Chômage en baisse, créations d'emplois en hausse : la France serait sur de bons rails. Mais attention, derrière les chiffres se cache une autre réalité, la grande difficulté de recruter, dans de nombreux secteurs d'activité.
En plein coeur de l'hiver, la ministre du travail Muriel Pénicaud réchauffait le moral des français en annonçant une baisse historique du chômage. Un taux à 8.8%, on n'avait pas vu cela depuis 10 ans. D'ailleurs, elle l'a redit, le gouvernement garde l'ambition d'un taux de chômage à 7% à la fin du quinquennat. Selon la ministre, le gouvernement "en a encore sous le pied", comme le prouve par exemple les grandes difficultés rencontrées par de nombreuses entreprises pour recruter. Selon l'Insee, en effet, une entreprise sur deux aurait des difficultés de recrutement. Il y a donc du pain sur la planche pour mieux former et inciter les candidats à l'embauche à se tourner vers les secteurs qui recrutent.
Un frein à la croissance
Le manque de salariés formés et disponibles serait le principal frein à la croissance de nombreuses entreprises. Métiers peux connus ou reconnus, conditions de travail difficiles, salaires bas...dans certains secteurs, comme celui de la restauration et du tourisme, les causes des problèmes de recrutement sont connus. Pourtant les besoins sont grands. Notamment en cette période de l'année où l'on cherche celles et ceux qui travailleront pendant toute la belle saison, qui court d'avril à octobre dans la plupart de nos régions. Xavier Robert est restaurateur à Toulouse. Il peine à trouver de la main d'oeuvre qualifiée et surtout motivée. Il déplore le manque de motivation de certains pour trouver du travail. Et remarque des exigences inédites dans ce secteur d'activité.
Aujourd'hui, certains ne souhaitent plus travailler le mercredi pour pouvoir s'occuper de leurs enfants, d'autres ne veulent pas travailler le soir et enfin certains refusent les week-ends, cela devient impossible à gérer. Xavier Robert, restaurateur à Toulouse
Le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme souffre d'une mauvaise image, qui ne fait plus rêver les jeunes diplômés à qui l'on propose bien trop souvent des contrats précaires et des salaires bien en deçà de ceux auxquels ils pourraient prétendre. "Au bout de 11 ans d'expérience, je suis toujours à 1800 euros brut par mois, alors que je pourrai prétendre à environ 2200" explique Ali, qui recherche un emploi. Comment faire pour attirer les candidats ? A Toulouse, Pole Emploi et le syndicat GNI-Synhorcat ont par exemple signé un partenariat. Un contrat de service pour mettre plus facilement en contact les demandeurs d'emplois et les recruteurs. Selon ce syndicat, 600 postes seraient à pourvoir à Toulouse et ses environs.
Automobile et industrie
Autres secteurs d'activités qui peinent à recruter, ceux de l'industrie et de l'automobile. Là encore, les besoins sont nombreux et les candidats ne se bousculent pas. l'ANFA (Association nationale pour la formation automobile) organise, avec des entreprises et des centres de formation, la semaine des services de l'automobile et de la mobilité, qui se déroule partout en France du 16 au 23 mars. L'occasion de découvrir des entreprises qui embauchent. Les centres de formation ouvriront également leurs portes. 530 événements sont au programme dans 166 établissements participants.
Il existe plus d'une centaine de métiers dans le secteur de l'automobile, de la construction, à la commercialisation jusqu'à la destruction et aux recyclages des véhicules. Des métiers peu connus et pour certains peu attractifs. Et comme on est jamais mieux servi que par soi-même, soulignons l'initiative de Ligier, numéro un des voitures sans permis en Europe. Basée dans l'Allier, l'entreprise va recruter des dizaines de personnes en 2019. Pour certains postes, comme celui de soudeur, la main d'oeuvre qualifiée manque. Pour tenter de convaincre les candidats, l'entreprise a fait réaliser une série de films promotionnels dans lesquels ce sont les salariés eux-mêmes qui prennent la parole pour raconter et expliquer leurs métiers et leurs conditions de travail. Une opération de communication orchestrée par Pole Emploi.
Des actions ciblées mais pas de politique générale
Des actions ciblées qui se multiplient dans les régions, souvent en partenariat avec Pole Emploi. Mais pour un vrai retour de la croissance, il reste du chemin à parcourir pour trouver le bon équilibre entre les besoins des entreprises et la qualification et la disponibilité des personnels. Il faut également prendre en compte que les jeunes diplômés, quel que soit le secteur, sont très connectés et cherchent bien souvent dès l'entrée dans la vie active à trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Salaires, conditions de travail, congés, progression professionnelle....autant de critères qu'ils prennent en compte dès l'orientation. Et que tous les acteurs du monde de l'emploi doivent désormais eux aussi prendre en considération avant de mettre en place des politiques sur le délicat sujet de l'emploi.