Lille : deux couples roms devant la justice pour avoir laissé leurs enfants mendier

Les deux couples roms sont poursuivis pour "délaissement de mineurs". Leurs cinq enfants, âgés de 5 à 10 ans, mendiaient au feu rouge. Les parents disent que les enfants jouaient pendant qu'ils faisaient des courses.

"Mes enfants ne mendiaient pas. Ils jouaient". Fira, 34 ans, mère de six enfants ne comprend pas bien ce qui lui arrive. Le 4 décembre dernier, ses enfants et ceux d'un autre couple, ont été emmené par les policiers au commissariat. Ils mendiaient à un feu rouge. Cet après-midi, elle est convoquée au tribunal correctionnel de Lille. 

"Nous mendions pour acheter à manger"

Interpellés par les policiers, les enfants auraient dit : "Nous mendions pour acheter à manger". Leurs parents sont poursuivis pour "délaissement d'enfants". Un délit passible de 7 ans de prison. Leurs cinq enfants, âgés de 5 à 10 ans, avaient été placés provisoirement en foyer avant de leur être rendus quinze jours plus tard. Mais les Roms nient les avoir incité à la mendicité. L'une des mères explique que les enfants jouaient sur la chaussée pendant qu'elle était allée acheter de quoi manger.

"Mesure disproportionnée"

Patrick Vigneau, directeur de l'AREAS (association qui regroupe les travailleurs sociaux chargés des Roms), dénonce une mesure "disproportionnée, décalée et inadaptée". "Il ne s'agit pas de maltraitance ou d'exploitation d'enfants, juste de conditions de vie où pour survivre les gens se mettent à mendier", explique-t-il. "Je préfère les voir mendier plutôt que voler ou crever de faim dans un coin" a-t-il précisé à l'AFP.


"Une société est responsable de ses enfants"

Frédéric Fèvre, procureur de la République de Lille, considère avoir pris ses responsabilités. "Dès lors que je vois des mineurs, très jeunes, âgés de 5 à 10 ans, mendier tout seuls sur la voie publique, au risque de se faire écraser, ils sont en danger, et mon devoir c'est de les protéger".

A l'audience, cet après-midi, le parquet a requis une requalification des faits, demandant que les parents soient poursuivis pour soustraction aux obligations légales, passible de deux ans de prison. "Il s'agit d'une prise de conscience et de faire en sorte que cela ne puisse pas se reproduire", a déclaré dans son réquisitoire le procureur Lorène Delsot. Le jugement devait être rendu dans la soirée.

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