corse, "on a doublé les vaccinations en octobre, et on n’est que le 20"

La campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière, qui a débuté le 13 octobre, a connu un démarrage historique. Les pharmacies de l’île ont constaté une demande accrue et certaines n’ont déjà plus de vaccins et attendent une livraison des laboratoires.

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Au bout du téléphone, Camille Secondi décroche entre deux clients. Il y a du monde dans sa pharmacie du port à Propriano et des demandes, dont l’une revient plus régulièrement que les autres années : le vaccin contre la grippe saisonnière.

"Il y a une grosse augmentation, constate la pharmacienne. Sur le mois d’octobre, on a doublé les vaccinations, et on n’est qu’au 20 octobre". 

La campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière n’a commencé que le 13 octobre que, déjà, la pharmacienne compte ses 400 vaccins, ce qu’elle distribue normalement sur une saison.

"On n’est pas en rupture, mais on en risque une avant la fin"

Une pénurie ? "On n’est pas en rupture, mais on en risque une avant la fin. Pour l’instant, il n’y a pas de soucis, mais il y en aura sûrement un courant novembre".

De Calvi  à Ajaccio en passant par Bastia, les pharmaciens font état d’une situation inédite, même s’il est bien trop tôt pour tirer un bilan.

"Ça s’est tendu très vite, explique-t-on du côté de la pharmacie Sali à Calvi. On n’a plus de vaccins et on attend la deuxième livraison".

À Bastia, comme à Ajaccio, certains ont du stock, alors que d’autres ont déjà épuisé leur première dotation et attendent d’être réapprovisionnés, même si les dotations sont limitées et les stocks pas infinis.

5 millions de vaccins en une semaine sur tout le territoire

"On n’a pas reçu suffisamment de vaccins pour honorer toutes les demandes", glisse Antoine-François De Prémont, pharmacien à la pharmacie de la Préfecture et membre du conseil de l’ordre des pharmaciens en Corse.

Le risque d'une pénurie ? "C’est un peu tôt pour le dire si les laboratoires assurent. Mais même les labos ont été pris de court, et cette année, on ne peut pas commander de vaccins au compte-goutte. La communication autour de la campagne a trop bien marché".

En une semaine, près de cinq millions de vaccins ont été dispensés au niveau national, soit près de la moitié de l’an dernier (12 millions de vaccinations). Quatre à cinq fois plus que la normale.

Et si les stocks de l’État ont été gonflés de 30% cette année, l’échelonnage des livraisons de vaccins en pharmacie et la forte demande de la première semaine créent des problèmes de stock. Sur le continent comme en Corse.

On espère que les pharmacies seront fournies, on ne veut pas vivre la même histoire que pour les masques.

Docteur François Agostini, médecin généraliste à Calenzana et président de la fédération corse de la médecine coordonnée et de l'innovation

L’Agence régionale de santé explique, de son côté, qu’il est trop tôt pour faire un "bilan" et écarte une pénurie. "Les officines ont commandé un nombre suffisant de vaccins et sont approvisionnées par vagues, tout a été anticipé", assure l'ARS, qui confirme une grosse demande en vaccins sur l'île.

De l’avis de spécialistes et pharmaciens, le risque existe pourtant et s’explique par une forte demande, conséquence même de la crise du Covid-19, qui n’a pas pu être anticipée.

"On espère que les pharmacies seront fournies, on ne veut pas vivre la même histoire que pour les masques, souffle le docteur François Agostini, médecin généraliste à Calenzana et président de la fédération corse de la médecine coordonnée et de l'innovation. Il ne faut pas dramatiser, mais il y a une tension sur la fourniture en pharmacie".

Le Covid pousse les citoyens à se faire vacciner

"Les laboratoires ont été pris de court, ils ont lancé leur production avant le Covid, rappelle Antoine-François De Prémont. Et il y a eu un engouement soudain". Un avis largement partagé. 

Avec la Covid, les demandes ont explosé. Il y a les personnes prioritaires (personnes âgées ou malades) qui disposent d’un bon de l’Assurance-maladie. Et les autres.

"Il y a des clients qui ne le faisaient jamais, explique-t-on du côté la pharmacie de l’Opéra à Bastia, et là, cette année, ils ont décidé de le faire. Ils ont changé d’avis avec tout ce qui se passe". Un succès forcé qui tend les pharmacies.
 
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