La télémédecine se déploie doucement dans la région. Avec 66,4 médecins généralistes pour 100 000 habitants contre 78.9 en France métropolitaine, le Centre-Val de Loire compte de nombreux déserts médicaux notamment dans le Loir-et-Cher et le Loiret. La médecine à distance est-elle la solution ?
Le Dr Cécile Biguier est gériatre à l'Ehpad de Bracieux dans le Loir-et-Cher. Elle a participé à la mise en place de la télémédecine dans l'établissement.Dans les zones où les médecins généralistes sont rares, les consultations en Ehpad sont très rapides parce que les praticiens courent partout. Il vaut donc mieux une consultation à distance pour que le médecin prenne du temps. C'est un outil de plus même si cela ne remplacera jamais l'examen clinique.
" Le vrai progrès pour nous c'est le téléstaff". Une fois par mois pendant deux heures, les professionnels en psycho-gériatrie du département se réunissent en vision conférence sécurisée via la plateforme de télémédecine Covotem et échangent sur des cas difficiles. " Ces réunions où nous prenons le temps d'écouter chacun permet de sécuriser les équipes et d'aider à mettre en place une meilleure prise en charge. "
Le téléstaff permet d'améliorer les diagnostics
Avant ces nouveaux équipements, les gériatres passaient beaucoup de temps au téléphone pour répondre aux questions des personnels des Ehpad démunis devant certains cas compliqués. "Désormais, nous connaissons les cas une semaine avant, nous y réfléchissons et nous pouvons améliorer le diagnostic en revoyant ensemble des IRM ou des scanners."Le Dr Bernard Mercier dirige l’unité cognitive et comportementale (UCC) qui dispose de douze lits, à La Roselière, au sein du centre hospitalier de Blois. Elle accueille des patients ayant des troubles cognitifs sévères et du comportement, dont des personnes touchées par Alzheimer.
Ce service se situe à la frontière de la gériatrie, de la neurologie et de la psychiatrie. " Bien sûr, la télémédecine a des limitres en gériatrie. Dans un service comme l'UCC, le toucher et le contact visuel sont essentiels. L'examen clinique et la présence humaine ne pourront jamais être remplacés. La télémédecine est un plus car elle nous permet de mieux communiquer, d'échanger plus facilement nos avis. On utilise le téléstaff et la téléexpertise. Mais la téléconsultation n'est pas adaptée ici."
La téléconsultation avec une infirmière : les premiers cabinets créés dans le Loiret
La téléconsultation ou consultation à distance a été mise en avant pour pallier le manque de médecins notamment dans les déserts médicaux.Dans la région, les premiers cabinets de téléconsultation sont nés dans le Montargois en avril 2018. L’arrivée de la télémédecine dans ces territoires privés de médecins ou en sous effectifs a été encouragée par les élus locaux et notamment des agglos du Montargois et du Pays Gatinais.
Au total : 6 cabinets de téléconsultation ont été créés et 500 consultations réalisées avec 4 médecins qui participent en région Centre.
Ces cabinets de téléconsultation assistés par une infirmière ont été créés par la deux jeunes diplômés des Arts et métiers. Ces deux camarades de promo de moins de trente ans installés aujourd’hui à Marseille sont trois fois par semaine en déplacement dans toute la France pour développer leur concept de téléconsultation.
Ils ont travaillé sur les données médicales pendant leurs études et se sont rendus compte de la gravité des déserts médicaux. Ils ont réfléchi à une solution : la téléconsultation assistée par une infirmière « On voulait garder l’humain. Il n'était pas question de cabines impersonnelles. Nous construisons le chariot de télémédecine et les outils connectés. Les infirmières sont formés par des médecins référents » , explique Jean-Sébastien Gras, co-créateur de la start up Healphi.
Le prix : 24 900 euros par cabinet financé par la Région. Au total la région Centre Val de Loire a investi 172 800 euros dans la téléconsultation sous cette forme.
"La téléconsultation doit rester du dépannage"
Certains médecins généralistes restent méfiants à l'égard de la téléconsultation. Le Dr Pierre Dorion à Pontlevoy explique :" La téléconsultation doit rester de l'ordre du dépannage. Rien ne peut remplacer le contact humain. C'est à l'aura d'une personne que l'on peut voir si elle va bien. Si elle se ronge les ongles, si elle a des traces de piqûres, si elle a une bonne hygiène dentaire. Parfois, les patients viennent pour un renouvellement d'ordonnance et puis en parlant avec eux on se rend compte qu'il y a un malaise plus profond. "Selon la Caisse primaire d'assurance maladie Centre Val de loire, en 2018, 67 téléconsultations ont été remboursées et 341 en 2019 : 408 au total.
Ce sont les débuts du déploiement de la télémédecine dans la Région.
La 1ère #MSP équipée de #telemedecine en région Centre val de Loire ouvre ses portes à #fleurylesaubrais - #sante @ARS_CVDL pic.twitter.com/4PJ4IQGglj
— ? Cécile Blanc (@CecBlanc) 9 décembre 2017
Les différentes facettes de la télémédecine :
La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figurent nécessairement un professionnel médical (médecin, sage-femme, chirurgien-dentiste) et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient. ( Ministère de la santé)L’article 78 de la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 dite « HPST » (hôpital, patients, santé et territoires) définit pour la première fois la télémédecine (art. L6316-1 du code de santé publique).
Cinq actes de télémédecine sont ensuite définis dans le décret n°2010-1229 du 19 octobre 2010 ainsi que leurs conditions de mise en œuvre.
- La téléconsultation
La téléconsultation permet à un professionnel médical de donner une consultation à distance par l’intermédiaire des technologies de l’information et de la communication. C’est un acte médical et une action synchrone (patient et médecin se parlent). Elle permet au professionnel de santé médical requis de réaliser une évaluation globale du patient, en vue de définir la conduite à tenir à la suite de cette téléconsultation. - La téléexpertise
La téléexpertise permet à un professionnel médical de solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs professionnels médicaux par l’intermédiaire des technologies de l’information et de la communication. C’est d’abord un acte médical et une action asynchrone (patient et médecin ne se parlent pas). Cela concerne deux médecins pendant ou à distance de la consultation initiale. Cette action ne faisait pas l’objet d’une rémunération jusqu’à présent. - La télésurveillance
La télésurveillance permet à un professionnel médical d’interpréter à distance des données recueillies sur le lieu de vie du patient.
Dans le cadre des expérimentations tarifaires ETAPES, elle concerne les patients en ALD, se situant en établissement de santé, en structure médico-sociale ou à leur domicile.
Les informations relatives à sa mise en œuvre dans le cadre d’ETAPES (périmètre, missions des acteurs impliqués, tarification, critères d’inclusion, médecins requérants et médecins requis, rémunération, conditions de réalisation, déroulé de la procédure, outils ARS, tarification, sécurisation des échanges, circuit de facturation, évaluation,…) sont précisées dans des cahiers des charges. - La téléassistance
La téléassistance médicale a pour objet de permettre à un professionnel médical d’assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte. - La régulation
La régulation médicale est la réponse médicale apportée dans le cadre de l’activité des centres 15.