David Rachline, maire Front national de Fréjus (Var) depuis mars, est devenu dimanche à 26 ans le plus jeune sénateur de la Ve République, couronnant une carrière politique déjà longue.
Il est né en décembre 1987 mais d'aucuns lui donneraient cinq ou dix années de plus: M. Rachline, regard malicieux, calvitie naissante et léger embonpoint, a un talent et un goût de la joute politique que ne renieraient pas nombre de ses futurs collègues.
Car ce célibataire bon vivant voire fêtard - créer une discothèque à Fréjus était dans son programme pour les municipales - est déjà depuis de longues années en politique.
Conseiller municipal de sa ville à 20 ans, conseiller régional de Provence-Alpes-Côtes-d'Azur depuis 2010, il a aussi été patron du Front national de la jeunesse et membre de l'équipe de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle 2012.
M. Rachline s'est engagé au FN après la présidentielle 2002, séduit par le discours de Jean-Marie Le Pen.
"Lepéniste intégral", comme il se définit, c'est-à-dire partisan aussi bien de Jean-Marie - "mon président", l'appelle-t-il - que de Marine, M. Rachline, dont le père, décédé, était juif, peut passer, avec sa rondeur apparente et sa communication rodée, pour l'archétype de la "dédiabolisation" chère à la présidente du FN.
Mais le maire de Fréjus, la plus grosse ville détenue par le FN, a pourtant été proche d'Alain Soral, l'essayiste d'extrême droite pourfendeur des "sionistes", qui était par exemple venu le soutenir en tant que président de son association "Égalité et réconciliation" pour les cantonales de 2008.
Retrouvez son portrait réalisé par Bernard Persia en mars dernier lors de son élection à tête de la ville de Fréjus :
Bien qu'il joue une carte légitimiste dès qu'il s'agit de s'exprimer sur les positions prises par Marine Le Pen, cet ancien compagnonnage lui vaut quelques inimitiés jusqu'au sein du "Front".
Reproches de favoritisme
A Fréjus, ville très lourdement endettée, M. Rachline se félicite depuis son arrivée aux affaires d'avoir gardé "un taux d'imposition constant" et de faire "davantage avec moins d'argent".Mais après avoir diminué la subvention d'un centre social de la ville, il a récemment retiré la délégation à l'association qui en était gestionnaire, lui reprochant sa "politisation".
Autre reproche, celui de favoritisme, alors que M. Rachline a employé pour une étude sur les finances de la ville un jeune homme proche du Front national qui a créé sa société à l'occasion des municipales, et une société événementielle tout aussi proche du FN pour organiser des concerts cet été.
"Confiance", répond dans les deux cas le maire, précisant que la société événementielle "La patrouille de l'événement" a été "la seule à répondre" à l'appel d'offres.
Enfin, le dossier d'une mosquée en construction à Fréjus est aussi l'objet d'une polémique: après avoir promis un référendum pendant l'élection municipale, M. Rachline a tempéré en attendant de voir l'issue de recours s'y opposant. Il se voit accusé, sur sa droite, de trop de mansuétude à l'égard des musulmans de la ville.
Dans son département, l'un des deux qui étaient jugés jouables par les experts électoraux du FN, son élection était loin d'être gagnée d'avance.
Au Palais du Luxembourg, David Rachline rejoindra Stéphane Ravier, élu sénateur FN dans les Bouches-du-Rhône.