L'enquête sur l'assassinat de la richissime Monégasque Hélène Pastor s'est terminée avec l'analyse des activités internationales du commanditaire présumé du crime, son gendre polonais Wojciech Janowski, qui se présentait comme un homme d'affaires de haute voltige mais était en réalité aux abois.
Le 6 mai 2014, Hélène Pastor (77 ans) et son chauffeur Mohamed Darwich (64 ans) sont criblés de balles à la sortie d'e l'hôpital d'Archet à Nice. La milliardaire était allée rendre visite à son fils Gildo.
Des millions d'appels passés au crible
Une enquête mêlant un colossal travail de repérage sur 3,5 millions d'appels téléphoniques potentiellement révélateurs et des caméras de surveillance de Nice à Marseille, avait permis aux policiers de remonter très rapidement aux protagonistes et dessiner un scénario digne d'un sombre polar.Un mois après le crime, l'entraîneur sportif Pascal Dauriac, recruteur présumé de deux tueurs marseillais, passait un appel compromettant à une société monégasque dirigée par le polonais Wojciech Janowski, gendre d'Hélène Pastor... Le lien entre le milieu marseillais et le gotha monégasque était fait. Au total, huit personnes seront mises en examen.
Le mobile serait crapuleux
En ce début 2016, la police judiciaire de Nice a fini l'ultime étape de l'enquête pour comprendre le mobile, en exploitant le fruit de neuf commissions rogatoires internationales adressées à Monaco, Chypre, la Pologne, le Luxembourg, le Canada, le Royaume-Uni et la Suisse. Sept sociétés et une dizaine de comptes bancaires de l'énigmatique Polonais de 66 ans ont été passés au crible.Durant sa garde à vue, Janowski avait affirmé détenir une fortune personnelle et ne pas être motivé par l'argent, selon une source proche de l'enquête. Cette ligne de défense semble avoir volé en éclats.
Ses affaires ne lui rapportaient rien. Il investissait à perte dans ses propres actions par exemple au sein de la société canadienne Hudson Oil, coquille vide. Ses multiples comptes étaient faits pour paraître dans la société monégasque
raconte cette source.
Sa compagne Sylvia Pastor lui versait la majeure partie des 500.000 euros mensuels alloués par sa mère Hélène, héritière d'une famille italienne de bâtisseurs installée à Monaco, grande fortune d'Europe.
Wojciech Janowski, un homme aux abois
"Il ne vivait que sur cet argent. Il était aux abois et risquait d'être condamné à 30 millions d'euros par la justice polonaise", poursuit la même source. Janowski négocie en effet en 2011 le rachat d'une ancienne raffinerie de pétrole polonaise,dotée d'un gros patrimoine immobilier, mais il ne règle jamais la facture au vendeur.
Le mobile du crime serait donc apparemment financier mais le Polonais s'est possiblement senti aussi humilié par une belle-mère méfiante et dure en affaires.
Des aveux, puis une rétractation
En garde à vue, Wojciech Janowski avait avoué avoir commandité l'assassinat, par passion pour sa compagne Sylvia, malmenée psychiquement par sa mère, avant de clamer son innocence, affirmant avoir mal compris les questions, en l'absence d'un interprète polonais jamais réclamé.Fin janvier, la Cour de cassation doit encore examiner une demande d'annulation de la garde à vue du Polonais, déposée par ses conseils. L'avocat général près la Cour de cassation a toutefois déjà recommandé un rejet du pourvoi.
L'argent, au centre de la relation
L'enquête a vite révélé que le Polonais grugeait aussi Sylvia, sa compagne pendant 28 ans. Elle lui demande d'acheter une maison à Londres pour ses enfants, mais Janowski l'enregistre à son propre nom et l'hypothèque. Le couple commande un yacht, que Janowski surfacture d'un million à sa femme.Le Polonais célèbre le 5 mai 2014 la fête nationale polonaise dans un hôtel de luxe monégasque, avec 250 invités. Réception payée par Sylvia dont la mère sera criblée de balles le lendemain.
Un testament, avec 12 milliards d'euros à la clé
Dans son testament, Hélène Pastor partage sa fortune, évaluée à 12 milliards d'euros, entre ses deux enfants, Sylvia et Gildo. L'entraîneur sportif Dauriac a affirmé que Janowski projetait d'assassiner aussi Gildo. Un autre élément plus imprécis de l'enquête irait dans le même sens, mais aucune preuve matérielle ne permettrait de prouver cette thèse diabolique, fermement démentie par les avocats du Polonais.Un procès devant la cour d'assises d'ici un an
On s'approche de la fin de l'enquête, souligne le procureur de Marseille Brice Robin, même si le juge d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille n'a pas encore rendu l'ordonnance de fin d'instruction.L'affaire devrait être renvoyée devant les assises des Bouches-du-Rhône. Il reviendra alors aux jurés de percer le mystère d'un homme salué pour ses actions caritatives, ancien consul honoraire de Pologne à Monaco où il a créé une chambre de commerce polonaise. Le procès pourrait se dérouler au plus tôt fin 2016 ou début 2017.