Quatre surveillants de la maison d'arrêt de Valenciennes (Nord), dont un ancien chef de détention, comparaissent mercredi et jeudi devant le tribunal correctionnel de la ville pour des violences aggravées contre des détenus.
Les juges examineront deux dossiers, joints notamment à la demande de l'avocat des détenus, qui souhaite ainsi démontrer des "dysfonctionnements" de la maison d'arrêt de Valenciennes à l'époque des faits, autour de 2009.
La première affaire concerne l'ancien chef de détention et un surveillant pour des faits survenus en 2009. Le gradé aurait aspergé de gaz lacrymogène un détenu placé dans le quartier disciplinaire, avant de demander au surveillant de faire un rapport de la scène alors qu'il n'y avait pas assisté, selon l'avocat du détenu, Me Jean-Philippe Broyart.
Le détenu, âgé aujourd'hui de 39 ans, n'a pas eu d'incapacité totale de travail (ITT), mais selon son avocat c'est uniquement parce que "l'accès à l'infirmerie lui a été refusé". L'officier risque "cinq à sept ans" de prison pour violences aggravées et le surveillant trois ans pour faux et usage de faux, selon Me Broyart.
Ce surveillant est également poursuivi dans la seconde affaire, avec deux gardiens, pour divers faits de violences et de faux, selon le parquet de Valenciennes. Le premier surveillant aurait donné des coups de pieds et de poings à un détenu, puis fait subir des pressions à un autre prisonnier témoin de la scène, avec d'autres gardiens.
"Un surveillant prétend avoir découvert du café moulu dans sa cellule, ce qui est interdit en prison. Mon client estime qu'on a inventé cela pour le faire plonger", explique Me Broyart, qui assiste trois détenus au total. Les surveillants encourent trois ans de prison pour ces faits.
Un rapport "accablant", selon la partie civile
En 2009, l'avocat avait déposé une dizaine de plaintes contre X au nom de détenus de Valenciennes, pour des faits de violences de la part de surveillants, de menaces et de traitements inhumains et dégradants. Toutes ces plaintes ont fait l'objet d'informations judiciaires, dont certaines ont été classées sans suite, et d'autres sont encore en cours, selon le parquet de Valenciennes.Une inspection des services pénitentiaires a également eu lieu, avec pour résultat un "rapport accablant", selon Me Broyart. Selon l'avocat, les détenus se plaignaient toujours des 2-3 mêmes surveillants, connus pour appliquer le règlement "de manière facho". Pour Me Hervé Delplanque, avocat de l'un des surveillants, son client avait certes "la réputation d'être très à cheval sur le règlement", mais il était "très bien noté (...) Il n'y a jamais eu la moindre procédure disciplinaire à son encontre".
Me Delplanque dénonce "des abus médiatiques et une grosse exagération" de la part des parties civiles et "peut-être une envie d'en découdre, de la part de multi-condamnés rompus au monde judiciaire". Me Delplanque plaidera la relaxe pour son client. Les autres avocats de la défense devraient faire de même, selon lui. Depuis 2009, le nouveau directeur de la maison d'arrêt de Valenciennes "a remis de l'ordre et aujourd'hui je n'ai plus de clients qui se plaignent", a souligné Me Broyart.