La crise semble avoir été évitée mardi soir tard entre les urgentistes de l'hôpital de Roubaix (Nord) et la direction, qui a accordé deux postes supplémentaires aux médecins qui en demandaient toutefois cinq, à l'issue d'une réunion au siège de l'ARS (Agence Régionale de Santé) à Lille.
Les 18 médecins urgentistes du CH de Roubaix avaient lancé à leur direction un ultimatum le 21 février après que leur chef de service depuis 30 ans, Marie-Anne Babé, eut annoncé sa démission, ayant réclamé en vain une hausse des effectifs. Ils menaçaient de démissionner collectivement.
L'hôpital a garanti "deux recrutements pour lever la pénibilité actuelle (...) qui permettra d'alléger la charge des médecins urgentistes", a expliqué la directrice du centre hospitalier de Roubaix Marie-Christine Paul. Par ailleurs une réflexion est engagée "sur le besoin, reconnu, d'une garde supplémentaire notamment le week-end et les conditions pour pouvoir monter cette garde", a-t-elle ajouté.
Un nouveau rendez-vous a été fixé au 30 juin pour la finalisation de l'accord, date jusqu'à laquelle une commission poursuivra le passage en revue du service. "En tout état de cause un point d'étape sera fait avec l'ARS (Agence régionale de santé, ndlr) à cette date avec l'engagement de pérenniser les moyens permettant d'assurer la ligne de garde supplémentaire estimés à 3 ETP" (équivalents temps-plein), a expliqué l'ARS du Nord/Pas-de-Calais.
Nouveau point le 30 juin
La réunion entre la direction et une délégation de cinq médecins urgentistes de Roubaix s'est déroulée sous l'égide de l'ARS afin de résoudre un conflit qui dure depuis plusieurs mois et s'était amplifié ces derniers jours. Entamées vers 18H00, les négociations se sont terminées vers 23H30. "On va communiquer avec l'ensemble de l'équipe. A priori on va reporter notre démission et on verra ce que ça donne le 30 juin. Si l'ensemble de l'équipe n'est pas d'accord il y aura peut-être des démissions personnelles", a déclaré le Dr Antoine Depelchin, porte-parole des urgentistes, après la réunion. Visiblement éprouvé par les négociations, il s'est dit "épuisé" par une négociation "extrêmement difficile".
"C'est visiblement extrêmement difficile pour la direction de nous assurer l'ouverture de postes en plus. Visiblement pour l'ARS et la direction l'argent suffit à trouver les moyens, ce n'est pas évident pour nous", a-t-il estimé. Les médecins réclamaient un effectif de cinq personnes supplémentaires avant fin 2013 "pour pouvoir améliorer la prise en charge de jour et faire des heures supplémentaires et ouvrir une ligne de garde".
Actuellement, le soir et le week-end, seuls deux médecins assurent une garde de 18H00 à minuit, et un seul de minuit à 9H00.
Le Dr Babé, également présente lors des négociations, a maintenu son intention de quitter la tête du service, "contente" malgré tout "que cette équipe puisse compter sur le soutien et des autres médecins de l'hôpital et de la direction et de l'ARS pour aller de l'avant." La réflexion doit dans les semaines à venir porter également sur l'organisation et le périmètre du service des urgences, les besoins en pédiatrie, la prise en charge des seniors ou encore la régularisation des transferts vers d'autres établissements.
"Cela a été long parce qu'il y avait besoin de s'expliquer, d'aller au fond. La réunion a permis de lever beaucoup d'incompréhensions, de rétablir quelque chose d'essentiel pour que ça fonctionne, la confiance", a noté Daniel Lenoir, directeur de l'ARS Nord/Pas-de-Calais.