David Rachline, qui s'empare à 26 ans de l'écharpe tricolore de maire de Fréjus (Var), fait partie des jeunes loups du Front national, brûlant d'impatience d'être aux manettes en choisissant soigneusement leurs mots.
Ce cadre du FN, délégué national à la "communication numérique" en charge des tweets de Marine Le Pen, ne se laisse pas démonter par ses détracteurs qui le décrivent comme un "apparatchik" sans expérience professionnelle, admirateur de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.
"Je gère un service de cinq personnes, avant j'ai fait de l'immobilier", rétorque David Rachline, qui jure que Fréjus sera dirigée par une équipe compétente "fréjusienne" et non par des frontistes parisiens.
Ce bon élève de l'écurie de Marine Le Pen, au discours très policé et au visage rond affable, s'auto-qualifie de "modéré".
Sa première tâche consistera à "rassurer les Fréjusiens qui sont inquiets, à leur dire qu'ils seront traités strictement de la même manière, quelles que soient leur orientation politique, leurs origines, leur religion, leur couleur de peau".
Forte tension dans la soirée devant la permanence de David Rachline dans la soirée:
Dans la cité de 53.000 habitants, où il a fait toute sa scolarité, l'enfant du pays connaît du monde dans la rue. Son étonnante assurance et un début de calvitie font oublier son jeune âge.
Cela fait déjà six ans qu'il siège au conseil municipal, poste d'observation des comptes exsangues de Fréjus. Il a aussi conquis un siège de conseiller régional en 2010.
"Il a une maturité incroyable et un sens politique très développé", s'émerveillait jeudi, en visite de soutien, son aîné Steeve Briois, nouveau maire FN d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
"Je regardais les débats à l'Assemblée nationale"
"Je défends mes convictions depuis que j'ai quinze ans", insiste M. Rachline, ironisant sur les "vaudevillesques" tentatives d'union gauche-droite pour lui barrer la route.La "passion" dévorante de ce célibataire qui ne boude pas une sortie conviviale entre copains, c'est la politique. "Pendant qu'un certain nombre de mes amis jouaient au foot ou à la console, je regardais les débats de l'Assemblée nationale à la télévision", se souvient-t-il. Très vite, il veut "enrayer la décadence du pays" et remarque ce qui ne va pas comme "l'immigration, l'insécurité, le pouvoir d'achat qui recule".
Rien ne le prédisposait aux sirènes du FN. Il grandit dans une maison auprès d'un père agent d'assurance, "sur la ligne Nouvel Obs, gauche sociale-démocrate assez molle", aime résumer l'élu. Ce père décédé en 2003 essaya vainement de l'influencer politiquement. Sa mère, ex-gérante d'entreprise abstentionniste, vote désormais pour son fils.
"Je suis agnostique, je n'ai pas été élevé dans la religion, mon père était d'origine juive, à ma connaissance il ne croyait pas en Dieu". De l'histoire des grands-parents de son père, des juifs d'Ukraine venus en France, il n'en dira pas plus.
Interrogé en 2010 sur l'antisémitisme associé au Front national, Jean-Marie Le Pen s'était défendu en soulignant: "Je crois que le responsable des jeunesses s'appelle Monsieur Rachline, c'est le nom du fondateur de la Licra vous voyez".
L'utilisation de son patronyme juif par un parti en quête de dédiabolisation ne le fait aucunement sourciller. "Est-ce que moi j'aurais dit ça, peut-être pas, Marine le Pen, probablement pas non plus, c'est pas notre truc".
Il est plus gêné quand on cite d'autres candidats FN, en position inéligible, déclinant sans complexe la "préférence nationale". "Ils ne sont pas dans la réalité concrète, même si j'ai pu dire cela à une époque", murmure-t-il, "un étranger qui travaille à Fréjus et qui respecte Fréjus, aura un logement".