Une des traces ADN relevées sur des scellés de l'affaire Omar Raddad pourrait correspondre à une empreinte génétique enregistrée dans le fichier national, a-t-on appris ce jeudi auprès du procureur de Nice, qui évoque "un soupçon" devant encore être confirmé.
Auteur : Denise Delahaye
"Il y a un soupçon d'identité entre une des traces et un enregistrement au Fichier national automatisé des empreintes génétiques", a déclaré Jean-Michel Prêtre à l'AFP, confirmant une information de 20 Minutes. "Mais il y a des vérifications qui sont faites, pour l'instant il n'y a rien de certain. Cela doit être confirmé par des analyses en laboratoire", a-t-il ajouté.
Sylvie Noachovitch, Avocate d'Omar Raddad
En novembre 2015, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été retrouvées sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène du crime. Sur ces deux portes avait été écrit "Omar m'a tuer" et "Omar m'a t" avec le sang de la victime.
"Omar m'a tuer" : l'affaire Raddad relancée suite à de nouvelles analyses génétiques. #OmarRaddad #OmarMaTuer pic.twitter.com/h1jmD4rT6K
— Olivier Ménégol (@MenegolLeDessin) 10 octobre 2016
De premières analyses ont récemment permis de déterminer que ces traces ne correspondent pas au profil génétique d'Omar Raddad.
Son avocate Sylvie Noachovitch avait alors estimé que la découverte d'un ADN correspondant à celui relevé sur les scellés pourrait marquer une avancée considérable de l'enquête et désigner un nouveau suspect. A moins, avait-elle reconnu, qu'il ne s'agisse "de celui d'un journaliste ou d'un policier" qui aurait manipulé les pièces à conviction lors du procès en 1994. Mais ultérieurement, assure-t-elle, "ces scellés ont été très bien protégés".
Ghislaine Marchal, alors âgée de 65 ans, une riche veuve vivant à Mougins (Alpes-Maritimes), avait été tuée à coups de couteau le 23 juin 1991 dans sa propriété. Son jardinier, M. Raddad, avait été condamné en 1994 à 18 ans de réclusion criminelle, avant de bénéficier d'une libération conditionnelle en 1998 suite à une grâce présidentielle partielle de Jacques Chirac.
D'autres traces ADN ne correspondant pas à celles de M. Raddad avaient déjà été retrouvées sur le lieu du crime, mais la justice lui avait refusé en 2002 un nouveau procès.
- Avec AFP -
Les précisions du procureur de Nice Jean Michel Prêtre ce jeudi après-midi :
Joint par téléphone, le procureur de Nice Jean Michel Prêtre a souhaité donner des précisions.L’élément nouveau dans cette affaire est le fait que l’ADN de l'une des traces repérées sur la porte corresponde avec l’ADN d’une personne faisant partie du fichier national des empreintes génétiques. Cela veut dire qu'il s'agit d'une personne qui a été mis en cause dans une affaire judiciaire.
Selon le procureur, "en ce moment même, c’est le laboratoire IFEG de Nantes, l'Institut français des empreintes génétiques, qui effectue une vérification scientifique pour confirmer ou infirmer qu’il s’agit bien du même ADN."
Ce qui fait dire au procureur de Nice, Jean Michel Prêtre, que nous sommes encore, à l’heure actuelle, "dans une grande incertitude."
Si cet ADN s’avérerait être le même, il s’en suivrait une série de vérifications au niveau des circonstances .Un recoupement des éléments déjà existant concernant l’assassinat et les circonstances dans lesquelles la personne aurait laissé cette trace d’ADN sur la porte.
Une des principales difficultés est que les analyses scientifiques ne permettent pas de dater les traces d’ADN prélevées et donc leurs concomitances possibles, ou pas.
C’est ensuite la commission de révision composée de magistrats de la cour de Cassation qui étudiera et appréciera les nouveaux éléments de preuve qui seraient de nature à remettre en cause les jugements passés.
Auquel cas, s’en suivrait un procès en révision.