La commission d'enquête parlementaire sur l'avenir de la sidérurgie et de la métallurgie en France et en Europe a observé, en visitant lundi les installations d'ArcelorMittal à Dunkerque, à quel point les vues du PDG Lakshmi Mittal et des syndicats étaient éloignées.
Le président de la commission, Jean Grellier, député PS des Deux-Sèvres, a jugé que les auditions avaient montré des "partenaires sociaux soucieux mais engagés", avec une analyse différente de celle de Lakshmi Mittal, lui-même auditionné le 17 avril.
Si le PDG avait donné aux membres de la commission "un cours de politique industrielle", les syndicats auditionnés lundi ont eux, selon M. Grellier, parlé de "développement, d'investissement et de transmission des connaissances".
Lakshmi Mittal a exclu une aciérie électrique à Florange mais évoqué des investissements à Dunkerque et Fos mercredi à l'Assemblée, où il a livré un discours libéral mais plaidé pour du protectionnisme en Europe, avaient rapporté des députés présents.
Les cinq parlementaires présents à Dunkerque (sur les 32 membres de la commission), dont le député apparenté UMP du Nord, Jean-Pïerre Decool, et la députée EELV de l'Isère Michèle Bonneton, ont tous émis l'opinion que la sidérurgie était la base de l'industrie.
Voyez ci-dessous le reportage sur cette visite parlementaire à Arcelor-Dunkerque :
Le parlementaire communiste, évoquant lui aussi l'audition mardi dernier de M. Mittal, a affirmé que l'industriel aurait notamment lancé: "La recherche, c'est bien si c'est rentable".
Pour Christian Hutin, député MRC du Dunkerquois, "l'unité des syndicats est remarquable" et pour lui ils sont "plus visionnaires que ne le sont les dirigeants d'ArcelorMittal".
Philippe Collet, délégué CGT, a exprimé son inquiétude au sujet des sites de Dunkerque et de Mardyck, où quelque 600 personnes vont partir à la retraite d'ici à trois ans, sur les quelque 3.600 au total qu'ils emploient. "Ce sont des compétences qui s'en vont, il y a urgence à embaucher", a-t-il déclaré aux élus.
Patrick Auzanneau, représentant FO, a estimé que les fermetures de production risquaient de pénaliser le groupe à terme. "Quand il y aura une remontée de la conjoncture, comment la société va-t-elle approvisionner ses installations?", s'est-il interrogé.
La France produit 16 millions de tonnes d'acier par an, dont 7 millions proviennent du site d'Arcelor-Dunkerque, où sont les hauts fourneaux.
La commission va poursuivre son travail dans les prochaines semaines avec des visites à Fos-sur-Mer et à Florange, autres sites d'ArcelorMittal, avant de rendre son rapport.Texte qui pourrait, selon Alain Bocquet, le rapporteur, appuyer le développement du port de Dunkerque pour accueillir dans les prochaines années de plus longs et de plus gros navires d'une capacité de 400.000 tonnes de chargement de minerais, contre 300.000 tonnes actuellement. Mais les investissements portuaires à prévoir sont d'au moins 350 millions d'euros.